- L’Economiste: En cas de baisse du budget alloué à l’AEFE, cela se répercuterait-il automatiquement sur les tarifs?
- Michel Houdu: L’effet n’est pas aussi mécanique, car des solutions alternatives sont possibles. Comme la recherche d’économies de gestion, ou encore le report d’investissements non pédagogiques. L’ambassade de France a donné rendez-vous aux représentants des parents d’élèves début 2016 afin d’entendre leurs attentes, et de dialoguer avec l’AEFE. L’objectif est d’anticiper une évolution des droits de scolarité sur 3 ans, afin de donner de la lisibilité aux uns et aux autres. - Les frais ont presque doublé en dix ans. Qu’est-ce qui explique ce renchérissement?
- Entre 2009 et 2014, les droits annuels de scolarité ont augmenté de 30 à 50%, selon les niveaux. Ces hausses s’expliquent par le faible niveau des tarifs antérieurement pratiqués (effet de rattrapage), et par le besoin important de rénovation/restructuration d’un parc immobilier vieillissant. Par ailleurs, les revalorisations salariales auxquelles ont abouti les négociations du dialogue social ont contribué à l’appréciation des frais de scolarité. Enfin, un autre axe important de dépense concerne la formation du personnel. L’amélioration de la qualité de l’enseignement et des conditions matérielles d’accueil des élèves sont des aspects sur lesquels les parents sont, à juste titre, vigilants et exigeants. Les parents paient davantage pour une meilleure offre éducative.
Les montants moyens de scolarité à l’AEFE sont de 3.200 euros. Le Maroc se situe en dessous de la moyenne mondiale des établissements en gestion directe mais aussi de la zone Afrique. L’encadrement et la qualité pédagogique des établissements du réseau français au Maroc démontrent que ces derniers bénéficient d’un excellent rapport qualité/prix.
L’inflation n’est pas un indicateur suffisamment pertinent à lui seul pour faire évoluer les droits de scolarité. Les besoins financiers des établissements, notamment les investissements, évoluent de manière indépendante. Néanmoins, cette variable économique est prise en compte dans une analyse plus globale. - En 2000, l’Etat français supportait 60% du coût de la scolarité contre 40% pour les parents. Qu’en est-il aujourd’hui?
- L’Etat français finance actuellement un peu plus de 50% du budget des établissements AEFE au Maroc (l’intégralité des salaires des 76 expatriés et 40% des rémunérations des résidents). Cette aide de l’Etat représente 2.450 euros par élève et par an. Il y a donc un véritable engagement de l’Etat français en faveur de ces établissements et des familles.- Le recours à un personnel local «non qualifié», les cours de soutien et la qualité des enseignements préoccupent les parents. Que répondez-vous à cela?
- Il est important que des titulaires de l’Education nationale encadrent les établissements de l’AEFE. Le recrutement d’enseignants locaux se fait de manière sélective et sur la base de diplômes de l’enseignement supérieur. Par ailleurs, un important plan de formation leur est destiné. Il a été très largement renforcé pour cette rentrée 2015. Nous comptons aujourd’hui à l’AEFE 76 expatriés (cadres et conseillers pédagogiques), 708 professeurs résidents détachés du ministère de l’Education nationale français et 790 recrutés locaux, parmi lesquels 340 enseignants. Le taux d’encadrement par des professeurs titulaires de l’Education nationale français est supérieur à la moyenne de notre réseau scolaire à l’étranger. Le recours aux cours particuliers est une pratique très ancrée. C’est un sujet de réflexion sur lequel nous travaillerons conjointement avec les parents. C’est la crainte de ne pas réussir, ou de ne pas disposer d’un dossier scolaire très satisfaisant, qui guide ce choix des familles et non des lacunes liées à l’enseignement. Ce phénomène n’est pas spécifique au Maroc.
Pas de désengagement de l’AEFE
La diminution continue de l’allocation attribuée à l’AEFE et l’appréciation rapide des tarifs fait craindre à certains parents un désengagement de l’Etat français du réseau, au profit du privé qui ne cesse de se développer. «A partir de 2016, la mission laïque française, Osui, prévoit d’ouvrir une cinquantaine de nouvelles classes sur 5 ans, ce qui est énorme. Nous craignons qu’au bout d’un certain temps les Etablissements à gestion directe n’existent plus», s’alarme Nadia Nassif, vice-présidente de l’Union des conseils des parents d’élèves (UCPE) Casablanca-Mohammedia. Ce scénario est-il probable? Absolument pas, selon Michel Houdu. «Les moyens consacrés aux établissements français au Maroc sont très importants et restent stables. Par contre, le réseau de l’Agence au Maroc n’a pas vocation à croître. L’objectif est de consolider l’existant en améliorant encore plus sa qualité», précise-t-il. En effet, sur les 10 dernières années, la capacité d’accueil du réseau a augmenté de 12% seulement. Surtout grâce à des extensions des bâtiments et à l’ajustement des effectifs par classe.
Propos recueillis par Ahlam NAZIH
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