jeudi 31 août 2017

lundi 21 août 2017

mardi 8 août 2017

Réda Dalil, Leila Slimani, Abdellah Taïa et Mahi Binebine nous ont conseillé 8 livres à lire pendant les vacances. Voici la sélection de quatre écrivains marocains parmi les plus en vue.

Réda Dalil, prix de la Mamounia 2014 pour son roman « Le job »

REDA-DALIL

  • Article 353 du code pénal de Tanguy Viel. Aux éditions Minuit ( 2017)

« C’est un roman dépouillé d’affect, sans artifice, mais servi par une construction d’une efficacité folle. Le topo du livre est classique certes, mais l’auteur réussit ce tour de force d’exposer les petites faiblesses d’un homme, ses lâchetés, son incapacité à confronter son agresseur, mais aussi cette maudite capacité qu’a l’être humain à espérer, encore et toujours malgré l’évidence des faits. Rudement bien mené et écrit à la serpe, le roman se termine sur un intéressant coup de théâtre. »

L’article 353 du code pénal raconte le calvaire d’un ouvrier du finistère, victime comme la plupart des habitants de sa petite commune balnéaire d’un promoteur immobilier véreux. L’escroc fait miroiter des gains mirobolants aux petits retraités du village pour les soulager de leurs économies. Il est là, déambule et serre des mains tout au long du récit. Le temps passe, les résidences promises ne sortent pas de terre, cependant, personne, ni le maire grugé, ni les habitants de la localité spoliés ne réagissent.

  • Un fils parfait de Mathieu Ménégaux. Aux éditions Grasset ( 2017)

« Ce roman est dérangeant à plus d’un titre, mais écrit avec une étonnante placidité. Il rend compte du calvaire de femmes prises dans l’étau de pervers narcissiques doublés dans ce cas précis de prédateurs sexuels. Un livre dont on ressort vidés, amers, mais qui vaut largement les trois heures qu’on voudra bien lui consacrer. »

La vie conjugale de Daphné commence comme un conte de fées. Elle a trouvé l’homme parfait. Peu à peu, l’endorphine des débuts s’émousse sans pour autant que l’élan initial ne se dissipe. Les enfants arrivent et avec, l’installation mollassonne dans un quotidien bourgeois stéréotypé. Maxime est un père attentionné. Ses deux petites filles le vénèrent. Grâce au soutien de son mari, Daphné peut reprendre sa carrière de VRP dans une multinationale. Elle culpabilise de beaucoup voyager, mais se rassure par la présence de son mari auprès de ses deux filles. Sauf que l’homme parfait n’est que la façade Potemkine d’un monstre de la pire espèce.

Leila Slimani, prix Goncourt 2016 pour son roman « Chanson douce »

Leila Slimani conseille des livres pour l'été

  • Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. Aux éditions Gallimard (2014)

« C’est une écrivaine nigériane extraordinaire qui a publié ce roman, ainsi que des textes sur le féminisme dans un recueil nommé We Should All Be Feminists. Des textes que je conseille aussi. »

Americanah raconte le vécu de Ifemelu, une Nigériane partie faire ses études aux Etats-Unis. Laissant son amour derrière elle, elle se rend compte de l’importance de sa couleur dans une Amérique raciste et discriminante. Le livre contient des passages drôles, qui viennent sortir le lecteur de la gravité de l’ensemble. Loin d’être politiquement correct, Americanah balaie le cliché que l’on peut avoir sur un immigrant.

  • Voici venir les rêveurs d’Imbolo Mbue. Aux éditions Belfond (2016)

« C’est une autre écrivaine d’origine africaine que j’aime beaucoup. Voici venir les rêveurs est un très beau texte. »

Voici venir les rêveurs s’intéresse également à la thématique de la migration. Il raconte l’histoire d’une famille camerounaise émigrée à New York. Un écrit sur le choc des cultures et les rêves qui s’évanouissent une fois arrivés sur la terre promise. Après l’idéalisation de la nouvelle vie vient l’ancrage dans la réalité, qui n’est pas toujours facile à vivre ou à assumer.

Abdellah Taïa, prix Flore 2010 pour son roman « Le jour du roi »

Abdellah Taïa nous conseille des livres pour l'été

  • Continents à la dérive de Russel Banks. Aux éditions Actes Sud (2016)

« C’est un roman qui m’a totalement bouleversé. Ce roman a été publié dans les années 80 par l’écrivain américain Russel Banks, et a été traduit en français fin 2016. C’est un livre qui évoque la migration et la poursuite d’un idéal qui se transforme en cauchemar. Des sujets d’actualité qui en font une oeuvre plus que jamais nécessaire. Banks frappe par le souffle romanesque qui traverse son livre de bout en bout. Une fois qu’on l’a en mains, on ne peut plus le lâcher, alors qu’il fait 500 pages. »

Continents à la dérive raconte deux histoires totalement indépendantes qui se croisent à un certain point du processus narratif. Il s’agit d’un Américain qui va décider de migrer avec sa famille à Miami afin de réaliser son rêve américain, puis d’une femme, de son garçon et de son nouveau qui vont fuir Haïti et tenter par tous les moyens d’atteindre les Etats-Unis. Au fil de ces deux parcours, ils découvrent une réalité qu’ils ne soupçonnaient pas, celle de l’isolement affectif et de l’injustice.

  • Lettres portugaises de Gabriel Guilleragues. Aux éditions Menfycircle (1669)

« Cette oeuvre est tellement importante pour moi parce qu’elle parle d’amour, et ça me renvoie à ma jeunesse, lorsque je regardais des films égyptiens qui parlaient inévitablement d’amour. Ce recueil de lettres a cette capacité de trouver des mots simples et beaux qui parlent de ce sentiment, ça me rappelle les poèmes soufis mystiques de la fameuse Rabia Al-Adaouia. Lettres portugaises est un grand livre sur le courage que peut nous donner la foi d’aimer pour faire la guerre au monde entier. »

D’abord anonyme, Lettres portugaises a par la suite été considéré comme une oeuvre de fiction imaginée par Guilleragues. On y découvre cinq lettres d’une religieuse portugaise à un officier français. Ce dernier a tout fait pour la séduire, avant de l’abandonner une fois qu’elle est tombée amoureuse de lui. Tout au long des lettres, la religieuse se plaint de son abandon et relate la transformation progressive de ce qu’elle ressent suite à cette fin brutale. Une foi en l’amour qui laisse finalement place au désespoir.

Mahi Binebine, prix du Roman arabe 2010 pour son roman « Les étoiles de Sidi Moumen »

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  • Mourir est un enchantement de Yasmine Chami. Aux éditions Actes Sud (2017)

« C’est le dernier roman que j’ai lu. C’est un très beau texte. C’est d’une préciosité rare. D’ailleurs, ce roman est sélectionné pour le prix du Roman arabe qui se tient en septembre et où je suis juré. Donc je vais le défendre! Yasmine Chami surprend par le fait qu’il n’y a pas un mot qui n’est pas à sa place. Ensuite, l’histoire est très importante. Yasmine Chami nous parle d’un Maroc qu’on ne veut pas trop nous montrer, celui des 30 dernières années. Elle nous met le nez dans le caca et elle le fait bien! »

Mourir est un enchantement est un roman très photographique. Il raconte l’histoire d’une quarantenaire marocaine souffrant d’une maladie inquiétante. Un état qui la plongera en toute nostalgie dans le passé à travers ses anciennes photos. Le roman revient notamment vers les années 70 du Maroc. L’occasion de relater ce Maroc d’antan à travers un prisme à la fois intime et politique, en évoquant la situation de la femme à l’époque.

  • La faim de Knut Hamsun. Aux éditions Biblio (2004)

« Ce roman fait partie des livres que je relis chaque année. C’est l’histoire d’un journaliste pigiste qui a faim et qui essaie de vendre ses écrits. C’est juste un chef d’oeuvre. Ce qui est fascinant, c’est la capacité de ce prix Nobel de littérature à publier des romans aussi humanistes, alors qu’il fricotait avec le nazisme. Il se faisait d’ailleurs inviter chez Hitler. C’est cette schizophrénie qui est fascinante chez lui. A tel point que lorsqu’on a voulu le juger pour ses liens avec le nazisme, on ne pouvait le faire en se basant sur ses écrits. Il a alors été interné dans un hôpital psychiatrique où il a écrit un superbe roman qui s’appelle Les sentiers où l’herbe pousse. »

On suit le quotidien d’un journaliste et écrivain précaire, entre changement de domiciles fréquents et nuits passées dans la rue. Son récit est façonné par les personnages qu’il rencontre au fil des pages. De sa précarité résultera une déchéance psychique progressive qui se révèle à travers des réactions excessives et inexpliquées. Notre journaliste anonyme finira néanmoins par trouver une issue.

8 livres à trouver dans les bonnes librairies de Tanger.

La Dépèche.MA

 

 

 

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« Le Pavillon de l’exil ». Exposition de Mounir Fatmi à la Galerie Delacroix de Tanger jusqu’au 15 août 2017.

Mounir Fatmi dans Le Pavillon de l'exil
«Je suis semblable à celui qui portait sa brique pour montrer au monde comment était sa maison.»
Bertold Brecht
On m’a souvent posé cette question : comment je me considère en tant qu’artiste ? Ma réponse a toujours été la même : je me considère comme un travailleur immigré. Mon travail consiste à examiner ce que c’est d’être un artiste, lorsqu’il se sent étranger à son propre contexte culturel, voire à son propre rôle.
«De l’exil, j’ai fabriqué des lunettes pour voir» : j’ai écrit cette phrase en 1998. Depuis, je me pose la question de l’exil, ou plus précisément, c’est la question de l’exil qui s’est toujours posée à moi. Ayant volontairement quitté le Maroc, j’ai vécu dès lors avec la conscience aiguë de la séparation, du déplacement, du poids de l’identité. J’ai inscrit alors ma démarche dans ce déplacement permanent en l’affirmant dans plusieurs œuvres et expositions personnelles, comme «l’Art de la guerre» (ADN Platform, Barcelone, 2014), «Permanent Exile» (MAMCO, Genève, 2015). D’autres expositions collectives comme «Art en Exil» à la Galerie Keitelman, Bruxelles, et « Escale 01 » au Musée des archives Nationals, à Paris.
Plus récemment, le projet « le Pavillon de l’Exil » a été montré à la Biennale de Venise, dans le Pavillon Tunisien.

De cette nécessité, de cette urgence permanente de penser l’exil, est né le projet du Pavillon de l’Exil, comme un projet itinérant, proposant une cartographie parallèle, une géographie libre d’expositions temporaires, sous la forme d’escales dans différents pays.
Le projet pose la question de l’exil comme un nouvel espace à réinventer, à repenser et finalement à investir. Il veut interroger de manière à la fois globale et spécifique les liens entre les différentes formes de déplacements, qu’il s’agisse de la situation du migrant travailleur, de l’expatrié, du réfugié ou encore de l’exilé de guerre, de catastrophes naturelles, de problèmes économiques, de persécutions politiques ou raciales.

Le Pavillon de l’Exil veut investir et franchir toutes les frontières, revisiter les expériences de l’exil et en réactiver les traces dans l’Histoire. Où commence l’exil et où se finit-il ? Sommes-nous tous égaux face au déplacement et à l’exil ? De qui sommes-nous les exilés ?
Mounir Fatmi

Galerie Delacroix de l’Institut français de Tanger
86, rue de la Liberté
90000 Tanger

Vidéo Le Pavillon de l’exil

 

A propos de Mounir Fatmi

Mounir Fatmi est né en 1970 à Tanger, il vit et travaille entre Paris et Tanger.

Mounir Fatmi à la Galerie Delacroix de Tanger
Mounir Fatmi construit des espaces et des jeux de langage. Son travail traite de la désacralisation de l’objet religieux, de la déconstruction, de la fin des dogmes et des idéologies. Il s’intéresse spécialement à l’idée de la mort de l’objet de consommation. Cela peut s’appliquer à des machines photocopieurs, des câbles d’antennes, des cassettes VHS, une langue morte ou à un mouvement politique. Ses vidéos, installations, peintures ou sculptures mettent au jour nos ambiguïtés, nos doutes, nos peurs, nos désirs. Ils pointent l’actuel de notre monde, ce qui survient dans l’accident et en révèle la structure. L’œuvre de mounir fatmi offre un regard sur le monde à partir d’un autre angle de vue, en refusant d’être aveuglé par les conventions.

Son travail a été présenté au sein de nombreuses expositions personnelles, au Mamco, Genève, au Migros Museum für Gegenwarskunst, Zürich, au Musée Picasso, la guerre et la paix, Vallauris, au FRAC Alsace, Sélestat, au centre d’art contemporain le Parvis, à la Fondazione Collegio San Carlo, Modena, à la Fondation AK Bank d’Istanbul, au Museum Kunst Palast de Düsseldorf et au MMP+ de Marrakech.

Il a participé à plusieurs expositions collectives au Centre Georges Pompidou, Paris, Brooklyn Museum, New York, N.B.K., Berlin, MAXXI, Rome, Mori Art Museum, Tokyo, Museum on the Seam, Jerusalem, Moscow Museum of modern art, Moscou, Mathaf, Arab Museum of Modern Art, Doha, Hayward Gallery, Londres, Art Gallery of Western Australia, au Victoria & Albert Museum à Londres et au Van Abbemuseum, Eindhoven.

Ces installations on été sélectionnées dans le cadre de plusieurs biennales, la 52ème, la 54ème et la 57ème Biennale de Venise, la 8ème Biennale de Sharjah, la 5éme et la 7éme biennale de Dakar, la 2ème Biennale de Séville, la 5ème Biennale de Gwangju, la 10ème Biennale de Lyon, la 5ème Triennale d’Auckland, Fotofest 2014 Houston et au 10ème Rencontres de Bamako.

Il a reçu plusieurs prix dont le prix de la Biennale du Caire, en 2010, le Uriöt prize, Amsterdam, ainsi que le Grand Prix Léopold Sédar Senghor de la 7ème Biennale de Dakar en 2006 et sélectionné pour le prix Jameel Prize, du Victoria & Albert Museum, Londres en 2013.

 

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