samedi 20 février 2016

Exposition de Rita Alaoui, “Objets trouvés” à la Galerie Delacroix du 19 février au 23 avril 2016. Dans un langage subtil, Rita Alaoui pose, à travers son œuvre, les jalons du chemin mémoriel qui s’oppose à la destruction et nous relie aux fils invisibles de l’univers par l’évocation de l’enfance ou la simple faculté du rêve.

Rita Alaoui devant "Une maison pour l'éternité" lors du vernissage le 19 février

DANS L’ATELIER DE L’ARTISTE RITA ALAOUI, PETITES LEÇONS DE CHOSES ET CURIOSITES.

« Et quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t’y adonnes curieusement…» RABELAIS, PANTAGRUEL, 1532

Dans l’atelier de Rita Alaoui, il y a plus qu’un travail en cours, ou les traces et empreintes des œuvres créées, il y a un monde en soi digne d’un véritable cabinet de curiosités contemporain dans lequel on plonge avec délectation.

Le cabinet de curiosités a depuis longtemps quitté le champ énigmatique et désuet des alcôves secrètes
et des propriétés aristocratiques. Il est devenu en lui-même une source d’inspiration et un champ d’investigation de l’art contemporain.

De nombreux artistes se sont emparés de ce petit cosmos pour en reproduire les méandres imaginaires
et les rêves d’exotisme ou pour s’inspirer de ses chimères et de ses accumulations d’objets.

Vanités #2-2015-60 cm x 90 cm

L’artiste se pose à la fois en collecteur du dérisoire, avec le soin d’un véritable collectionneur, un arrangeur de mondes, amateur au sens de « celui qui aime », comme l’était les amateurs de ces cabinets, mais elle est aussi la conceptrice d’un monde ex-nihilo né de toutes ses collectes. Elle redonne vie aux formes végétales et organiques, cailloux, fleurs séchées, petits os…. reproduisant par le dessin leurs formes énigmatiques, tel un naturaliste, ou les photographiant sur un fond noir, dénudés, dans leur plus simple apparence. Elle sculpte aussi les socles qui les réceptionneront et signeront le passage de l’oubli à la lumière, de la nature à l’artifice, de la forme anonyme à l’objet d’art.

"Il était un os" de Rita Alaoui

Saturé d’images factices et préfabriquées par les écrans, l’œil se réhabitue à contempler non plus le sensationnel, l’inaccessible mais le banal, le petit rien, dont la beauté pure réapparaît au gré des arrangements de l’artiste, qui prennent la forme de vitrines protectrices, ses « maisons pour l’éternité », ou à travers les photographies de natures mortes, perpétuant le thème des vanités.

Le cabinet n’est plus alors ce lieu secret cachant les mystères d’un monde dont la connaissance est réservée à une élite, il devient le lieu du réapprentissage, lieu ouvert aux échanges, sans catégories, sans classement, lieu d’un recueillement profane et humble devant la magie intacte d’un matériau quelconque dont la main de l’artiste aura su révéler la beauté poétique.

Rita Alaoui et Itaf Benjelloun à la Galerie Delacroix

Rita Alaoui nous conduit imperceptiblement sur les traces des «objects teaching», ou « petites leçons de choses » auxquelles certains cabinets fameux furent dédiés suivant une pédagogie initiatique et intuitive, allant de l’observable à l’inexpliqué.

Comment partir d’un d’objet concret pour faire acquérir une idée abstraite ou dévoiler un monde occulte ? Le temps qui passe voue à l’oubli les fragiles souvenirs dont on ne garde pas trace et qu’il faudrait préserver, tels ces petits cailloux blancs qui nous ramènent immanquablement à notre demeure comme aux origines du monde.

Dans un langage subtil, Rita Alaoui pose, à travers son œuvre, les jalons du chemin mémoriel qui s’oppose à la destruction et nous relie aux fils invisibles de l’univers par l’évocation de l’enfance ou la simple faculté du rêve.

Yasmine Bouzid (Visual Art Consultant), « Objects Teaching » janvier 2016

Galerie Delacroix
86, rue de la Liberté
Tanger

A PROPOS DE RITA ALAOUI

Rita Alaoui est née en 1972 à Rabat. Elle vit et travaille à Casablanca.

« Je cherche à transformer toutes nos peurs, nos angoisses, en quelque chose qui donne le pouvoir à l’imaginaire de les exprimer positivement. » Rita Alaoui

Artiste pluridisciplinaire, Rita Alaoui développe une œuvre sensible et poétique à travers une grande variété de médias allant du dessin à la performance, de la photographie à l’installation, du livre d’artiste à la peinture. Son langage plastique trouve sa source dans une profonde acuité d’observation du quotidien, de l’intime et de la nature. Ses dessins et peintures déclinent une forme fluide et aérienne au pouvoir de métamorphose illimité, traçant les contours d’un paysage à la fois mental et réel, végétal et organique.

Son premier livre d’artiste, Fragment de Vie Quotidienne (éd. Al Manar, Paris, 2013) a été soutenu par le Prince Claus Fund for Culture and Development et a rencontré un grand succès ; cette oeuvre fait partie entre autres de la collection privée de l’Institut du Monde Arabe (Paris), de la Fondation Artphilen (Suisse) et de la Royal Library of Netherlands (Pays-Bas). Cet ouvrage est le premier «livre d’auteur» édité par un artiste au Maroc.

Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées au Maroc, en Suisse, au Pays-Bas, en France, en Belgique et aux Etats-Unis.

Son travail a été présenté lors de nombreuses expositions individuelles au sein des majeures galeries marocaines, dont GVCC qui exposa son travail récent en automne 2015. Elle participe régulièrement à plusieurs évènements internationaux, tel que Jaou Tunis 2015 ; Art Dubai 2016 ; do it بالعربي [in Arabic] co-curaté par la directrice de la Sharjah Art Foundation, Hoor Al Qasimi et le directeur de la Serpentine Gallery, Hans Ulrich Obrist.

Avec le collectif Suisse/Marocain «KE’CH Collective», Rita Alaoui présente un travail multimédia «The Common Collection – An Anthology by Anna- Sabina Zürrer & Rita Alaoui» avec l’artiste Anna-Sabina Zurrer pour la 6ème édition de la Biennale de Marrakech 2016.

Rita Alaoui est diplômée en 1996 de la Parsons School of Design de New York dont elle reçoit un BFA en peinture. Rita Alaoui fait partie des figures majeures de l’art contemporain au Maroc et elle est très impliquée dans la scène artistique. Elle donne des cours de recherche artistique à l’ESAAD Casablanca et anime régulièrement des workshops basés sur sa pratique. Elle fonde en 2013, à Casablanca, The Ultra Laboratory, un espace d’art indépendant doté d’un programme de résidences pour artistes dans lequel elle accueille des artistes internationaux en milieu de carrière, dont elle présente et porte les projets.



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