jeudi 20 avril 2017

Pour la première fois Yannick Haenel viendra rendre visite aux Tangérois le vendredi 28 avril prochain à 19h à la librairie les Insolites créée et animée par Stéphanie Gaou.

Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de lui, c’est normal. Les plateaux télé l’horripilent, l’exhibition médiatique aussi.

Et pourtant, il a maintes fois remporté des prix littéraires et mène une carrière exigeante depuis de nombreuses années au sein de Gallimard et dont tout le monde peut profiter.

Il prône l’intempérance, la folie douce, la grande superbe, il chante l’Italie, l’amour, la liberté des mots, l’inconstance, la désobéissance civile, la beauté sensuelle des femmes et des oeuvres d’art, les révolutions pacifiques et rafraîchissantes. Il n’aime rien moins que la mièvrerie, la soumission, le manque de fantaisie, l’immobilisme, la fin du sens dans le langage…

C’est un des plus grands auteurs contemporains.

yannick Haenel

Nous avons joint Yannick Haenel pour lui poser quelques questions avant son arrivée à Tanger…

Propos recueillis par Paul Brichet

Quel est votre lien avec Tanger ? Est-ce la première fois ?
C’est la première fois. Mon lien avec Tanger est avant tout « culturel » et, hélas, exclusivement occidental (du moins pour le moment) : il est lié, pêle-mêle, à des rêveries liées aux ports, aux romans d’espionnage et au caractère cosmopolite d’une telle cité ; aux anecdotes concernant Burroughs et Kerouac ; à leurs « promenades prophétiques » dans cette ville, comme ils les appelaient ; aux photos de Beckett évoluant dans les rues de la ville en short, avec sa maigreur de héron ; au labyrinthe du Festin nu, que j’imagine fidèle au labyrinthe de la vieille ville ; aux nuits d’Only lovers left alive, le film de Jim Jarmusch. Bref, un lien aussi imaginaire que chargé !

Pourquoi venez-vous à Tanger et aux insolites ?
Parce que l’invitation de quelqu’un comme Stéphanie Gaou ne se refuse pas : j’ai senti tout de suite, rien qu’en allant sur son site, que sa librairie est un véritable lieu. Une « chambre à soi » qui serait en même temps un monde. Une ouverture.

De quoi allez-vous parler aux insolites ou de quoi avez-vous envie de parler ?
J’aime bien laisser être le temps et l’occasion, donc je ne sais pas. Et en même temps, je me dis que nous allons sans doute parler (je dis « nous » parce que je viens pour partager, dialoguer, écouter), nous allons parler forcément de la liberté, du sacré et du vide, qui sont pour moi trois approches de la poésie. Le vide qui est le contraire de la société, et nous fait respirer. Le sacré qui est le contraire de la religion, et nous éclaire chaque détail du monde. La liberté qui est le refus de la barbarie et de la connerie, et nous guide.

Après « Je cherche l’Italie » quel est votre nouveau projet littéraire ?
Je viens de finir un roman qui s’intitule « Tiens ferme ta couronne », il sortira en septembre.

Tanger pourrait-il vous inspirer ?
J’espère. Je vais en tout cas me laisser faire !

Vous sentez-vous proche du monde arabo-musulman ?
Oui, de son histoire et de sa poésie.

Voici ce qu’il écrit (en antipasti)…:

« Le bonheur est semblable aux nuits blanches, quand la fête est plus forte que le sommeil. On ne s’initie à rien d’autre qu’au fait de vivre. » extrait de « Je cherche l’Italie »

Vous êtes vernis. Venez le 28 avril 2017 à 19h : Yannick Haenel sera tangérois quelques heures…

Librairie les insolites
28, rue Khalid Ibn Oualid
Tanger

A propos de Yannick Haenel

yannick-haenel-portraitYannick Haenel est fils de militaire. Il fait ses études au prytanée national militaire de La Flèche et au lycée Chateaubriand de Rennes.
À partir de 1997, il codirige la revue Ligne de risque avec François Meyronnis. Il enseigne le français jusqu’en 2005 au lycée très littéraire La Bruyère à Versailles.
Il publie plusieurs romans, dont Introduction à la mort française et Évoluer parmi les avalanches, un essai sur les tapisseries de La Dame à la licorne : À mon seul désir.
Il codirige deux volumes d’entretiens avec Philippe Sollers : « Ligne de risque » et « Poker ».
En 2007, il publie dans la collection L’infini, dirigée par Sollers, Cercle (éd. Gallimard), roman qui reçoit le prix Décembre et le prix Roger-Nimier.
Une polémique l’oppose en 2007 à Alina Reyes, l’une accusant l’autre de plagiat.
En 2008-2009, Haenel est pensionnaire à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.
En 2009, il reçoit le prix Interallié et le prix du roman Fnac pour Jan Karski. Ce livre comporte trois parties :
– La première partie est directement inspirée du film Shoah de Claude Lanzmann, où Karski est interviewé.
– La deuxième partie résume en environ 80 pages le témoignage de Karski publié en anglais en 1944 sous le titre Story of a secret state.
– La troisième partie met en scène les sentiments de Karski et rapporte des dialogues qui sont présentés par l’auteur comme une fiction.
Claude Lanzmann publie une critique vigoureuse du roman dont il qualifie la troisième partie de « falsification de l’histoire ». Il reproche à Haenel d’avoir plagié les dialogues de son film sans en avoir demandé l’autorisation. Philippe Sollers, qui dirige la collection L’Infini chez Gallimard, précise qu’il a soumis à Lanzmann l’épreuve du roman avant publication, ce que Lanzmann a toujours nié. Haenel répond en revendiquant la liberté du romancier.
Yannick Haenel est chroniqueur pour le magazine de littérature et de cinéma Transfuge depuis 2010 et à Charlie Hebdo depuis la reprise de la publication après les attentats de janvier 2015.

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