mardi 1 décembre 2015

Au moment où le consommateur découvre les premiers tarifs du carburant sous l’ère de la libéralisation, le secteur se prépare au pire. Le marché sera en effet littéralement sur le fil du rasoir sur le premier trimestre de la libéralisation des prix à la pompe. Avec l’arrêt de la Samir qui assurait – pour un volume de 500.000 m3 – près de la moitié des 60 jours de stock stratégique du pays (30 jours chez la Samir et 30 à 40 jours chez les distributeurs), le marché est sous pression: celle d’une rupture de stock. Pis, le secteur sera totalement à la merci de la météo. En effet, la coïncidence calendaire a fait que la nouvelle configuration de libéralisation du secteur démarre en pleine saison hivernale, caractérisée par un risque accentué de perturbations sur l’approvisionnement du marché en produits pétroliers en situation de mauvais temps. Ce sont les opérateurs eux-mêmes qui tirent la sonnette d’alarme. «Nous continuons à assurer nos 30 jours de stock stratégique imposés par l’Etat, en plus des stocks utiles qui varient chez chacun des distributeurs. Avec l’arrêt de la production chez Samir, le pays entame le virage de la libéralisation avec 30 à 40 jours. Ce qui n’est pas très rassurant», explique le manager de l’une des trois grosses enseignes leader du marché. «Cette situation s’est déjà produite. Des perturbations météorologiques avaient bloqué l’approvisionnement pour une période de 20 jours sur le terminal de Casablanca. Ce qui représente autant de jours de moins sur le stock», poursuit la même source. Cette pression sur le stock pourrait même se refléter sur le prix final à la pompe puisque, désormais, le consommateur devra subir les yoyo des cours internationaux du baril et le jeu de concurrence sur le prix final. «Cette concurrence se jouera à des centimes. Elle ne sera pas déterminante. C’est le service et la taille du réseau qui feront la différence», analyse Mohamed Fettah, le président de la Fédération de l’énergie (Voir interview en page suivante). 

Des interrogations en suspens

Face à cette appréhension d’ordre stratégique, les membres du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) proposent deux alternatives. «La première est que l’Etat reprenne en main les 500.000 m3 de capacité de stockage de Samir pour les mettre à disposition des opérateurs du marché». Cela permettrait à ces derniers de retrouver leur confort de stockage de 60 jours. «Si cette option n’est pas réalisable – compte tenu du caractère privé du raffineur – la tutelle doit impérativement se trouver d’autres moyens pour réduire la pression sur le stock des distributeurs», suggère un opérateur, membre du Groupement des pétroliers du Maroc.
L’amont de la chaîne n’est pas l’unique inquiétude. Au bout, de nombreuses interrogations restent en suspens, notamment sur les évolutions à venir du prix final à la pompe, ainsi que sur la mission de l’Etat dans le contrôle, la régulation ou encore la stabilisation du marché. Sur le dossier du prix, aucun des intervenants du marché ne veut s’avancer sur des estimations, ne serait-ce que des fourchettes et encore moins des ordres de grandeur. Du côté de la tutelle comme des opérateurs, l’on semble tous suspendus au cours du baril. D’autant plus que dans l’actuel contexte géopolitique, extrêmement sensible, rien ne garantit que le baril de brut restera sous la barre des 50 dollars.  En même temps, les opérateurs se retrouvent tout de même dans la nécessité de disposer d’un organe de régulation pour veiller aux dérives. Les prochaines semaines seront décisives…
Safall FALL
 



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