samedi 25 juillet 2020

Joël Alessandra, dessinateur voyageur, a mis des images sur les mots du regretté Lotfi Akalay (décédé fin 2019) qui écrivit il y a 20 ans « Ibn Battouta, prince des voyageurs ».
Trop peu connu en France, Ibn Battûta est l’un des plus grands voyageurs de l’Histoire. Parti pour un pèlerinage à La Mecque en 1325, ce Marco Polo originaire de Tanger, ne rentrera s’installer à Fez que 29 ans plus tard après avoir été explorer les quatre coins du monde, en Afrique, en Espagne, en Inde, aux Maldives et jusqu’en Chine.
Lotfi Akalay et Joël Alessandra se sont associés pour créer l’illusion du carnet de voyage en enchâssements narratifs et aquarelles.tanger-experience - le web magazine de Tanger - Ibn Battouta dernier Akalay-Alessandra
tanger-experience - le web magazine de Tanger - Ibn Battouta dernier Akalay-AlessandraOn connait tous le « Livre des merveilles » qu’écrivit (ou dicta) Marco Polo pour raconter ses voyages au XIIIe siècle. On connait peu, en revanche, le récit des voyages encore plus fabuleux que fit le Marocain Ibn Battûta au XIVe siècle. Ce « chef-d’œuvre pour ceux qui contemplent les splendeurs des villes et les merveilles des voyages », Lofti Akalay en a retracé l’histoire, il y a une vingtaine d’années, dans son ouvrage intitulé « Ibn Battouta, prince des voyageurs ». Joël Alessandra, infatigable globe-trotter lui-même, s’est dit qu’il y avait là un très beau sujet et il avait raison…

Joël Alessandra a donc, en dessinateur voyageur émérite et insatiable, décidé de mettre des images là où il n’y avait que des mots, et, tant qu’à faire, des images là où les mots étaient absents. Il a fort bien fait car ce ne sont pas les tentations graphiques qui manquent pour un illustrateur vivant un carnet de voyage greffé dans la main quand il découvre ces quatre grands voyages : vers Ispahan, d’une part ; puis l’Asie jusqu’à Pékin, d’autre part ; sur la côte est de l’Afrique aussi, sans oublier une boucle africaine via Tombouctou.

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Comme le précise Ali Benmakhiouz en préface, « Ibn Battûta est avant tout un voyageur, quelqu’un qui se déplace de lieu en lieu et qui raconte non seulement ce qu’il observe, mais aussi ce qu’on lui conte ». De fait, ses récits sont probablement nourris de choses inventées au point qu’on l’a accusé d’avoir abondamment fabulé. Il n’en fut pas autrement pour Marco Polo. Ceux qui ne bougent pas pensent d’ailleurs toujours que ceux qui bougent en rajoutent. La sédentarité condamne souvent l’imagination car, quoi qu’on dise, une grande partie de l’Ailleurs est inimaginable. C’est d’ailleurs pour cela qu’on part, pour le mystère, l’imprévu, la dérive…

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Et c’est aussi pour cela qu’on lit. Et c’est encore pour cela qu’on admire des dessins, qu’on vagabonde en les regardant. Alessandra, ses croquis aquarellés ou ses dessins savamment travaillés, nous y invitent à tout instant : un bout d’architecture orientale, une immensité désertique, un vieillard inquiétant, une femme alléchante, une oasis reposante, une ruine éclatante, un boutre, un palmier, une mosquée, un chameau… tout fait rêve. Le voyage est dans chaque trait ; et dans chaque trait, le voyageur.
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On sent bien que Joël Alessandra a refait ses propres voyages en défaisant à sa manière ceux de Battûta. On sent bien qu’il est souvent le vrai et l’unique voyageur dans les pas de l’explorateur marocain. On le sent, on le sait et on en redemande… pour le plaisir de parcourir le monde avec lui ; et avec Battûta. Ce musulman marocain qui veut atteindre La Mecque, qui implore sans compter le seigneur et ne rate aucun lieu saint, ne voyage pas pour imposer sa religion, mais pour découvrir. D’ailleurs, il aurait pu se satisfaire de l’avoir atteinte, mais il n’en est rien. Battûta continuera de voyager bien après, bien plus loin, dans des territoires aux croyances bien différentes pendant 28 ans, cédant volontiers, ce qui le rend plus humain à nos yeux, aux célébrations féminines : femmes libres, femmes esclaves, mariages d’un jour, prostituées d’un soir… jusqu’à ces femmes d’Oman incroyablement libres et ardentes, selon lui.

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Quel dommage que Lofti Akalay, journaliste et écrivain tangérois, comme Battûta, dont Alessandra s’est inspiré pour son travail, n’ait pas eu le bonheur de découvrir cet album achevé et publié, un livre dépaysant s’il en est, sans frontières qui de Tanger à Fez, en passant par Alger, Le Caire, Ispahan, Delhi, Singapour ou Pékin, nous promène ; mieux, nous emmène.

Didier QUELLA-GUYOT  de BD Zoom.com

« Les Voyages d’Ibn Battûta » par Joël Alessandra et Lofti Akalay

Éditions Dupuis (29,50 €)

 

Agenda

Du 01/07/2020 au 31/07/2020

Dans le cadre de la 19e rencontre de la BD et de l’Illustration d’Uzès, la médiathèque d’Uzès organise une exposition de planches et d’aquarelles originales de Joël Alessandra du 1er au 31 Juillet 2020.

Agenda
 


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Entre augmentation frénétique des cas, confinement puis rétropédalage, incendie dans la forêt diplomatique et interdiction de sortir de la ville, la porte d’entrée le plus au nord du continent souffre le martyr. Le point dans une ville devenue, malgré elle, le porte-étendard national d’un virus parti pour durer…

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Covid-19-nouveau départ
Hôpital de campagne de la Forêt Diplomatique. Pour les cas légers.

La confusion engendrée, il y a un peu plus d’une semaine, par une décision de bouclage de la ville, puis son annulation quelques heures plus tard, n’aura pas arrangé les choses. Au contraire, elle a contribué à susciter la méfiance dans la ville du Détroit. Et l’interdiction de quitter la ville pour l’Aïd Al Adha, ne fait que renforcer les craintes. Tanger qui, par rapport à sa population, enregistre le taux le plus élevé en matière de propagation du virus, risque-t-elle un effondrement total de son économie avec une population au moral touché, au moment même où la Loi de Finances Rectificative est en train d’être peaufinée ? Éléments…

Progression inquiétante. Les derniers chiffres annoncés par le Ministère de la Santé ce 23 juillet signalent une augmentation des contaminations de 302 cas sur le plan national. Parmi ceux-ci, Tanger à elle seule enregistre 110 cas (109 cas pour toute la région dont 6 à Larache, 2 à Fahs Anjra et 1 à Mdiq-Fnideq). La région se classe ainsi deuxième au niveau national avec 21,52% des cas confirmés, derrière Casablanca (24,39%), sur un total de 18.264 cas. Rien qu’en début de cette semaine, 167 nouveaux cas ont été détectés, et la ville compte, du 13 au 23 juillet, 690 cas en plus. Tanger ne pointe désormais qu’à 525 cas de Casablanca. Rapportés à la population, Tanger présente le plus fort taux de contamination du pays. Depuis 2 à 3 semaines donc, la montée en flèche des cas à Tanger inquiète et fait courir à la ville un risque de psychose générale, avec en toile de fond, une récession économique encore plus sévère. Suffisant pour entraîner une réaction rapide, de la part des autorités afin d’endiguer ce retour en grâce des cas enregistrés.

Confusion. Le dimanche 12 et le lundi 13 juillet auront offert un aperçu de la tension que subissent ceux qui gèrent la situation épidémiologique dans le pays. D’une décision de reconfiner plusieurs quartiers de la ville, après l’apparition de nouveaux foyers épidémiologiques le dimanche, le Ministère de l’Intérieur a étendu cette décision à toute la ville le lundi matin, avec plusieurs mesures restrictives draconiennes. Avant tout bonnement, d’annuler cette dernière décision, à peine quelques heures après. Ce rétropédalage, qui a donné une impression de tâtonnement et de cafouillage, n’aura fait qu’attirer la lumière sur la gestion approximative de cette crise. Depuis lors, la ville est revenue au confinement des quartiers touchés, dans l’esprit même des mesures adoptées au plus fort de la crise sanitaire dans l’ensemble du pays.

Pression sur les lits d’hôpital. Avec l’accélération du nombre de cas confirmés, la pression s’est accentuée sur les hôpitaux dont la capacité en lits d’hospitalisation est faible. Et si les hospitalisations venaient à suivre le rythme de progression du virus, Tanger pourrait se retrouver très rapidement sous une forte pression en matière de soins apportés aux patients.

Hôpital de campagne. L’incendie dans la forêt diplomatique aurait pu l’emporter, tant il s’est arrêté pas si loin des installations. Le feu, qui a éclaté au niveau des domaines forestiers avant de se propager aux régions voisines, a finalement été éteint avant qu’il n’atteigne l’hôpital. Ce dernier, conçu pour recevoir les cas légers de contamination au coronavirus, est doté d’une capacité de 700 lits, pouvant être augmentée au besoin. Depuis son installation il y a plusieurs semaines, cet hôpital de campagne a déjà accueilli plus de 1000 cas confirmés. Il a ainsi permis de relâcher la pression sur les hôpitaux publics qui se sont attelés à prendre en charge les cas graves ou critiques.

Interdiction de sortir de la ville. Dernière évolution en date, les travailleurs à Tanger, notamment dans la zone industrielle, sont interdits de quitter la ville pour regagner leurs familles pour la période de l’Aïd Al Adha. La décision prise par le Wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia, a été annoncée à l’issue d’une réunion tenue avec les associations professionnelles, les autorités locales, les organismes sociaux, la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de la région et Amendis. En ajoutant à cette interdiction que « les chefs d’entreprises assumeront leur responsabilité en cas de délivrance d’une quelconque autorisation », Adil Rais, président de la CGEM Tanger-Tétouan-Al Hoceima, veut mettre ceux-ci devant leur responsabilité. Elevant de fait l’urgence autour de la situation de cette ville.

Colère et incompréhension. À en croire un confrère, les Tangérois ont très peu goûté au fait que le Ministre de la Santé n’a pas voulu « prononcer le nom de leur ville lors de sa récente conférence de presse conjointe avec le Chef du Gouvernement ». Une colère s’est donc levée contre ledit Ministre dont certains exigent même la tête. « La majorité des associations et des acteurs politiques de Tanger ont tenu à montrer leur irritation. Des pétitions ont vu le jour, certaines exigeant des excuses de la part d’Aït Taleb, d’autres le sommant de présenter sa démission ou demandant son limogeage », écrit l’organe de presse. Une missive devrait être envoyée au cabinet royal pour protester contre cette « humiliation ».

La situation dans la ville du Détroit est donc alarmante. Et la région du nord pourrait, si le virus n’est pas contenu, en arriver à supplanter Casablanca dans peu de temps. D’autant plus que l’ouverture des frontières permet désormais aux traversées maritimes de débarquer des voyageurs dans la ville. Tanger mérite toute l’attention des autorités afin d’entraver cette progression dangereuse du virus.

Selon Challenge.ma



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jeudi 11 juin 2020

Le jour même de l’échéance de l’état d’urgence sanitaire, le 10 juin, les autorités ont décidé de le maintenir jusqu’au 10 juillet avec un assouplissement du confinement.
Voici les principaux points du communiqué conjoint des ministères de l’Intérieur et de la Santé sur la mise en œuvre du plan d’allégement du confinement sanitaire selon la situation épidémiologique de chaque préfecture ou province, de manière progressive, à partir du 11 juin courant.

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Prologation confinement au Maroc

– Le Conseil du gouvernement a adopté le décret n° 2.20.406 portant prorogation de l’état d’urgence sanitaire dans l’ensemble du territoire national pour une durée d’un mois, à compter du 10 juin 2020 à 18H00 jusqu’au vendredi 10 juillet à 18H00 et ce, afin de lutter contre la propagation du coronavirus.

– Le Conseil a également approuvé les dispositions relatives à l’assouplissement des restrictions liées à l’état de confinement sanitaire.

– Les autorités publiques ont décidé de mettre en œuvre un plan d’assouplissement des mesures de confinement sanitaire selon la situation épidémiologique de chaque préfecture ou province de manière progressive et selon plusieurs étapes et ce, à partir du 11 juin 2020.

– En vertu de ce plan, les préfectures ou provinces du Royaume ont été divisées en deux zones selon les critères fixés par les autorités sanitaires.

– La transition progressive d’une étape à l’autre dans le cadre du plan d’assouplissement des mesures de confinement sera soumise préalablement à une évaluation des mesures à appliquer et des conditions requises de chaque préfecture et province.

– Les préfectures et provinces feront l’objet d’un classement hebdomadaire, selon les deux Zones d’assouplissement, sur la base des critères fixés par les autorités sanitaires.

– Les autorités publiques exhortent tous les citoyens à continuer de respecter strictement toutes les gestes de prévention et les mesures sanitaires en vigueur (port de masques, distanciation…)

– Au cours de la première phase, qui débute le 11 juin 2020, les mesures d’assouplissement du confinement sanitaire seront comme suit:

A – Reprise des activités économiques au niveau national:

– Activités industrielles; activités commerciales; activités d’artisanat;

– Activités de proximité et petits métiers de proximité; commerce de proximité; professions libérales et professions similaires; réouverture des souks hebdomadaires.

– Les activités exclues de cette liste sont: les restaurants et cafés avec consommations sur place, les hammams, les salles de cinéma et théâtres, etc.

Voici les mesures de la première phase du déconfinement progressif (avec carte)

B – Assouplissement des restrictions dans la Zone n°1 (en bleu) :

– Sortir sans avoir besoin d’une autorisation spéciale de déplacement à l’intérieur du périmètre territorial de la préfecture ou la province;

– Reprise du transport public urbain avec un exploitation ne dépassant pas 50% de la capacité d’accueil;

– Liberté de déplacement à l’intérieur du périmètre territorial du lieu de résidence, sans l’obligation de disposer d’une autorisation (en se contentant de présenter la Carte nationale d’identité électronique);

– Réouverture des salons de coiffure et des instituts de beauté avec une exploitation ne dépassant pas 50% de la capacité d’accueil;

– Réouverture des espaces publics en plein air (promenades, jardins, lieux publics…etc);

– Reprise des activités sportives individuelles en plein air (marche, vélos…etc);

– Maintien de l’ensemble des autres restrictions décrétées pendant l’état d’urgence sanitaire (interdiction des rassemblements, des réunions, des fêtes, des fêtes de mariage, des funérailles…etc);

 

C – Assouplissement des restrictions dans la Zone n°2 (en gris) :

Les grandes villes marocaines resteront soumises aux restrictions de déplacement, dont le non-respect est passible d’un à trois mois de prison. L’état d’urgence, prolongé pour la seconde fois, est maintenu jusqu’au 10 juillet.

– Obligation de disposer d’une autorisation exceptionnelle de déplacement pour toute sortie;

– Fermeture des commerces à 20H00

– Reprise du transport public urbain sans dépasser 50% de la capacité d’accueil;

– Maintien de l’ensemble des autres restrictions imposées lors de l’état d’urgence sanitaire (interdiction des rassemblements, des réunions, des fêtes, des fêtes de mariage, des funérailles…etc).

Voici les mesures de la première phase du déconfinement progressif (avec carte)

I- La Zone d’assouplissement n°1 comprend:

– Préfecture et provinces de l’Oriental
– Provinces de la région de Béni Mellal-Khénifra
– Provinces de la région Draâ-Tafilalet
– Préfectures et provinces de la région Souss-Massa
– Provinces de la région de Guelmim-Oued Noun
– Provinces de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra
– Provinces de Dakhla-Oued Ed-Dahab
– Préfecture de M’diq-Fnideq
– Province de Tétouan
– Province de Fahs-Anjra
– Province d’Al-Hoceima
– Province de Chefchaouen
– Province d’Ouezzane
– Préfecture de Meknès
– Province d’Ifrane
– Province de Moulay Yaâcoub
– Province de Sefrou
– Province de Boulmane
– Province de Taounate
– Province de Taza
– Province de Khémisset
– Province de Sidi Kacem
– Province de Sidi Slimane
– Province de Settat
– Province de Sidi Bennour
– Province de Chichaoua
– Province d’Al-Haouz
– Province el Kelaâ des Sraghna
– Province d’Essaouira
– Province de Rehamna
– Province de Safi
– Province de Youssoufia

2. Zone d’assouplissement n°2 comprend:

– Préfecture de Tanger-Assilah
– Province de Larache
– Préfecture de Fès
– Province d’El Hajeb
– Préfecture de Rabat
– Préfecture de Skhirate-Témara
– Province de Kénitra
– Préfecture de Casablanca
– Préfecture de Mohammedia
– Province d’El Jadida
– Province de Nouaceur
– Province de Mediouna
– Province de Benslimane
– Province de Berrechid
– Préfecture de Marrakech

Pessimisme dans les milieux économiques.

La perspective de reprise réelle de l’économie est incertaine. « On attendait le 10 juin avec impatience mais, encore une fois, ils ont douché nos espoirs. Ce confinement est un désastre pour l’économie marocaine », se lamente Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME.

« Certes, il y a un assouplissement, mais pas dans la zone où se concentre le plus gros de l’activité. Il faudra toujours demander des autorisations pour les livraisons de marchandises et la mobilité des salariés, négocier avec les agents d’autorité qui ne comprennent pas comment l’entrepreneuriat fonctionne… L’avenir est sombre surtout pour les TPE, qui représentent 90 % des entreprises du pays », ajoute-t-il.

 



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samedi 6 juin 2020

Marie-Louise Belarbi s’en est allée le 28 mai dernier à l’âge de 91 ans à Tanger. Je connaissais cette personne de nom, une grande figure du monde littéraire marocain, cofondatrice des éditions Tarik et de l’emblématique librairie Carrefour des livres à Casablanca. Ismaël Amiar, son petit fils, nous fait découvrir avec émotion sa merveilleuse grand mère. Une autre facette de cette grande dame très engagée. PB

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Marie-Louise Belarbi

Marie-Louise n’était pas seulement ma grand-mère. Elle était la meilleure grand-mère dont on puisse rêver. Elle m’a transmis le goût de la lecture et de la langue française. Elle m’a aussi transmis un peu plus tard, ou peut-être en même temps au désespoir de mes parents, celui du pastis et des bons mots. S’il n’y avait que ça, elle serait déjà la meilleure des grands-mères : mais il n’y a pas que ça, et cet héritage est aussi très important pour ma famille et moi.

A l’âge de 71 ans, Mamie fonde à Casablanca Tarik Editions et sera la première à publier au Maroc les écrits des prisonniers politiques des années de plomb. En 1999 est publié « On affame bien les rats », bande dessinée d’Abdelaziz Mouride qui témoigne de ses 22 années passées sous la torture dans les geôles marocaines pour opposition au régime. Suivra en 2001 « Tazmamart, Cellule 10 », du nom du bagne-mouroir où Ahmed Marzouki passa 18 années dans une cellule de 2 mètres sur 3, entouré de codétenus décédant les uns après les autres. La même année sortira, plus explicite, « Hassan II : Une espérance brisée (1961-1999) » par Ignace Dalle. Ces tristes mais nécessaires best-sellers ont contribué à leur échelle à dévoiler et entretenir la mémoire de ces pans sombres de l’histoire politique de mon Maroc et de les protéger de ce qu’il y a de pire pour leurs victimes : l’oubli.

Lors de ses nombreuses vies, Mamie a publié un joli roman, « Ligne Brisée » (Zellige, 2013) et a été une libraire émérite. Le Carrefour des Livres, qui existe toujours et se porte bien depuis 1984 m’a permis enfant d’engloutir à un rythme industriel les BD du rayon jeunesse et d’obtenir, suprême privilège, le dernier Harry Potter quelques jours avant sa sortie officielle. Le Carrefour était aussi, comme son nom l’indique (c’était probablement voulu), un point de rencontre, d’échanges et de débat unique à une époque pas si lointaine où il pouvait être mortel d’émettre une opinion dissonante. Mamie recevait beaucoup d’auteurs pour des signatures : Marocains, Français, étrangers, primés ou non, connus ou non. Bref, ça défilait. Certains lui ont rendu hommage, comme Abdellah Taïa, écrivain marocain et militant LGBTQ encouragé par ma grand-mère à ses tout débuts. En 1953, travaillant chez Julliard, c’est Sagan et Bonjour Tristesse qu’elle avait découvert, quelques temps avant de mettre les voiles pour le Maroc et mon grand-père.

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Marie Louise Belarbi avec Guy Bedos. Ils adoraient tous les deux l’humour et se sont éclipsés presque le même jour.

Son engagement pour la démocratisation de la culture et de la littérature maghrébine est plus vivant que jamais, puisque la dernière édition du Maghreb des Livres qu’elle a cofondé a eu lieu à l’Hôtel de Ville de Paris en février dernier. Quelques heures avant le décès de ma grand-mère, ma mère Mounia reçut une photo de Guy Bedos et ma grand-mère, tout sourires, lors d’une invitation à Casablanca qu’il avait accepté. Ils sont partis le même jour.

Mais les témoignages les plus touchants sont ceux des gens que nous ne connaissions pas. Je pense à tous ces commentaires Facebook, e-mails ou Whatsapp d’inconnus reçus par ma famille qui évoquent le jour où, prof de français au collège à son arrivée au Maroc, elle marque la scolarité d’un élève, ou un autre jour, libraire, elle prend le temps de conseiller un livre qui suivra son lecteur pour le restant de sa vie.

Merci Mamie pour ce modèle de vie que tu nous a donné, une vie pleine de sens, d’engagement, et d’amour. Ça va être difficile de faire aussi bien.

Ton petit-fils Ismaël.

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Ismaël Amiar

 



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mercredi 27 mai 2020

Du nouveau pour l’usine Re­nault à Tanger. Selon les dernières informations, le site industriel im­planté à Melloussa renouvellera une partie de la gamme de modèles fabri­qués. En fait, il s’agit de la première révision du Dokker et du Sandero, les deux modèles phares de l’usine tangé­roise.

– Dokker et Lodgy dans un pre­mier temps, mais aussi Sandero
– Le Dokker changera de nom dans certains marchés
– Redémarrage progressif des chaînes sous la menace du covid
tanger-experience - le web magazine de Tanger - Renault renouvelle ses modèles

Le Dokker, l’utilitaire lancé en 2012 est l’un des premiers à ouvrir le bal. Sa calandre et ses feux arrières seront modernisés dans le style du Duster 2. Il pourrait même changer de nom dans certains marchés et être proposé en tant que Kangoo Express 2, en remplace­ment de l’actuel. Une hypothèse qui n’est pas à écarter, le modèle actuel étant commercialisé en Argentine sous ce nom. La Lodgy, qui garde le statut de premier modèle à avoir été fabri­qué dans l’usine de Renault à Tanger, bénéficiera lui aussi de cette cure de jouvence car il partage de nombreux éléments avec le Dokker, son cousin.

Outre le Dokker, une nouvelle itéra­tion de la star sans conteste, la Sandero est prévue. Elle se basera sur le même code graphique lancé avec la Duster 2 mais avec une calandre plus typée. Elle devra arriver, selon les prévisions au courant de 2021. Les futurs modèles pourraient être présentés lors du mon­dial de l’automobile, tenu habituelle­ment en septembre à Paris ou dans le salon de l’Auto de Genève, en mars prochain, en fonction de l’évolution de la pandémie du covid. L’usine fabrique, en plus le Logan MCV, un break utili­taire destiné à divers marchés et dont la production est en train de prendre.

A noter que la saga de Renault à Tanger démarre en 2007 avec l’an­nonce en grandes pompes du choix de Tanger pour l’implantation sur 314 hectares d’une usine «verte» sans rejets ni pollution. Sa construction démarre en 2008 avec un investissement total de 1,1 milliard d’euros, un peu plus de 12 milliards de DH pour être inaugurée en février 2012. Au premier modèle fabri­qué, la Lodgy, se sont rajoutés d’autres comme l’utilitaire Dokker ou la nou­velle Sandero et tout dernièrement, la Logan MCV. Sa production annuelle dépasse les 300.000 véhicules par an.

L’usine a surfé sur la vague de l’em­bellie économique dont profitait son principal marché, l’Europe et certains pays d’Amérique et d’Afrique vers les­quels l’usine exporte, même si l’avenir est actuellement plein d’incertitudes. Renault Tanger fournit aussi d’autres unités de production du groupe avec des éléments préfabriqués de Lodgy et de Sandero qui sont montés dans des pays comme l’Inde, la Russie ou l’Argentine.

Un redémarrage sous le signe de la prudence

Renault Tanger constitue le deuxième site le plus important pour la fabrication des modèles sous la marque Dacia, après Pitesti en Roumanie. En termes de volume, elle assure, en temps normal, selon Renault, plus de 10% de la production totale de ce constructeur dans le monde. La crise du covid n’a pas épargné le constructeur et son site tangérois a été obligé d’arrêter la production durant plus d’un mois. L’usine a repris graduellement depuis le 28 avril dernier en appliquant un vaste plan de sécurité pour éviter les contagions avec distancia­tion, caméras de détection de température corporelle et une large campagne de sensibilisation du personnel. Ce dernier subit depuis quelques jours une campagne de dépistage massif pour détecter les cas positifs et éviter l’arrêt des chaînes.

Ali ABJIOU de L’Economiste



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Des professionnels du tourisme ont examiné, lros d’une visioconférence, les perspectives du secteur dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima après la crise du coronavirus. Vers le nord du Maroc, en avant toute…

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Tourisme après le CovidInitiée en partenariat avec la Chambre de commerce, d’industrie et de services de la région et le Conseil régional du tourisme (CRT), les participants se sont arrêtés sur l’impact économique et social de la pandémie sur le secteur au Maroc, notant qu’environ 750.000 personnes sont employées directement par ce secteur qui génère un revenu de plus de 75 MMDH par an.

À cette occasion, la présidente du Conseil régional du tourisme, Rkia Alaoui, a indiqué que la pandémie du coronavirus risque de se poursuivre jusqu’à la saison estivale, expliquant que le CRT a élaboré une stratégie en trois axes pour faire face à l’impact de cette pandémie, à savoir la gestion de la crise, l’identification des priorités et le maintien de la réalisation des objectifs à long terme.

Concernant les priorités, la responsable a rappelé que le comité des CRT a élaboré un programme intégré (promotion, formation, transport, taxes …) qui a été présenté au ministère du Tourisme, aux autorités et à l’Office national marocain du tourisme (ONMT) aux niveaux régional et national afin de déterminer les perspectives et soutenir le secteur avant la saison estivale.

Afin de faire face aux répercussions de la pandémie, il est impératif de revoir l’action du Conseil régional du tourisme pour se focaliser sur les touristes nationaux, a-t-elle mis en avant, expliquant que 65% des touristes Marocains ont exprimé leur préférence pour la destination Nord, qui pourrait constituer une alternative pour les professionnels du secteur, étant donné que le total des dépenses des touristes marocains à l’étranger s’élèvent à 20 MMDH par an.

Une campagne de promotion et de communication sera annoncée prochainement dans le but de renforcer l’attrait touristique de cette région, de mettre en avant les mesures prises pour accueillir les touristes nationaux et de mieux faire connaître les différentes provinces et préfectures de la région, a-t-elle mis en exergue, soulignant l’importance d’inciter les Marocains à consommer les produits du pays.

Quant au troisième axe, elle a relevé l’importance de maintenir les objectifs majeurs du schéma touristique régional à moyen et long termes, à savoir la promotion du tourisme de croisière, la création d’une nouvelle génération d’outils pour l’action touristique et le lancement d’un système numérique pour le CRT.

De son côté, le délégué régional du tourisme, Saad Abassi, a fait savoir que le secteur du tourisme dans le monde a été fortement affecté par la baisse des recettes estimée entre 20% et 30%, soit une perte de 300 à 400 milliards de dollars en 2020, relevant également une baisse des différents indicateurs du secteur du tourisme au Maroc.

Évoquant les mesures prises par le ministère du Tourisme pour soutenir les agences de voyage, les hôtels et les guides, M. Abassi a estimé que les mesures à court terme devraient se focaliser sur la promotion du tourisme local et la diversification des offres, appelant les Marocains à redécouvrir le charme du Royaume et ses atouts touristiques, en plus de la conjugaison des efforts pour attirer les touristes internationaux après la levée des restrictions de voyage.

Selon L’Opinion



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dimanche 24 mai 2020

Un communiqué du ministère précise que les Nadirs et les délégués des Affaires islamiques à travers le Royaume ainsi que les unités des Forces armées royales associées à l’observation ont confirmé, samedi 29 Ramadan 1441 de l’hégire, après la prière d’Al Maghrib, avoir observé le croissant lunaire annonçant le début du mois de Chawwal .

Le 1ᵉʳ Chawwal 1441, jour de l’Aïd Al Fitr marquant la fin du Ramadan, correspond donc au dimanche 24 mai 2020.

tanger-experience - le web magazine de Tanger - fête de l'Aïd 2020

 

Aussi appelée « fête sucrée », on fait honneur durant cette fête aux desserts une fois la prière du matin accomplie. Ftour, zlabia, cornes de gazelles ou encore chebakia sans oublier les dattes fourrées à la pâte d’amande, toutes ces denrées seront dégustées pour cette célébration. Fête du pardon et de la paix, elle peut durer jusqu’à trois jours. La tradition veut qu’à cette occasion le pratiquant s’acquitte du zakat (l’aumône destinée aux plus démunis) qui consiste au don de quatre fois le contenu de deux mains réunies de nourriture.

A quoi correspond exactement la date de l’Aïd el-Fitr ?
L’Aïd el-Fitr marque la fin du ramadan : sa date est en réalité celle du premier du mois suivant celui du ramadan. La date est déterminée par la traditionnelle observation lunaire de la « Nuit du doute » / « Nuit de l’annonce », comme c’est le cas pour chaque fin de mois du calendrier lunaire musulman.
C’est la Grande mosquée de Paris qui abrite les observations lunaires de début et de fin du mois du ramadan. Si un croissant de Lune est observé, alors la fin du ramadan intervient le soir-même, sinon, il faut attendre un jour de plus.

Quels sont les messages de bonne fête de l’Aïd el-Fitr ?
Comment souhaiter l’Aïd el-Fitr ? Le site spécialisé Assabile.com propose différentes formules aux musulmans et aux non-musulmans pour se souhaiter une bonne fête de l’Aïd el-Fitr à la fin du mois sacré de jeûne des fidèles. Voici une sélection de ces messages :

« Aïd Moubarak Saïd »
« Aïd Moubarak Saïd, que Dieu accepte votre jeûne et vos prières ».
« Aïd Moubarak Saïd à vous et à toute votre famille, que Dieu vous bénisse et exauce vos vœux les plus chers ».
« Aïd Moubarak, meilleurs vœux de santé et de bonheur ».

Aspects religieux de l’Aïd el-Fitr : comment se déclinent prière et « zakat al-Fitr » ?
Egalement nommé « Aïd el-Seghir », l’Aïd el-Fitr signifie « petite fête » en français. Cette célébration n’est pas « juste » un moyen de marquer la fin du jeûne du mois de ramadan, mais symbolise également pour les communautés musulmanes du monde entier un grand moment de partage, de paix et de joie. La fête de l’Aïd el-Fitr est ainsi l’occasion, habituellement, de grands repas en famille, cadeaux, visites aux proches… Lors de la célébration, les musulmans s’échangent aussi mutuellement le voeu d’ « Aïd Moubarak », « bonne fête de l’Aïd » en français. Six jours de jeûne supplémentaires sont traditionnellement pratiqués après la « fête de la rupture » qu’est l’Aïd el-Fitr : « les six jours de chawwal », du nom du mois qui suit celui de ramadan dans le calendrier « hégirien » (nom du calendrier musulman).

Avant la prière de l’Aïd, les musulmans doivent aussi avoir donné la Zakât al-fitr, l’aumône de fin de ramadan. Celle-ci peut s’offrir en nourriture ou en argent pour les personnes dans le besoin. La journée de l’Aïd el-Fitr est également spéciale de par sa prière matinale qui est spécifique. Selon le site spécialisé Al Kanz, cette prière matinale de l’Aïd el-Fitr a théoriquement lieu quand le soleil « s’élève au dessus de l’horizon de la longueur d’une lance » (soit environ trois mètres). Dans la pratique, les mosquées fixent elles-mêmes l’heure de la prière collective. L’Aïd el-Fitr est avant tout une journée importante sur le plan spirituel. Elle permet de revenir tirer les leçons de ce mois de jeûne, de faire le point sur les bonnes ou les mauvaises actions accomplies.

Bonnes fêtes de l’Aïd à tous mes amis Musulmans de Tanger.

Paul Brichet



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vendredi 1 mai 2020

Au temps du Covid-19, la Bressuiraise Camille Marigaux, journaliste dans une radio privée à Tanger, au Maroc, témoigne des conditions de son confinement.

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Camille Marigaux
Camille Marigaux – Photo de Pierre Lecornu

Bressuire est une commune du centre-ouest de la France, située dans le département des Deux-Sèvres au sein de la région Nouvelle-Aquitaine. Camille Marigaux est passée notamment par les rédactions de Bressuire, Thouars et Parthenay à « La Nouvelle République » à l’été 2015, la journaliste bressuiraise Camille Marigaux vit et travaille au royaume du Maroc depuis désormais deux ans.
« Je suis en poste dans une radio privée, Medi1, à Tanger, au nord du pays. Elle existe depuis presque 40 ans et possède également une chaîne de télévision. Jusqu’au confinement, décrété mi-mars, je faisais beaucoup de présentation et de production d’émissions, de magazines, de petites chroniques », explique celle qui a aussi travaillé pour le réseau France Bleu de Radio France, à Lille, notamment.

Couvre-feu général la nuit.

Mais depuis, ses habitudes de travail ont été chamboulées. « Avec mes collègues, nous faisons davantage de reportages sur le terrain. Nous parlons aussi beaucoup plus du Maroc alors que nous étions davantage orientés sur l’actualité internationale jusque-là. Ici aussi le confinement a des répercussions, sur la vie culturelle notamment, avec l’annulation de nombreux festivals de musique et de cinéma », témoigne Camille Marigaux dont les parents, Sophie et Jacques, vivent toujours à Bressuire.

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Au quotidien, un couvre-feu général est instauré dans les rues marocaines, de 19 h à 5 h du matin. « Il est très respecté et il y a de fréquents contrôles de police. En tant que journaliste, je possède une dérogation pour me déplacer », souligne la jeune femme qui travaille au sein de l’équipe francophone de la radio composée d’une vingtaine de personnes. « Au début du confinement, les idées de sujets fusaient. Nous nous attachons à suivre les réseaux sociaux. En ce moment, il y a le ramadan. C’est un peu notre “ marronnier ” (dans le jargon des journalistes, un sujet d’information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible). Heureusement, nous pouvons aussi compter sur un large réseau de correspondants, un peu partout à travers le monde », rajoute-t-elle. Camille Marigaux a aussi pu rentrer en contact avec un certain nombre de Français qui se sont retrouvés bloqués au Maroc lorsque le confinement a démarré. Notamment le compagnon de Jean-Philippe Ferrault, papa d’une habitante de Cerizay qui avait lancé un appel à l’aide dans nos colonnes, fin mars. « Il y a aussi de nombreux Marocains coincés à l’étranger et rien n’est fait pour eux. Les frontières sont complètement fermées. »
Elle garde néanmoins le contact avec sa famille et des proches bressuirais. « Mon père aurait dû venir me voir et passer quelques jours au Maroc mais le confinement a été décrété pile à ce moment-là. J’en profite pour prendre des nouvelles d’amis et connaissances bressuirais que j’ai un peu perdus de vue. »
Actuellement en contrat à durée déterminée qui doit prendre fin en novembre, elle possède toutes ses chances d’être titularisée, selon elle. « Je me sens très bien au Maroc mais j’ai la bougeotte. J’ai prévu d’aller voir de la famille au Canada en fin d’année 2020 mais pour l’instant, cela reste incertain », dit Camille Marigaux qui a déjà vécu un an en Argentine et voyagé dans plusieurs pays dans le monde.
Au Maroc, qui compte 3.700 cas de Covid-19 pour 158 décès et 490 guérisons, le confinement est instauré jusqu’au 20 mai.

D’après La Nouvelle République.fr



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jeudi 30 avril 2020

S.M le Roi Mohammed VI, ordonne le lancement de l’opération de distribution alimentaire du Ramadan. Initiée en faveur de 600.000 familles démunies dont 459.504 dans le milieu rural.

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Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné ses instructions pour le lancement de l’opération de distribution alimentaire Ramadan 1441, en faveur de 600.000 familles démunies, dont 459.504 dans le milieu rural, indique samedi la Fondation Mohammed V pour la solidarité dans un communiqué.
Dans la continuité de l’élan national de lutte contre les effets du Covid-19 initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et en application des hautes instructions du Souverain, la Fondation Mohammed V pour la solidarité s’est mobilisée pour l’organisation de la 21ème édition de l’opération Ramadan d’aide alimentaire. Une mobilisation essentielle, en cette période du mois sacré de Ramadan, pour que la solidarité nationale continue d’apporter de l’aide et du réconfort aux personnes vulnérables et aux familles vivant en situation de précarité, et à réduire les effets socioéconomiques de la pandémie, précise la même source.
Au vu de ce contexte inédit et conformément aux directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la Fondation a opéré un renforcement des moyens afin d’élargir la couverture des foyers bénéficiaires du soutien alimentaire. L’effectif global a été augmenté à 600.000 foyers (soit 100.000 foyers supplémentaires par rapport à l’édition précédente), pour un investissement global de 85 millions de dirhams (achat des denrées et logistique). L’augmentation du nombre de foyers bénéficiaires a concerné toutes les provinces du Royaume, et a été appliquée selon des critères liés à l’effectif de la population, la zone d’habitation (rural/urbain) et le niveau de pauvreté et de vulnérabilité.
Ce sont ainsi trois millions de personnes, en particulier les personnes âgées, les veuves et les personnes en situation de handicap issus de milieux démunis et du monde rural dans 83 provinces et préfectures du Royaume, qui seront fournies en denrées alimentaires à travers cette action de proximité à grande échelle. Le panier, composé de sept produits essentiels (10 kg de farine, 4 kg de sucre, 250 gr de thé, 1 kg de lentilles, 1 kg de vermicelle, 5 l d’huile et 800 gr de concentré de tomates), représente une aide solidaire qui vise à alléger les besoins alimentaires liés à la période du Ramadan.
Organisée avec le soutien financier du ministère de l’Intérieur, de la Direction générale des collectivités locales et du ministère des Habous et des Affaires islamiques, et le concours de l’Entraide nationale, du ministère de la Santé, de la Gendarmerie Royale, des œuvres sociales des FAR (DGSS), de la Promotion nationale, des Forces auxiliaires, des autorités provinciales et locales, cette 21ème édition de l’opération Ramadan suivra le même dispositif de mise en œuvre et de contrôle déployé au niveau des deux comités local et provincial. Ils veillent sur le terrain au suivi de l’approvisionnement des centres de distribution, au contrôle des denrées, à l’identification des bénéficiaires et à la remise des denrées alimentaires.
En cette période de confinement, la Fondation et ses partenaires ont dû adapter le dispositif de distribution pour que la sécurité des populations soit garantie. La distribution sera effectuée dans le respect des consignes sanitaires et de protection, selon le protocole et les modalités adaptés par les autorités locales. Elle sera assurée par les caïdats dans le cadre des comités locaux qui veilleront à informer les chefs des familles bénéficiaires et à organiser la remise de l’aide alimentaire directement auprès des foyers, en porte-à-porte.

A M’diq-Fnideq
1.359 personnes dans la préfecture de M’diq-Fnideq bénéficient de l’opération de soutien alimentaire  »Ramadan 1441 », initiée par la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
Cette opération, dont le coup d’envoi a été donné par le gouverneur de la préfecture M’diq-Fnideq, Yassine Jari, en présence des représentants de la Fondation Mohammed V pour la solidarité, des membres de la commission provinciale et des autorités locales, ainsi que des responsables de l’Entraide nationale et de la Santé, profite à 422 familles du monde rural et le reste dans les villes de Martil, M’diq et Fnideq.
Cette action de solidarité vise à apporter aide et réconfort aux personnes vulnérables et aux familles vivant en situation de précarité, et à réduire les effets socioéconomiques de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19). La Fondation Mohammed V pour la solidarité et ses partenaires ont dû adapter, cette année, le dispositif de distribution pour que la sécurité des populations soit garantie.
Ainsi, elle a été effectuée dans le respect des consignes sanitaires et de protection, selon le règles et les modalités adoptées par les autorités locales.
La 21ème édition de l’opération Ramadan d’aide alimentaire s’inscrit dans la continuité de l’élan national de lutte contre les effets du Covid-19 initié par SM le Roi Mohammed VI et intervient en application des Hautes instructions du Souverain, en vue de promouvoir une culture de solidarité et réaliser un développement humain durable.

A Tanger-Asilah
Mi Khadouj, habitante du douar Qliiâa, n’a pas pu cacher son émotion en recevant le premier panier distribué aux habitants du monde rural dans le cadre de la 21ème édition de l’opération Ramadan d’aide alimentaire organisée par la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
La septuagénaire, qui n’a pas d’enfants et vit seule dans ce douar relevant de la préfecture de Tanger-Asilah, a exprimé sa reconnaissance envers cette initiative Royale humaine. Portant son masque de protection, elle a reçu les membres du comité ayant donné le lancement à cette opération, sous la présidence du wali de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia.
Mi Khadouj fait partie des 3.800 familles habitant dans les douars de la préfecture de Tanger-Assilah qui bénéficieront de cette initiative organisée tous les mois de Ramadan pour que la solidarité nationale continue d’apporter de l’aide et du réconfort aux personnes vulnérables et aux familles vivant en situation de précarité, notamment en ces circonstances exceptionnelles marquées par la pandémie du nouveau coronavirus.
A l’instar de sa voisine Mi Khadouj, Mi Mina a indiqué que cet appui en nature intervient au bon moment, avec le début du mois de Ramadan, ce qui l’aidera dans ses dépenses dédiées aux denrées alimentaires de base.
Dans ce sens, la coordonnatrice régionale de l’Entraide nationale à Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Zineb Oulhaj, a fait savoir que le nombre de bénéficiaires de l’opération Ramadan 1441 au niveau de la préfecture de Tanger-Asilah est de 6.550, dont 2.750 bénéficiaires dans le milieu urbain à Tanger et Asilah, alors que les autres bénéficiaires se trouvent dans les douars de la préfecture.
Les autorités locales, qui supervisent la distribution des aides dans les meilleures conditions, veillent à acheminer les paniers jusqu’au domicile des bénéficiaires, conformément aux dispositions de l’état d’urgence sanitaire.
Puisque l’opération Ramadan de cette année coïncide avec la décision du confinement, le comité provincial supervisant cette opération a décidé que les paniers seront distribués, au niveau des villes et douars, de la part des autorités locales directement, en porte-à-porte, aux familles bénéficiaires au niveau de la préfecture, a expliqué Zineb Oulhaj.
Le contexte actuel a également poussé l’ensemble des partenaires, assurant la mise en oeuvre de cette opération, à prendre un ensemble de mesures préventives. Il a ainsi été procédé à la stérilisation de tous les espaces de réception des denrées alimentaires, ainsi que la désinfection des produits distribués.
Le comité s’était rendu samedi matin au complexe social « Al Sadaka » dans le quartier Dchar Bendibane, afin de lancer l’opération au niveau urbain. Les aides ont été distribuées selon les annexes administratives de Tanger et Asilah, où elles seront remises directement aux domiciles des bénéficiaires.
Plusieurs bénéficiaires ont exprimé leur gratitude pour cette initiative Royale, qui traduit la sollicitude dont SM le Roi Mohammed VI entoure les personnes en situation de précarité. Ils ont également salué les efforts des autorités, qui assurent la distribution à domicile des aides, et ce dans le respect des dispositions de l’état d’urgence sanitaire.

A Laâyoune
L’opération nationale de distribution alimentaire « Ramadan 1441″, initiée par la Fondation Mohammed V pour la solidarité, bénéficie à quelque 10.550 ménages issus de la province de Laâyoune, soit une hausse de 1.350 familles par rapport à l’an dernier.
Cette action de solidarité vise à apporter aide et réconfort aux catégories sociales les plus vulnérables, notamment les veuves, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Le wali de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra, gouverneur de la province de Laâyoune, Abdeslam Bekrate, a donné samedi le coup d’envoi de cette opération au niveau local en présence de plusieurs personnalités civiles et militaires.
Le panier est composé de sept produits essentiels, à savoir 10 kg de farine, 4 kg de sucre, 250 gr de thé, 1 kg de lentilles, 1 kg de vermicelle, 5 l d’huile et 800 gr de concentré de tomates.
Un comité provincial a été mis en place afin d’identifier les bénéficiaires de l’opération « Ramadan 1441″.
En cette période de confinement, la Fondation Mohammed V pour la solidarité et ses partenaires ont dû adapter le dispositif de distribution pour que la sécurité des populations soit garantie.
La distribution sera effectuée dans le respect des consignes sanitaires et de protection, selon le protocole et les modalités adaptés par les autorités locales.
Elle sera assurée par les caïdats dans le cadre des comités locaux qui veilleront à informer les chefs des familles bénéficiaires et à organiser la remise de l’aide alimentaire directement auprès des foyers, en porte-à-porte.

A Khénifra
Un total de 8.850 personnes dans la province de Khénifra bénéficient de l’opération de soutien alimentaire  »Ramadan 1441 », initiée par la Fondation Mohammed V pour la solidarité.
Le coup d’envoi de l’opération de soutien alimentaire « Ramadan 1441″ au niveau de la province de Khénifra a été donné, samedi dans la commune El Borj, pour bénéficier à un total de 8.850 ménages au niveau de la province de Khénifra.
Dans ce sens, une commission provinciale a supervisé les opérations de distribution de ces aides au domicile des bénéficiaires afin d’éviter tout risque de rassemblement ou d’attroupement conformément aux mesures préventives adoptées par les autorités publiques pour lutter contre l’épidémie du coronavirus.

A Guelmim
L’opération nationale de distribution alimentaire « Ramadan 1441″, initiée par la Fondation Mohammed V pour la solidarité, profitera à 11.970 familles dans la province de Guelmim.
Cette opération, qui s’étale sur quatre jours, enregistre ainsi une augmentation de 1.570 ménages par rapport à l’année dernière.
Cette action de solidarité, qui a été lancée samedi sous la supervision des autorités locales, vise à apporter aide et réconfort aux catégories sociales les plus vulnérables, notamment les veuves, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap.
Le coordonnateur de l’Entraide nationale dans la région Guelmim-Oued Noun, Bouya Aba El Hazm, a déclaré à la MAP que l’opération de distribution se fera dans le respect des consignes de prévention décidées par les autorités pour faire face aux risques de propagation du coronavirus, dont l’aménagement de points de distribution proches des populations ainsi que la désinfection des moyens de transport.
Il a expliqué que l’objectif de ces mesures est la préservation de la sécurité des populations et l’exécution rapide de l’opération durant les premiers jours du mois sacré de Ramadan.

Par Libération


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vendredi 17 avril 2020

Christophe aimait Tanger. L’auteur d’«Aline» et des «Mots bleus» est mort dans la nuit de jeudi à vendredi, à 74 ans. Sa carrière de «beau bizarre» décadentiste et obsessionnel égrène tubes rutilants et chansons hantées le hissant, entre Gainsbourg et Bashung, au sommet du panthéon pop français.

Portrait de Christophe, le 25 mars 2016. Photo Edouard Caupeil
Portrait de Christophe, le 25 mars 2016. Photo Edouard Caupeil

Il aimait Tanger et son charme, il y avait acquis une maison et il avait chanté lors d’un concert privé mémorable organisé par nos amis Nicolas et Christine qui tenaient ce beau restaurant « La Fabrique » aujourd’hui défiguré par ses repreneurs.

Il a rejoint Alan Vega au royaume des étoiles bleues de la chanson. Dans son album « Les Vestiges du chaos », Christophe le Dandy « un peu maudit, un peu vieilli » avait publié avec superbe un album habité de femmes et de cinéma, d’où surgissaient des voix, de Lou Reed à Alan Vega avec qui il avait écrit une chanson dédiée à Tanger: Tangerine.

C’était l’homme du confinement absolu, mais l’ennemi tout aussi absolu de la distanciation sociale. Capable de rester cloîtré des nuits entières en quête d’un son que lui seul entendrait une fois l’ouvrage terminé, Christophe avait aussi fait de son appartement-studio-musée-salle de poker du boulevard du Montparnasse le lieu de passage le mieux fréquenté d’un tout-Paris nyctalope qui l’avait élu maire adjoint aux mondanités délicieuses. Les restaurants ouverts à pas d’heure (un débiteur à bidoche des Halles, un japonais de Montmartre etc.) lui gardaient toujours une table au cas où, des donzelles charmantes passaient lui lire des chapitres de Tendre est la nuit dont son hypermétropie le privait, disait-il – la bonne excuse !

Nos pensées vont vers vous Christophe, nous écouterons en boucle Tangerine, Les mots bleus et La dolce vita qui ne sera plus tout à fait la même à Tanger, sans vous…

En hommage à Christophe et Alan Vega et à Tanger voici la chanson « Tangerine », cliquez sur le lien ci-dessous:

Tangerine

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Il est parti Christophe
Le bar de nuit mythique de Tanger Tangerinn


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vendredi 3 avril 2020

Le propriétaire de la librairie des Colonnes de Tanger Fadel Laraki et ancien actionnaire principal dans le magazine “Le Journal” et “Assahifa”, est décédé mercredi 1er avril au matin à Casablanca.

Fadel Laraki décédé le 1er avril 2020 (Copyright Redouane El Baroudy

 

Après la disparition de l’ancienne responsable Rachel Muyal, les Colonnes sont encore touchées à vif avec la décès brutal du nouveau propriétaire de la célèbre librairie de Tanger Fadel Laraki après de départ de Pierre Bergé en 2017.

Selon des sources médiatiques, Fadel Laraki s’est rendu à l’hôpital Sheikh Khalifa, après des problèmes de santé, avant de rendre l’âme, ce mercredi dernier.

Laraki sera enterré ce jour. Son cortège funèbre ne devrait pas dépasser 9 personnes en raison de l’état d’urgence sanitaire lié au Covid-19.



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lundi 30 mars 2020

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Serge Guerin -Le Covid-19, une leçon d'humilite
Denis Lafay – La Tribune.fr

LE MONDE D’APRES. Sa « nature », optimiste et constructive, prend le dessus au moment de diagnostiquer la situation « sociétale » de la France confrontée à la pandémie du Covid-19. Le sociologue Serge Guérin n’élude certes pas les spectres qui défient la communauté, mais il veut retenir en priorité les enseignements à même, demain, d’éclore et de « profiter ». Profiter à une prise de conscience des dérives de notre époque ; à une nouvelle hiérarchisation de l’essentiel ; à la conscientisation écologique ; au dépeçage de la double tyrannie de la performance et de l’autonomie ; à la redéfinition d’objectifs responsables pour une mondialisation aujourd’hui ivre et dépossédée de sens ; à une relation renouvelée aux territoires et à la résurrection d’un Etat-providence repensé « avec les Français, et non plus pour les Français ». Et à recouvrer un peu de « l’humilité » que l’arrogance ou le scientisme ont chassé. Surtout, cet expert des sujets de santé et d’intergénération, espère que « l’événement coronavirus » révélera au plus grand nombre – et à la classe politique dirigeante – les trésors du « care », cette éthique de la sollicitude qui emmêle harmonieusement « soin de soi » et « soin de l’autre ». L’heure est de se tourner vers un « égoïsme solidaire ».

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Serge Guérin s’exprime sur la pandémie du Covid-19 dans la Tribune (Crédits : Ortola)

LA TRIBUNE – Ce moment si particulier de début de confinement, comment l’éprouvez-vous intimement, comment l’interprétez-vous intellectuellement ?

Serge Guérin : Je suis un « hyper-actif », en besoin et plaisir permanent d’interagir visuellement, verbalement, intellectuellement avec autrui ; le confinement n’est vraiment pas fait pour moi (rires) ! Pour l’heure, je demeure très occupé – à échanger avec des proches, à résoudre des problèmes administratifs et techniques, à voir comment me rendre utile, à adapter les cours pour mes étudiants, à répondre aux journalistes, etc. Mais plus tard ? Si cette réclusion perdure ? L’inquiétude personnelle du moment se concentre essentiellement sur la vulnérabilité de certains de mes proches, de santé fragile et que je ne peux accompagner physiquement. L’inquiétude plus générale est proportionnée à la dimension de la déflagration : dans quel état psychique, social et économie allons-nous sortir ?

Le dogme dominant, celui qui dicte nos comportements et modes de vie, est le mouvement. « Oser » avouer le plaisir ou les vertus des antonymes – silence, lenteur, immobilisme – est même suspect. Cette claustration forcée peut-elle permettre d’en réveiller et surtout faire connaître les trésors ?

A cet égard, et même si cela peut paraître anecdotique et même amusant, il faut souligner que celui qui nous impose – avec raison – de nous confiner dans l’immobilisme physique est un chef d’Etat qui, dans son comportement et son ADN politique, incarne comme personne le mouvement perpétuel et dont la formation politique a pour nom… En marche ! L’idéologie presque dictatoriale de l’action, du « bougisme » ainsi décrit par Pierre-André Taguieff, est balayée par son emblème le plus caricatural !

Indéniablement, et moi-même qui me reconnais pleinement dans les propriétés de l’action le concède, ce moment doit être une opportunité pour « regarder » les attributs du temps long, du temps lent, pour s’écouter et dialoguer autrement. L’écologie humaine globale questionne en profondeur ce sujet, y compris parce qu’elle nous expose une règle d’or : le rythme du temps conditionne l’état de fragilité. En d’autres termes, ralentir le rythme et adapter l’environnement réduit l’exposition à la fragilité, et bien sûr réciproquement.

« La vitesse et l’étendue vertigineuses de la propagation du virus résultent de la quasi instantanéité des échanges humains, de l’étourdissante mobilité humaine, de l’extrême densité humaine. Ce n’est pas le virus qui se déplace : ce sont les humains qui le déplacent, ce sont l’économie mondialisée et le culte de l’immédiateté qui le déplacent. »

A ce titre, les propriétés contagieuses du virus Covid-19 ne constituent-elles pas elles-mêmes une leçon ?

Absolument. Ce virus n’est pas aéroporté, il se transmet exclusivement par l’homme. La vitesse et l’étendue vertigineuses de sa propagation résultent de la quasi instantanéité des échanges humains, de l’étourdissante mobilité humaine, de l’extrême densité humaine.

Ce n’est pas le virus qui se déplace : ce sont les humains qui le déplacent, ce sont l’économie mondialisée et le culte de l’immédiateté qui le déplacent. Nous allons faire l’expérience que le ralentissement drastique du « temps physique » et l’imperméabilité des échanges humains, liés au confinement, sont le seul moyen d’endiguer la pandémie.

Cela nous change de la « dictature de l’urgence », pour reprendre le titre d’un ouvrage de Gilles Finchelstein. Ce qui va à l’inverse absolu de l’idéologie dominante : « celui qui gagne est celui qui va le plus vite et s’adapte le plus vite ». Renversement de perspective instantané !

Dans son acception grecque (Krisis) ou latine (crisis), la crise est une ouverture aux possibles et aux issues les plus antithétiques. L' »état » de l’Etat français, l' »état » de la gouvernance internationale, mais aussi l' »état » des individus – dans leur individualité comme dans leur rapport à la collectivité – autorisent-ils un espoir ?

« L’espérance est un risque à prendre » : je fais mienne, cardinale, cette belle formule de Georges Bernanos. Le pessimisme, surtout lorsqu’il déborde de la rationalité et du fondement réaliste, est inutile. Et même contre-productif, comme s’y emploient les adeptes de la collapsologie. Difficile de construire une issue concrète et partagée à une crise sur le seul terreau de la désespérance.

Les slogans vides du type « indignez-vous » ne produisent pas de solutions, la désespérance est soeur du fatalisme et nie le sens. Or sans sens, sans vision de l’avenir souhaité et possible, point de possibilité de réveil.

Primo Levi l’a si bien écrit : entre le blanc et le noir, situés aux extrémités du spectre, existe un infini nuancier de gris. Dans les gris les plus sombres, la demande d’un régime plus autoritaire ; dans les gris foncés, les logiques et les mécanismes qui s’emploieront à « un retour comme avant » ; dans les gris clairs, fourmille une multitude de raisonnements, de prises de consciences, d’initiatives entrepreneuriales, associatives, communales, territoriales, individuelles qui explorent un autre avenir. Focalisons-nous sur leurs promoteurs.

La première épreuve à laquelle sont exposés les Français, cloîtrés dans l’intimité de leur foyer ou de leur solitude, est celle du rapport d' »eux à eux-mêmes ». Là aussi l’éventail des réactions est infini, certains périls sont redoutés – au sein des couples « déjà » déchirés, dans les foyers incompatibles avec la promiscuité, chez les personnes vulnérables aux addictions et aux violences physiques et sexuelles, etc. – ; le sociologue pronostique-t-il des faits saillants ?

Pour exemple, l’idée du président de la Région Hauts-de-France Xavier Bertrand de proposer aux personnes confinées de consulter par téléphone des psychiatres ou psychologues est une excellente approche excellente dans cette période. Un service qui devrait perdurer après la sortie de crise.

Se retrouver pour un temps indéterminé seul face à soi-même est une opportunité, dès lors que l’environnement affectif et matériel ne constitue pas un obstacle, dès lors aussi que l’on est personnellement, psychiquement, en condition de se mettre à nu. Nous ne disposons pas des mêmes capacités de ressourcement, d’une manière uniforme de gérer une circonstance déstabilisante.

La situation personnelle, sociale, familiale ou économique, peut jouer fortement, et se répercuter sur la façon de vivre ce confinement. Les couples en crise avant ont peu de chances de se porter mieux pendant. Il y a malheureusement à redouter effectivement une augmentation des dérapages, plus ou moins aigus et graves. Lorsqu’on ne supporte pas l’agitation de ses enfants ? Lorsque le dialogue est rompu avec sa compagne ou son compagnon ? Lorsque la consommation d’alcool expose à la violence ?

« Une multitude de raisonnements, de prises de consciences, d’initiatives entrepreneuriales, associatives, communales, territoriales, individuelles qui explorent un autre avenir, fourmille. Focalisons-nous sur leurs promoteurs. »

A contrario d’aucuns pronostiquent un effet « baby boom » d’ici neuf à dix mois. Ils omettent que le bondissement des naissances au lendemain de la guerre avait pour théâtre une re… naissance, pour scène une euphorie contagieuse…

Absolument. Comment vouloir enfanter lorsque le contexte est à ce point anxiogène et l’avenir aussi incertain ? Et puis, dans l’après-guerre, les moyens contraceptifs n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. Sur ce plan, il faudra regarder l’évolution de deux indices : « baby-boom » et… « divorce boom » !

Chaque nouveau rapport d’études le confirme : l’ampleur des inégalités croit inexorablement au sein de la société française. Ce « moment » que nous subissons pourrait être de nature à les dégrader davantage encore. Ou au contraire – et alors à quelles conditions ? – à les réduire. Ces inégalités, un sujet les concentre et les symbolise : le lieu du confinement. Et les manifestations sont paradoxales, qui constituent autant de marqueurs singuliers…

C’est d’ailleurs un peu la revanche des gilets jaunes. Nombre d’entre eux vivent en zones rurales ou périurbaines, dans une maison modeste mais souvent pourvue d’un jardin, même petit. Le confinement dans de telles conditions peut sembler plus tolérable que l’exigu 2 pièces dans un beau quartier parisien.

Mais attention, c’est aussi du côté des gilets jaunes que l’on trouve le plus d’individus aujourd’hui sur le front : personnels de soin en premier lieu, mais travailleurs dans les magasins d’alimentation, professionnels de la sécurité, postiers…. et c’est du côté des mêmes gilets jaunes que le chômage frappe déjà et frappera le plus durement.

A l’autre bout de l’échelle sociale, le mouvement d’exode de Français plus privilégiés, nantis d’une résidence secondaire loin des villes, et qui pour certains ont déversé leur satisfaction prétentieuse sur les réseaux sociaux, exerce une sacrée violence symbolique. Sans compter les effets de leur invasion de territoires aux équipements de santé limités.

Et ce n’est pas seulement symbolique ; comment, par un effet boomerang, ne pas penser aux moins bien lotis, cloîtrés dans des espaces réduits ? Mais ces privilégiés font aussi l’épreuve du rejet, de la part des autochtones envers ces « citadins » qui viennent « potentiellement les infecter ». On voit aussi des jeunes, certes minoritaires, qui visiblement ne veulent pas jouer le jeu et se sentent parfaitement étranger à cette « guerre ». J’entends déjà dire que le « commun » domine dans cette période, mais je crois que la réalité est plus nuancée.

Si seulement, de cette expérience d’ostracisme subi, ils pouvaient tirer des enseignements quant à l’ostracisme exercé, celui par exemple qu’ils peuvent réserver aux migrants…

Partout il est question de « prendre soin ». Or jamais le fameux principe du « care », depuis longtemps négligé et même raillé – Martine Aubry, sèchement défaite lors des Primaires socialistes de 2012, lui avait consacré le substrat cardinal de son programme – n’avait été à ce point sollicité. Cette prise de conscience peut-elle dépasser le cadre des circonstances et être durable ?

C’est là un sujet majeur. Qu’est-ce que le care ? Une « éthique de la sollicitude », valorisant « le soin et l’attention à l’autre ». Or tout, aujourd’hui, est care. Que demande-t-on à la population, qu’exige-t-on d’elle ? De prendre soin d’elle-même pour prendre soin de l’autre… Le « prends soin de toi », qui fleurit dans nos conversations, dans la signature de nos textos, exprime une culture du care, une attention à l’autre qui est aussi une attention de soi.

… Mais l’enjeu véritable est de dépasser le soin de soi pour porter le soin à l’autre. Le care est altruisme, il n’est pas égotisme, et ses vertus humanistes et sociétales dépendent de sa faculté d’essaimer, de ramifier, d’unir…

Bien sûr. C’est pourquoi nous louons aujourd’hui l’ensemble de la communauté des soignants – au sens très large de son acception, puisqu’il faut y inclure tous les invisibles : personnels de santé et de soin, volontaires, réserve sanitaire, administratifs, accompagnants au domicile qui forment la longue chaîne du care.

Je n’oublie surtout pas les aidants d’un proche qui sont encore plus isolés aujourd’hui. Ces soldats du front risquent pour eux-mêmes afin de nous venir en aide ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est si important de respecter les consignes de confinement, car de leur stricte application dépendent les conditions dans lesquelles ils vont pouvoir exercer leur mission.

Le confinement est une illustration du vœu du care, et aussi de cette interdépendance liant le soin de soi au soin de l’autre : en prenant soin de moi, je limite la propagation du virus et donc participe à prendre soin d’autrui. C’est bien la notion de « soin mutuel » qui est un levier majeur du care. Si la conscience que nous avons du virus nous permet de prendre conscience de cette absolue interaction, peut-être que cette conscience nouvelle du care perdurera. Au mois dans une partie de la population.

 » Le mouvement d’exode des Français privilégiés, nantis d’une résidence secondaire loin des villes, et qui pour certains ont déversé leur satisfaction prétentieuse sur les réseaux sociaux, exerce une sacrée violence symbolique « 

Chacun, aujourd’hui, est imparablement confronté à la conscience de sa vulnérabilité personnelle. Dans ce champ aussi, il est à espérer que cette introspection diffuse une conscience universelle de la vulnérabilité. Jusqu’à remettre en question quelques principes a priori invincibles : réussite, conquête, succès, compétition… ?

… et aussi : performance et autonomie. Cette double doctrine, si hégémonique, est défaite. Nous découvrons que nous sommes incroyablement dépendants – en premier lieu des soignants, mais aussi du comportement de chaque « autre » -, et la performance est désormais l’immobilisme, la réclusion.

Les fondements de l’idéologie dominante sont totalement inversés, nous assistons à une formidable révolution. C’est la question de la conscience de l’autre, du don, dont Mauss a montré l’aspect essentiel dans la relation humaine.

C’est le « nous sommes » de Camus : « j’ai besoin des autres qui ont besoin de moi », écrit-il dans L’Homme révolté. Une de mes filles m’a fait relire L’Entraide de Kropotkine qui évoquait le plaisir de pratiquer le soin mutuel.

Mais attention, tout cela s’applique au moment présent, et ne concerne qu’une partie de la société française.

A long terme, c’est-à-dire au-delà de la crise, peut-on donc penser que cet électrochoc modifiera la considération de la société et des gouvernants pour les notions mêmes de fragilité et de vulnérabilité ?

Il est trop tôt pour l’affirmer. Deux réflexes peuvent dominer. Le premier consiste à revenir très vite à ses habitudes. Le second serait que le choc issu de la pandémie produise une sorte d' »égoïsme solidaire » tel que je qualifie le care – « j’ai tout intérêt que la société prenne en compte toutes les formes de fragilité puisque celles-ci peuvent du jour au lendemain me frapper ». Dans ce cas, nous pourrions espérer une société différente.

 » Le confinement est une illustration du vœu du care, et aussi de cette interdépendance liant le soin de soi au soin de l’autre : en prenant soin de moi, je limite la propagation du virus et donc participe à prendre soin d’autrui. « 

Imaginons l’hypothèse, funeste, d’une implosion de l’organisation et des services de soins, d’une déflagration humaine frappant malades et soignants, victimes communes d’une dégradation du système de santé depuis longtemps dénoncée. Quelle sanction politique, Emmanuel Macron et Edouard Philippe pourraient-ils essuyer ?

Voilà un an que les personnels des hôpitaux publics alertent les gouvernants sur leur situation, catastrophique. Qu’il s’agisse de rémunération, de ressources humaines, de moyens financiers, de conditions de travail, le cri d’alarme n’a cessé de retentir, pour des résultats très en-deçà des besoins. Aujourd’hui, et alors que la pandémie va mettre davantage en lumière ces tensions extrêmes, il n’est pas imaginable que des mesures à la hauteur de la gravité ne seront pas prises une fois la crise passée.

Sera-ce suffisant pour endiguer l’éruption ?

Certainement pas. A l’union nationale qui – heureusement – domine aujourd’hui succédera l’heure des enseignements. Et des comptes. La nation aura besoin d’un signal fort. Emmanuel Macron mué en chef de guerre peut sortir renforcé. Mais aussi très fragilisé par sa gestion comme par sa posture et par la situation économique qui menace d’être catastrophique. Aucun scénario n’est à exclure. Ni l’expression d’une attente pour un Etat fort et même autoritaire ; ni l’envie d’un changement profond de politique pour revenir à un Etat providence – une sorte de gaullisme social version XXIe siècle (et lesté d’un effroyable endettement) serait une possibilité. Reste une question centrale : qui pourra incarner un débouché politique ?

Les exemples d’actes de solidarité fleurissent, et d’aucuns de prophétiser le réveil du « sentiment de citoyenneté » au sein de la population. Est-ce crédible ? Réaliste à grande échelle ? Et surtout, là encore, durable ?

Les amortisseurs de la société sont composés du foisonnement permanent des initiatives de micro-solidarité. Elles témoignent qu’une société progresse par elle-même et non à partir des directives d’Etat. Mais elles font face à un redoutable adversaire : la tentation du repli, de se recroqueviller, de se claquemurer. Là encore s’impose le nuancier des gris cher à Primo Levi…

Il est un domaine, en revanche, où ce « sentiment de citoyenneté » pourrait se manifester de manière spectaculaire : la confiance en la science. On le sait, celle-ci est en berne, et que la France, pourtant patrie de Pasteur, trône au sommet des pays les plus rétifs aux vaccinations en est un symptôme. Qui aujourd’hui oserait refuser un vaccin contre le covid-19 ? Personne ou presque…

A l’union nationale qui – heureusement – domine aujourd’hui succédera l’heure des enseignements. Et des comptes. La nation aura besoin d’un signal fort

… Or, existe-t-il plus fort symbole de la double conscience du soin pour soi et du soin pour autrui que l’antidote ?

Que n’a-t-on pas lu ou écouté, également, d’aspirations à profiter de cette crise pour « changer son comportement », « changer son rapport à la consommation », « changer la hiérarchie de son essentiel et de son important », « changer son rapport aux autres », au final « révolutionner le logiciel libéral et capitaliste » qui régit le monde, notre rapport au monde, notre existence dans le monde. Cet archipel d’exhortations peut-il coaguler, composer une force unitaire, et porter concrètement un aggiornamento aussi ambitieux et disruptif ? Surtout pourra-t-il contenir le rouleau-compresseur marchand de nouveau lorsque germera la sortie de crise ?

Il est trop tôt pour mesurer l’ampleur des dégâts économiques, financiers, sociaux sur la planète, il est donc trop tôt pour estimer comment et dans quelle direction les principaux « dirigeants » de ce système – politiques, banques privées et banques centrales, organisations de gouvernance internationale, etc. – voudront et pourront le faire évoluer. Mais pour l’heure, là encore le pessimisme n’est pas de mise. Ne l’oublions pas : de tous les systèmes économiques qui ont régi le monde, le capitalisme – et son levier : l’économie de marché – est celui qui s’est toujours le mieux adapté.

Ce qui est assez prévisible est que l’Etat – avec certainement le soutien de grandes entreprises – devra investir fortement dans le secteur de la santé, aux plans de l’emploi comme des équipements. La question d’une relocalisation, au moins partielle, de la fabrication de médicaments et d’équipements sera aussi posée. L’affaire des « masques » laissera des traces.

Ce retour possible à une forme de keynésianisme permettra aussi, je l’espère, d’invertir dans la transition écologique (par exemple sur l’habitat, aux fins d’améliorer la performance énergétique et de favoriser l’emploi auprès d’utilisateurs de plus en plus âgés. Ces actions, en plus, pourraient offrir des débouchés autant à des fleurons français de l’industrie qu’à des artisans et des PME.

Il est donc « trop tôt », mais ne peut-on pas d’ores et déjà pronostiquer que la conscientisation écologique pourrait s’enraciner plus profondément et plus durablement, jusqu’à peser de manière substantielle et… durable sur les futurs rapports de force économiques, financiers et politiques ?

Cette direction devra faire la preuve que les intérêts économiques et financiers, pierre angulaire du système capitaliste, ne sont pas affaiblis par l’intérêt sociétal, environnemental, social, tout simplement humaniste auquel notre renaissance, demain, aspirera plus que jamais. Peut-on inventer une « économie sociale et responsable de marché » ?

Dans une (très belle) tribune publiée dans Libération (20 mars) et titrée « Coronavirus : le soin n’est pas la guerre », Pascale Molinier, professeure de psychologie sociale à l’Université Sorbonne – Paris Nord, fustige le diktat des chiffres – « n’en déplaise à la technocratie, ils ne nous parlent pas, au mieux ils nous effraient, nous risquons de leur être plus que jamais arraisonnés quand, pour nous sentir concernés et grandir en responsabilité, nous aurions besoin de récits qui nous ramènent à la vie »  – pour mieux mettre en lumière « l’inestimable » travail des soignants, « au sens où n’étant pas inscrit dans la performance technique ou la compétitivité, il ne se mesure pas, en même temps qu’il est ce qui compte le plus ». L’épreuve que nous traversons met en lumière la valeur des taches non chiffrables, non marchandes, pourtant les plus essentielles, les plus contributives aux besoins d’humanité et donc à l’Humanité elle-même. Que peut-il rester de cette prise de conscience collective ? Peut-il nous aider, collectivement, à redéfinir ce « fait bien commun » ?

C’est le pari de Pascal ! Tentons-le. Le virus, comme le réchauffement climatique, crée du commun au sens où chacun, quelle que soit sa position sociale, peut être touché. Même si les plus riches s’en sortent bien mieux que les autres. Toute l’histoire des épidémies a montré que les dégâts (parfois avec plus de 50% de mortalité) étaient très largement centrés sur les plus fragiles. Par ailleurs, si 80% de la population se sent confinée, et, après un moment de flottement, concernée par le virus, il demeure des minorités qui ne partagent toujours pas ce souci du commun. Mais, il est possible, comme le montrent les applaudissements quotidiens à 20 heures pour les « héros du soin », qu’une prise de conscience prenne forme. « Il arrive que les décors s’écroulent », écrivait Camus.

Gageons et espérons que le diktat du moindre coût, qui a régi jusqu’à présent les flux de la mondialisation et la cartographie des sites de productions, ne sera plus hégémonique

L’organisation et le fonctionnement – ou plutôt le déficit d’organisation et les dysfonctionnements – de la mondialisation sont dès maintenant sur le gril. La « démondialisation », ou plus précisément les contours d’une « autre » mondialisation, sont en débat. Focalisons-nous sur deux chapitres : la proximité et les frontières. Demain pourrait-il être vraiment différent d’aujourd’hui ?

De découvrir l’impressionnante dépendance de la France envers la Chine en matière de production de médicaments a constitué un véritable électrochoc. Comment l’un des bastions mondiaux de la recherche dans l’ensemble des sciences médicales a-t-il pu ainsi se laisser menotter à une industrie située à l’autre bout du globe et elle-même si vulnérable ? Le diktat du moindre coût, qui a régi jusqu’à présent les flux de la mondialisation et la cartographie des sites de productions, ne devrait plus être hégémonique. La démondialisation avait déjà commencé, on peut espérer que la crise actuelle va l’accélérer.

Sans doute en effet allons-nous plébisciter les circuits courts, les logiques de proximité, y compris à l’égard des commerçants ; les boulangeries, les petits supermarchés, les regroupements de producteurs « bio » soutiennent aujourd’hui notre besoin de consommation ; nul doute que nous saurons nous en souvenir plus tard, et que ce réflexe servira les autres types de commerces de quartier.

Quant à la relation au territoire, nous (re)découvrons que le centre névralgique de notre existence quotidienne est la commune. Là est concentré notre lieu de vie. Et nous devons protéger notre périmètre de bien-être où nous nous sentons en sécurité. La problématique des frontières va être questionnée par beaucoup. Après tout, nous fermons bien notre maison à clé ; pourquoi ne ferions-nous pas de même à nos frontières lorsque le danger point ?

Faut-il rappeler que cette même logique du « bien-être entre nous », du « bien-être confiné », du « bien-être protégé », charpente les thèses xénophobes, europhobes, sécessionnistes, nationalistes, qui font le succès du RN en France, de l’AfD en Allemagne, de Vox en Espagne, de la Ligue en Italie, du Fidesz en Hongrie, du FPO en Autriche ? Et ailleurs en Europe ? Marine Le Pen s’est saisie de « l’heureuse opportunité » du Covid-19 pour scander les « vertus » de la fermeture des frontières… Une digue, une clôture, un verrou si lourds de symboles idéologiques…

Je ne nie pas ce spectre. Mais la présence et le fonctionnement de frontières ne doivent pas signifier de facto le refus de l’autre. Tout dépend du sens que l’on place dans l’édification desdites frontières, et pour cela des conditions de passage d’une frontière à l’autre.

Pourquoi ne considérerait-on pas que se sentir « bien chez soi » permet de mieux accepter l’accueil des autres, à des conditions connues de tous et qui sont respectueuses des principes humains élémentaires ? N’est-ce pas d’avoir nié cette réalité, n’est-ce pas d’avoir négligé ou même méprisé le besoin des individus de maîtriser leur périmètre d’existence, qui a répandu la peur et donc le rejet des « autres » ?

Deux de vos domaines spécifiques de recherche sont les relations intergénérationnelles et la santé. La situation des aînés, auxquels tout contact avec leurs enfants et petits-enfants a été décrété avant le confinement, est particulièrement aiguë. Au-delà, quelles conséquences sociologiques cette rupture de lien fait-elle peser ?

Au sujet du « bien vieillir », la qualité, la régularité, la douceur du « lien » humain contribuent de manière capitale. L’être humain est un être humain social, et le priver brutalement de lien est insupportable. Les aînés, déjà dans la souffrance – physique, psychique, liée à leur déclin ou à leur solitude -, sont les premières victimes, et cela pas seulement parce qu’ils sont les plus exposés à la mort.

Peut-on imaginer ce qu’ils éprouvent, au fond d’eux-mêmes, conscients qu’ils ne reverront peut-être plus leurs proches ? Ce qu’ils ressentent aussi parce que l’implication des aides, accompagnants, bénévoles qui leur apportent un peu d’humanité, elle aussi se raréfie ?

La situation que nous traversons aura eu toutefois un mérite : celui, comme ce fut le cas lors de la canicule de 2003 qui les avait décimés, de nous inviter à leur porter attention et compassion. Peut-être, au moins le temps de cette tragédie, aurons-nous un peu plus de considération pour eux, et aussi nous estimerons-nous un peu plus responsables à leur égard. D’ailleurs, nombre d’initiatives « technologiques » (Skype, téléphone Face time, internet) sont mobilisées pour maintenir un lien entre les générations.

Au Royaume-Uni notamment, comme peut le laisser penser la stratégie adoptée au début par le Premier ministre Boris Johnson, mais aussi dans le débat public, des voix se sont entendre pour légitimer le principe de « sélection naturelle » – un détournement du darwinisme -, qui serait à mettre en perspective du développement exponentiel de la démographie mondiale. Et de convoquer l’histoire, rythmée par des pandémies qui ont régulé « naturellement » les populations. Est-ce audible ? Un tel débat est-il éthiquement tolérable ?

Vous évoquez Darwin, j’ai retrouvé très récemment dans un ouvrage d’entretien que vous avez réalisé avec le paléoanthropologue Pascal Picq [Une époque formidable, 2019, L’Aube], le principe de « descendance avec modification », plus riche que cette notion de « sélection »… Démographes, économistes, sociologues, scientifiques sont questionnés. Il y a une trentaine d’années, les plus de 75 ans étaient quasi absents de l’espace et donc du débat publics, quasi absents aussi des enjeux sociétaux et économiques. Or aujourd’hui, ils sont 6 millions en France, et cristallisent nombre d’enjeux majeurs : tourisme, consommation, santé… En 2021, les premiers « babyboomers » rejoindront cette classe d’âge, qu’on estime au-delà des 12 millions d’âmes en 2060.

Voilà pour le « petit prisme » des « aînés français » ; mais que dire de la démographie planétaire dans son exhaustivité ? Jusqu’où va-t-elle poursuivre son essor ? Entretenir la nécessité productiviste ? Consommer les ressources naturelles ? Même de l’ordre du symbole, d’aucuns regardent le virus Covid-19 s’étendre tel une revanche de la nature sur une espèce humaine qui l’asservit sans retenue, l’exploite sans considération, la maltraite éhontément.

Une revanche, mais aussi un rappel à l’ordre à l’égard des scientistes, prométhéens et autres transhumanistes que l’arrogance et la vanité rend assoiffés de ne pas vieillir, et même de ne pas mourir. Donc oui, ce débat est extrêmement sensible, il convoque des opinions antagonistes, il est éthiquement très délicat, mais il mérite de ne pas être esquivé.

Le modèle social à reconstruire devra être repensé avec les Français, et non plus pour les Français, il devra avoir pour substrat : « Français, je vous fais confiance »

Chaque jour davantage le terme refait surface – y compris lorsqu’est évoqué, jusque dans l’Allemagne d’Angela Merkel, le recours aux nationalisations d’entreprises stratégiques qui vacillent -, Emmanuel Macron lui-même y a fait référence : l’heure est au retour de l’Etat-providence. Mais sous quelle forme est-il possible de ou faut-il le réinitialiser ? Les Français d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes qu’hier, leurs aspirations, leurs dispositions, leurs facultés – par exemple d’autonomie – diffèrent, la société a évolué parallèlement aux bouleversements technologiques, communicationnels, spatiaux, temporels, et donc au déclin progressif de l’Etat-providence ; si cette dernière ressuscite, elle devra s’ajuster aux comportements, aux raisonnements, aux exigences nouveaux…

D’écouter, de la bouche d’un chef de l’Etat en tous points hostile à l’Etat-providence, l’absolue nécessité de le relancer… quelle rupture idéologique en effet ! Reste toutefois des limites à cette régénérescence, qui d’ailleurs font la distinction d’avec les périodes de prospérité : le niveau de la dette publique. Elle était déjà colossale, elle deviendra abyssale. Sans doute l’Etat devra-t-il se concentrer sur une poignée de disciplines régaliennes : la santé, la sécurité, l’éducation, l’économie, la justice…

Le modèle social à reconstruire devra composer avec cette réalité, avec aussi celle à laquelle vous faites référence : les volontés et les besoins des Français. En d’autres termes, ce modèle social devra être repensé avec les Français, et non plus pour les Français, il devra avoir pour substrat : « Français, je vous fais confiance ». Ce qui imposera de décentraliser, de solliciter de nouveau – enfin ?! – les corps intermédiaires. De voir aussi comment chacun d’entre nous peut contribuer à ce modèle renouvelé…

… et sans doute aussi de réinventer l’architecture de la démocratie. Laquelle devra intégrer l’aspiration et la capacité citoyennes à « agir en responsabilité »…

C’est indéniable. L’initiative du chef de l’Etat, de la Convention citoyenne pour le climat à laquelle participent 150 Français – nécessairement en sommeil aujourd’hui – va dans ce sens. Les réflexions devront tenir compte des contributions, déterminantes, issues des territoires et en premier lieu des communes, elles devront faire la part belle non pas à la démocratie participative mais à une démocratie représentative intégrant les dispositions des citoyens à exercer des tâches en responsabilité.

Le chef de l’Etat l’a affirmé lors de son allocution du 16 mars annonçant le confinement. « Lorsque nous serons sortis vainqueurs [de la guerre contre le coronavirus], le jour d’après ce ne sera pas un retour aux jours d’avant » (…). « Cette période nous aura beaucoup appris. Beaucoup de certitudes, de convictions sont balayées, (…). Nous aurons appris et je saurai aussi avec vous en tirer toutes les conséquences (…). Hissons-nous individuellement et collectivement à la hauteur du moment ». En résumé, comment imaginez-vous et comment espérez-vous que prenne forme ce « jour d’après » ?

Un mot surgit spontanément, qui résume mon vœu : humilité. Oui, cette épreuve est une exhortation à être humble, elle est un appel à « nous » considérer avec immense modestie. La planète est déstabilisée, ébranlée, dévastée par un « simple » virus, ce qui doit nous rappeler à notre juste taille, à notre juste puissance, à notre juste pouvoir : peu. Ce qui, aussi, doit nous obliger à regarder la Terre non plus comme un simple espace d’exploitation et de consommation, mais comme notre mère et notre patrie commune.

Entretien entre Sergue Guérin et Denis Lafay de la Tribune-Auvergne Rhône-Alpes

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Serge Guérin est directeur du MSc « Directeur des établissements de santé », à l’Inseec Paris. Derniers livres parus : Les Quincados (Calmann-Lévy, 2019), et Médecines complémentaires et alternatives. Pour et Contre ? (Michalon, 2019).

 



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