mercredi 2 décembre 2015

Une façon de faire passer gentiment la pilule? Les tendances observées des prix à la pompe sont globalement à la baisse sur les deux types de carburant, depuis hier mardi 1er décembre… à quelques exceptions près. Sur le marché casablancais, le plus proche des principaux points d’approvisionnement en produits raffinés, toutes les enseignes semblent -sciemment ou pas- avoir voulu éviter au consommateur l’électrochoc d’une hausse des tarifs. Le litre du Super, par exemple, s’est échangé entre 9,27 DH chez Winxo et Petrom et 9,53 DH sur les afficheurs électroniques des stations Total. Ce tarif passe à 9,38 DH chez Shell et 9,28 DH chez Afriquia. Pour le gasoil, le litre variait de 7,76 DH chez les deux premières enseignes citées à 8 DH chez Total. Dans la frange intermédiaire, se situe Afriquia avec 7,77 DH sur ses afficheurs, 7,76 et 7,87 DH sur les totems Shell. Dans les villes intérieures, les évolutions sont similaires, légèrement majorées des frais de transport et autres charges logistiques intégrées dans le prix final. De prime abord, la faiblesse des écarts entre le positionnement de prix des différentes enseignes reste frappante, laissant planer un soupçon d’entente. «Ce sont des variations normales», défend Adil Ziady, président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM). «Elles s’expriment certes en quelques centimes mais cela représente beaucoup à l’échelle du marché national», poursuit le patron des pétroliers. Le responsable attribue le maintien de cette tendance aux évolutions des cours du baril et du dollar. «Tout dépendra de ces deux facteurs. La vérité des prix ne se fera que sur ces deux grands paradigmes», explique Ziady. Le prix du baril est encore conjoncturellement favorable, avec un baril échangé sur le marché national à environ 50 dollars…Mais jusqu’à quand? «Le consommateur est en train de profiter d’un prix du baril en fort recul, même si rien ne garantit que cet avantage se poursuivra», commente un opérateur du marché.
Jusque-là, le gouvernement a eu bonne fortune. Le lancement d’une libéralisation des prix en pleine conjoncture de flambée aurait été une pilule amère à avaler pour le consommateur. L’éventualité d’une flambée du prix du baril est d’ailleurs déjà soulevée par des experts et plateformes d’analyse. C’est le cas aussi chez l’Union constitutionnelle (UC). La formation politique monte au créneau dans le débat sur la libéralisation. «Le gouvernement gagnerait à identifier, dès maintenant, les outils de régulation prévus en cas d’augmentation des prix à des niveaux insupportables par le pouvoir d’achat marocain, et en préciser les modalités budgétaires, qui ne semblent pas avoir été prévues dans le projet de loi de Finances 2016», prévient le parti de Sajid. Le parti regrette que «le dispositif de libéralisation ne prévoie aucune mesure d’accompagnement du secteur, aucune phase transitoire et encore moins la mise en place d’une autorité de régulation» pour protéger le consommateur contre d’éventuels abus.
Du côté des opérateurs, l’on se prépare tout de même au pire. Le haut risque de volatilité des prix est à prendre très au sérieux dans le contexte géopolitique actuel dans les zones de production.
Safall FALL



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