vendredi 20 décembre 2019

Lotfi Akalay, homme d’affaires, de lettres, d’humour et de bien nous a quitté le 18 décembre à l’âge de 76 ans. J’appréciais beaucoup cet humaniste pour sa compagnie, sa gentillesse, sa culture et son humour facétieux. Un parcours étonnant et éclectique. Lotfi tu vas nous manquer…

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Décès de Lotfi Akalay

Entre Lotfi Akalay et Tanger ce fut une histoire d’amour. Né dans la cité du Détroit en 1943. Il fit ses études au lycée Regnault où il liera beaucoup d’amitiés et notamment avec Christine S qu’il retrouvera de nombreuses années plus tard et avec qui il fit un dernier parcours littéraire. Puis il étudia le droit et les sciences politiques à Paris.

Sur le plan des affaires, il fut directeur de Royal Air Maroc à Beyrouth créera son agence de voyages Calypso actuellement dirigé par son fils Salim.

Il se fit connaitre par de savoureuses chroniques humoristiques dans le quotidien marocain de gauche Al Bayanne dans les années 90 puis par ses écrits dans le journal La Vie Economique, le mensuel Femmes du Maroc, l’hebdomadaire international Jeune Afrique et le célèbre journal satirique français Charlie-Hebdo qui avait publié une de ses nouvelles, Le Candidat, sous forme de feuilleton durant l’été 1995.

Lotfi a également présenté une émission de radio sur le jazz et la musique classique sur Radio Méditerranée Internationale (Médi1).

En 1996, il a publié aux éditions du Seuil son premier roman, intitulé « Les Nuits d’Azed » qui a été traduit en huit langues : néerlandais, italien, portugais, grec, coréen, turc, chinois et espagnol.

En juin 1998, il publia « Ibn Battouta, Prince des Voyageurs » aux éditions casablancaises Le Fennec, passionnant récit de voyages du « premier touriste du monde », comme il disait.

En 2014, Lotfi Akalay a publié aux éditions Frogeraie avec le concours de François Baret « Conversations Avec Ibn Battouta », des dialogues plein d’humour entre l’auteur et cet infatigable voyageur du 14ème siècle, illustrés par des collages réalisés par les enfants des écoles de Tanger.

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Lotfi Akalay nous présente son livre chez Christine Keyeux-Schnöller (Photo Paul Brichet)

Puis il publiera encore chez Frogeraie : Le mouton, Tanger c’est Tanger, Ultra lala, L’âne de la nuit a frappé, Aïcha disait, Le voile ne cache pas tout,

Son dernier recueil, intitulé «Les Chaises de Tanger» produit avec Christine S pour les photos a été publié en 2018. Sa présentation à la Librairie des Colonnes fut un très beau moment avec de nombreux amis, admirateurs et admiratrices. Et qui aurait dit qu’un jour « la fameuse chaise » serait le personnage principal d’un livre…
Lotfi tanger-experience - le web magazine de Tanger - Lotfi Akalay aux Colonnes de Tanger
Lotfi Akalay et Christine Keyeux-Schnöller à la librairie des Colonnes de Tanger
Je me souviens également d’une soirée où nous parlions des petits métiers qui font le charme et la particularité de Tanger comme les cireurs de chaussures, les guides de la médina, les gardiens d’immeuble ou de parking. Je lui faisais part de mon intérêt pour le mystérieux métier de gardien de voitures à Tanger et quelques jours plus tard il me faisait parvenir un texte formidable sur cette activité très spéciale et particulière, intitulée Gardien que voici:

Gardien

par Lotfi Akalay

Je suis gardien, de voitures, dois-je le préciser ? Parce que, voyez-vous, gardien d’autre chose, c’est pas la joie. Le plus risqué, c’est gardien de la paix, lui qui n’aspire qu’à une chose : qu’on la lui fiche, cette paix qu’il est (mal) payé pour garder. La garder de qui, de quoi, au juste ? Elle ne risque pas de prendre la fuite, on n’est pas en Irak ou en Syrie, encore moins en Palestine occupée, tout de même !
Le plus prestigieux dans cette profession, c’est gardien des Lieux saints, à La Mecque, bien sûr. Lui, il se faisait appeler roi d’Arabie jusqu’au jour où il s’est ravisé : « je suis plus qu’un roi, je suis le gardien, The Gardien par excellence. » Bon, je ne vais pas m’étendre sur ce sujet, sachons raison garder.

Je me contenterai des voitures, c’est prudent, reposant et lucratif, qui dit mieux ? J’arbore sur ma blouse bleue une sorte d’écusson qui n’en est pas un, tout juste une plaque de cuivre toujours bien astiquée, portant fièrement un numéro qui m’a été attribué par la municipalité, non pas pour services rendus, mais pour services à rendre, ce qui fait de moi le gardien de l’information, une sorte de CSA, si l’on veut. J’informe qui de droit (je ne vous en dirai pas plus) des potins du quartier. C’est mon côté concierge mobile, je fais les cent pas le long de la rue qui m’a été assignée, mon fief à moi tout seul, armé de mon bâton qui tient lieu d’uniforme boisé. Pour ne rien vous cacher, il ne sert à rien, ce gourdin maigrelet sauf qu’il me distingue des passants ordinaires, ceux qu’on appelle les piétons. Je ne les aime pas car à quoi servent-ils, ces bons à rien ? Pour moi, un sans voiture est un cul-de-jatte, sans plus.

Celui qui n’a pas de voiture n’est ni plus ni moins qu’un parasite. Les piétons, on devrait leur interdire de circuler sans vergogne dans la rue. Vous remarquerez qu’ils sont plus nombreux au beau milieu de la chaussée que le long des trottoirs. Pourquoi ? Cette question, il n’y a que les automobilistes pour la poser ! On se résigne au trottoir quand le macadam est encombré et qu’on s’y bouscule sans ménagement. Sans compter que le Nouveau-Tangérois n’a toujours pas appris à marcher dans la rue. C’est vous qui avez l’obligation, et de vérifier où vous mettez le pied à cause des innombrables crevasses et des détritus, et d’esquiver le péquenot-citadin qui vous fonce dessus en regardant une fois à droite, une fois à gauche, mais jamais devant, c’est-à-dire en face de vous. Sur les trottoirs de Tanger, le parcours du combattant ressemble à une promenade santé en comparaison des infortunés péripatéticiens. D’où le choix du bitume-sauveur, moins pénible mais plus risqué, vu la notoire incompétence de nos conducteurs, notamment les chauffeurs de taxi et les conducteurs de camions. La conduite automobile est le seul exercice dans lequel les professionnels sont d’une nullité supérieure à celle des chauffeurs du dimanche, lundi, mardi, et jours suivants.

C’est pas tout ça, il va bien falloir que je vous parle de mon métier à moi : gardien de voitures. Sans ça, vous allez l’oublier à force de digressions. Etrange profession qui n’est réglementée par aucun code du travail, où le client doit payer un service qu’il n’a pas demandé et dont il se serait amplement passé. Dans le fond, il n’y a aucune obligation de régler cette facture sans facture et non déductible d’impôt.

Avant, je me contentais d’un demi dirham et même de moins, mais les cours grimpent inexorablement. Aujourd’hui, il n’y a que les pingres qui donnent un misérable dirham, la plupart des clients me remettent de deux à trois dirhams, au bas mot. Une fois, un quidam m’a tendu une pièce de cinq : « t’as la monnaie ? » Et moi, dédaigneux, je lui réponds : « saches que cinq dirhams, c’est ça la monnaie. » Il a passé la première et a pris la fuite, penaud comme un resquilleur. J’ai bien précisé : « la première » parce qu’il n’a pas de boîte de vitesse automatique, ce minable. A présent qu’il a viré sa cuti, ce sera cinq dirhams toutes les prochaines fois. Et s’il rechigne, qu’il aille se garer et se faire gruger ailleurs. Le chaland juteux, c’est celui qui se met en double position. Quand j’en vois un, j’accours en salivant et lui, m’accueille comme si j’étais le Messie. Ce sera dix dirhams, je le sais et il le sait parce que je lui épargne une contravention qui irait chercher dans les cent dirhams T.T.C. en bakchich. Quand survient ce cas de figure pas si extrême, l’agent me refile la moitié de la dîme parce que j’ai tout vu de son manège. C’est fou ce que les gens paient en impôt de vin. Sans tous ces contribuables pirates, le nombre de chômeurs aurait explosé comme un kamikaze sunnite à la sortie d’une mosquée chiite un vendredi.

 Le gardien est un fouineur armé d’un féroce don d’ubiquité. Vous voyez la Clio bleu nuit, là-bas ? Eh bien, elle est conduite par une jeune femme, la cliente idéale ; elle se gare le même jour à la même heure, grimpe au même étage et réapparaît au bout de quarante-cinq minutes pile poil. J‘ai fait mon enquête, son hôte est un généreux célibataire proche de la sénilité, sans doute quelqu’un dont l’épouse est amortie depuis une bonne décennie et qui garde encore une dose d’énergie à déverser sur de la chair fraîche. Dès que je le vois, je lui fais courbettes et salamalecs à foison moyennant une rétribution qui sonne son carillon sur le trébuchet de ma cagnotte. Et ce n’est pas tout : quand je fais mon rapport à l’officier de l’arrondissement (je ne vous dirai pas lequel), il me tapote affectueusement la joue et me confirme une fois de plus que mon agrément sera renouvelé : « pour ton grima, dounia hania ». Je gagne sur tous les tableaux et c’est ainsi que je m’enrichis lentement, sûrement, et le plus discrètement du monde. Je pourrais même me payer une voiture, mais je n’en ferai rien. Aucun rapace n’a vocation à devenir pigeon, Dieu m’en garde !

Nous nous souviendrons de cet humaniste, de ce fameux observateur de la société et de la vie marocaine qu’il décoda avec minutie, justesse, facétie et toujours avec bienveillance.

Vous nous manquerez Monsieur Akalay.

Paul Brichet


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lundi 9 décembre 2019

Programme complet de la Cinémathèque de Tanger pour le mois de décembre. De quoi se cultiver, se divertir, contribuer à la vie du cinéma et passer de bons moments…

tanger-experience - le web magazine de Tanger - A la Cinémathèque de Tanger en décembre 2019

Saluons cette belle équipe de la Cinémathèque qui accueille tous les publics et donne à voir un excellent panorama cinématographique et culturel au coeur de Tanger. Films cultes, perles rares et programmation d’actualité, de quoi passer de beaux moments. La Cinémathèque propose aussi de l’internet gratuit, à boire et à manger. C’est également l’endroit idéal pour se donner rendez-vous à Tanger…

Films du mois, séances jeunesse et bien plus encore sur le programme de décembre…

 

Grand Socco – Place du 9 avril 1947 – 90000 – Tanger Maroc
info@cinemathequedetanger.com
+212(0)5 39 93 46 83HORAIRES D’OUVERTURE du mardi au dimanche
de 8:00 à 23:30 TARIFS

Normal 25 Dhs
Réduit 20 Dhs
(- 18 ans, séances de l’Institut Français)
Groupes 15 Dhs
(+ 10 personnes)


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mardi 3 décembre 2019

Chaque dimanche soir, François Clauss conclut les deux heures du Grand journal de Wendy Bouchard avec une mise en perspective toute personnelle de l’actu. Sa chronique démarre par un chiffre étonnant: 12% des voitures vendues par le plus grand constructeur français, Renault, sont aujourd’hui fabriquées à Tanger, au Maroc. C’est bien pour le Maroc et Tanger, un peu moins bien pour la France… J’ai voulu vous faire partager cette info… Paul Brichet

C’est un chiffre au hasard d’une revue de presse qui a attiré mon attention cette semaine : 12%. 12% des voitures vendues par le plus grand constructeur français, Renault, sont aujourd’hui fabriquées à Tanger, au Maroc. Si on extrapole un peu, au terme de ce week-end dégoulinant d’offres commerciales, si vous avez acheté une Renault ou une Dacia chez un concessionnaire français, il y a de grandes chances qu’elle ait été fabriquée au Royaume Chérifien.J’ouvre au passage une petite parenthèse : cette voiture française, fabriquée au Maroc, équipée de pièces détachées pratiquement toutes fabriquées en Espagne, vendue sur notre sol, vient plomber notre balance commerciale. C’est une importation et elle ne rapporte pas 1 centime à Bercy puisque l’argent file directement aux Pays Bas, siège du groupe. Parenthèse refermée.

Retournement de l’histoire

Mais au-delà des méandres opaques de ce commerce mondial contemporain, comment ne pas être frappé, par cet étonnant retournement de l’histoire. Souvenez-vous le temps des R4, des Renault 16, Boulogne Billancourt, mais aussi des Simca 1000 ou 1301 à Nanterre, des DS et des 2CV Citroën, fabriquées exactement là où nous nous trouvons, dans les locaux d’Europe 1 sur les quais de Seine.

Toutes ces voitures étaient alors en grande partie fabriquées par des ouvriers – on les appelait les OS – venus de Tanger, d’Oujda, d’Agadir, ou de Tizi Ouzou. A cette époque où Messieurs Renault, Peugeot et autres, avaient tant besoin de ces mains venus d’ailleurs pour construire leur richesse et notre bonheur collectif.

Comment ne pas se projeter un demi-siècle plus tard, quand un fils ou un petit-fils d’immigré achète dans une concession de Boulogne ou de Nanterre cette voiture fabriquée à Tanger dans le pays où son père et son grand-père sont nés et qu’ils ont, souvent dans la douleur, été contraints de quitter et que lui ne connait qu’à peine ?

Splendeur et misère du néo-capitalisme mondialisé

Impossible également de ne pas imaginer cet autres copié-collé. D’un côté, l’usine Renault de Tanger, bijou industriel contemporain, première usine à zéro émission de CO2, l’une des plus performantes du groupe, qui produit une voiture par minute, 7000 salariés, autant qu’à Boulogne Billancourt au milieu des années 60. De l’autre, la friche industrielle qu’a visitée cette semaine Emmanuel Macron, dans sa bonne ville d’Amiens, ces ateliers de Whirpool qu’il voulait sauver, devenus quasi déserts…

Faudrait-il un jour que les ouvriers français du Nord, désormais sans travail, souvent fils et petits-fils d’immigrés venus de l’Est reprennent la route de la Pologne, pour retrouver leur travail chez Whirlpool ? Faudrait-il aussi que les fils et petits-fils d’immigrés maghrébins soient, eux aussi, contraint demain de retraverser la méditerranée pour les mêmes raisons ?

Mais comment ne pas voir aussi dans cette étonnante inversion des routes et des flux de ce néo-capitalisme mondialisé, une image plus colorée et beaucoup plus positive. Comme, par exemple, celle que nous renvoie le Portugal exsangue hier, rayonnant aujourd’hui, qui envoya en France 700.000 travailleurs dans les années 60, qui en perdit de nouveau 300.000 au lendemain de la crise de 2011, et qui est devenu 8 ans plus tard, boosté par une politique incitative et assumée, le plus grand pays d’émigration d’Europe où retraités et étudiants venus de France et d’ailleurs s’y installent et retrouvent une énergie perdue sur leurs propre terres.

Et si notre pays empruntait un jour le même chemin ?

Bercy, mardi dernier, en toute discrétion, tant le sujet semble explosif, dans cette France crispée qui a peur de tout et même de son histoire, Bercy a décidé de relancer cette semaine la concertation avec les partenaires sociaux pour faciliter l’immigration professionnelle en France. La France délivre chaque année 33.000 titres de séjour pour immigration professionnelle et veut simplifier les procédures et établir une liste de métiers dans le besoin parce que « oui », en France aussi, des ingénieurs aux saisonniers en passant par les médecins, on a encore besoin des autres.

La seule difficulté, et le message s’adresse à ceux qui ces dernières heures voudraient transformer le Black Friday en French Friday, il est bel et bien de plus en plus difficile de s’y retrouver dans les méandres tortueux du made in France quand on découvre que nos bonnes vielles Renault n’ont plus grand-chose à voir avec la France.

A moins, à moins, et vous me pardonnerez cette facilité, que l’on s’offre une autre forme de Renaud ! Un Mistral gagnant ! Oui, c’est facile mais comment résister à celui qui a écrit cette magnifique chanson sacrée « chanson préférée des français », devant Ne me quitte pas de Jacques Brel, qui a su freiner ses démons et retrouver l’autoroute du succès qui nous revient trois ans après avec un nouveau disque. Ça c’est du 100 % made in France garanti ! On pourra même l’écouter dans sa Dacia made in Maroc sur la route de Tanger pour les prochaines vacances.

Par François Clauss

A propos de Renault Tanger

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Renault Tanger 12% des voitures de Renault

L’usine Renault-Nissan Tanger est un site industriel du groupe Renault, situé dans la commune de Melloussa près de Tanger.

L’usine de Tanger a été inaugurée le par le roi du Maroc Mohammed VI, en présence du P-DG du groupe Renault France, Carlos Ghosn.

L’usine de Tanger fabrique à 100% certains modèles de Dacia (Dokker, Sandero et Lodgy), vendus au Maroc ou exportés principalement vers l’Europe, l’Afrique et la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

Le 10 juillet 2017, l’usine de Tanger a fêté la millionième voiture produite sur le site en cinq ans.

https://group.renault.com/groupe/implantations/nos-implantations-industrielles/usine-tanger/



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La galerie Conil de Tanger présente le travail de l’artiste marocaine Khadija Tnana originaire de Tétouan du 7 décembre 2019 au 11 janvier 2020. L’exposition intitulée: « Mon corps, ma liberté » porte sur la femme marocaine et sa relation à l’homme et à la société. Dans un long entretien avec Khadija,  l’écrivain et poète Lahsen Bougdal nous présente la démarche de cette artiste très engagée. Elle échappe à la politique par la pratique de la peinture. On peut situer Khadija Tnana dans l’expressionnisme moderne qui convient parfaitement pour faire émerger ses messages et ses partis pris politiques et sociétaux. La femme est au coeur de son oeuvre.

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Khadija Tnana, l’engagement fait art..Si la toile est un espace où l’artiste peut venir exprimer ce qu’il porte en lui, pour Khadija Tnana, elle ne peut pas non plus se réduire à l’expression d’un message direct. Engagée pendant plusieurs années au sein d’un parti politique, c’est tout naturellement qu’elle se retrouve facilement dans l’expressionnisme moderne, car c’est l’école, dit-elle,  qui s’est préoccupée le plus des questions de la société. Animée par l’envie d’améliorer le quotidien des autres, ses déceptions politiques l’ont inévitablement poussé à se consacrer totalement à sa passion pour l’art. Ses toiles se caractérisent par une énergie sans limites avec  la volonté de briser les tabous et d’exprimer ses idées en toute liberté. Ses tableaux reflètent ainsi en toute sincérité son état d’âme. Ils forment l’image fidèle de sa propre personne. C’est ainsi que le corps de la femme s’impose comme un sujet de prédilection dans sa peinture.  Il est utilisé comme un moyen qui symbolise toute la souffrance que connaissent les femmes dans la société marocaine où l’atmosphère de malaise et d’incompréhension règne entre les deux sexes. C’est la raison pour laquelle les femmes dans sa peinture ont le corps tordu, angoissé, délaissé, fatigué. Elles deviennent encore plus tourmentées, inquiétantes, quand elles se lient aux corps de l’homme, ils forment un couple en mouvement, ils s’aiment, ils se haïssent et ils se battent. Leurs mouvements passent d’un extrême à l’autre. Ces femmes sont toujours en recherche de  reconnaissance pour l’affirmation de leur existence.

Par ailleurs, le corps devient un pilier pour travailler sur différents sujets comme la révolution palestinienne, l’immigration clandestine ou encore la relation de l’homme à la femme dans ses différentes manifestations. Une relation de tension, de ce qui intéresse l’homme chez la femme, de l’amour et de l’union entre deux cœurs ou entre deux corps ce qui est sublime. L’amour est donc la charpente maîtresse qui unit les êtres humains. Ce sont ces préoccupations qui habitent ses toiles et qui essayent de remettre en question certains tabous et l’hypocrisie de la société.

Lahsen Bougdal: Pour commencer notre échange, j’aimerais qu’on évoque votre enfance, si vous le permettez. Une manière de retrouver la trace des passions et des personnes qui ont compté pour vous et qui vous ont ouvert les yeux sur l’art en général. Qui est Khadija Tnana ?

Khadija Tnana: Chaque fois que je prends la plume pour raconter ma vie, je trouve une immense difficulté à le faire. Par où commencer ? Qu’est-ce qui mérite de faire l’objet de l’écriture ?
Les différentes étapes de ma vie s’enchevêtrent et le temps qui passe rend les choses encore plus complexes.
Je m’appelle Khadija Bent Mohamed Tnana et de Khadouja Afilal. Je suis native de la ville de Tétouan. Depuis mon enfance, j’étais passionnée par l’art et plus particulièrement  le cinéma, le théâtre, la musique et la danse. Je voulais être actrice ou danseuse à l’époque, mais je n’ai pas pu pour des raisons à la fois subjectives et objectives. Sur un plan personnel, je suis née dans une famille « conservatrice ». J’utilise ce dernier mot avec toutes les précautions d’usage, car mon père était un homme libre. C’était l’un des fondateurs du mouvement national au Nord du Maroc. Progressiste, il était au fait des évolutions des choses dans le monde aussi bien sur le plan de la pensée que de la politique. Il était au courant aussi du degré de liberté de la femme européenne. Il savait pertinemment que ce progrès est dû à l’instruction et à l’éducation. C’est la raison pour laquelle il a toujours été très tolèrent avec nous (moi et ma soeur) et indulgent quant à nos erreurs sauf quand il s’agit de l’école. Il était convaincu que c’était la seule voie pour sauver le pays de l’ignorance et permettre à la femme en même temps d’acquérir ses droits et échapper aux injustices de la société. Bref, pour lui, c’était l’unique chemin vers le bonheur et la prospérité. Pourtant, c’était très difficile pour lui de me permettre de faire la danse.

Sur un plan purement objectif, le Maroc ne disposait pas encore à l’époque de conservatoires et d’écoles artistiques dignes de ce nom. Il y avait bien sûr l’école des Beaux-Arts de Tétouan, mais qui n’était pas une école supérieure et dont l’accès ne nécessitait pas l’obtention du baccalauréat. Par conséquent, elle était fréquentée par les élèves qui ont échoué dans leur scolarité. Cela ne veut pas dire pour autant que cette école n’a pas pu permettre l’émergence de grands artistes. Ce que je veux dire par-là c’est qu’elle n’était pas à la hauteur des grandes écoles supérieures de formation à l’époque. Ce sont donc ces  facteurs extérieurs qui m’ont poussé à me consacrer au combat politique depuis mon jeune âge. Très petite, je voyais mon père lutter contre les espagnols qui occupaient Tétouan pour l’indépendance du Maroc. J’ai donc baigné dans une ambiance de combats auxquels toute la famille participait.  Les femmes me portaient sur leurs épaules lors des manifestations et je répétais à mon tour des slogans alors que je n’avais que sept ans. L’engagement est donc devenu pour moi la voie du progrès et de l’élévation vers un meilleur avenir. Seul moyen de faire évoluer les mentalités, combattre les injustices, pour plus de liberté et d’égalité. J’ai donc grandi avec cette conscience.

Pendant une longue période de ma vie, je ne me suis engagée dans aucun parti politique. Pendant mes études au collège Mohamed V, j’étais en internat et je participais activement dans les rangs de l’organisation des étudiants à l’organisation des piquets de grève. J’ai fini par être renvoyée de l’internat pendant un mois. Aussi, à l’université j’ai rejoint l’UNEM et j’étais de toutes les manifestations à Rabat. Puis en 1969, je suis partie à Paris pour poursuivre mes études de droit à Paris I la Sorbonne. Paris était encore sous l’effet des événements de 1968. Cette révolution des étudiants ne concernait pas uniquement Paris, mais toute l’Europe. C’était une révolte contre les conservatismes, les ségrégations raciales et tous les pouvoirs arbitraires. J’étais donc nourrie de ces idéaux et convaincue qu’il était temps de changer le monde. Mes combats politiques étaient ainsi axés sur la lutte contre les discriminations de façon générale et les droits des femmes en particulier. La politique était donc pour moi un moyen et non une finalité. J’étais convaincue aussi que ces combats ne pouvaient être efficaces qu’à partir du moment où on les portait collectivement. C’est ainsi que j’ai rejoint  le parti socialiste en 1972.

En 1975, j’ai donc fini mes études et je suis rentrée au Maroc pour enseigner à la faculté de droit de Fès. Les conditions de travail n’étaient pas faciles dans cet établissement jeune qui n’avait pas encore assez de moyens. Néanmoins, j’assurais mes cours tout en continuant le combat politique. Au sein du parti socialiste, la priorité était la lutte contre les privilèges de la bourgeoisie qu’il fallait évincer pour arriver au pouvoir. La question de la femme était reléguée au second plan. Je devais donc mener un double combat à l’intérieur du parti et à l’extérieur pour sensibiliser à cette question qui me paraissait prioritaire. J’étais persuadée que la question de la femme était et reste toujours fondamentale. C’est le véritable thermomètre qui permet de mesurer le degré d’évolution des consciences et les valeurs de toute société.

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LB: Votre entrée tardive sur la scène artistique est-elle liée à un besoin de formation académique ou l’apprentissage sur le tas était-il suffisant pour vous ?

KT: J’ai fréquenté l’école des Beaux-Arts pendant un an en tant qu’observateur. C’est là que j’ai appris les techniques de la préparation de la toile, et du dessin. Je m’entrainais pendant plusieurs heures par jour. C’est ce travail assidu conjugué au talent (talent c’est un jugement, prétentieux) qui permet de réaliser de belles choses (des choses intéressantes). La technique seule peut des fois entraver la liberté de l’artiste en le cantonnant dans un académisme traditionnel et par conséquent empêcher toute créativité spontanée. Aussi, cet excès peut rendre difficile de se défaire de l’influence des grands maîtres académiques. Un artiste mûr peut se débarrasser de tout cela. Mon propos n’est pas à comprendre comme un rejet de l’académisme, mais de son immobilisme. Je considère que je suis toujours en train d’apprendre et d’expérimenter sans arrêt.

 

LB: Pouvez-vous nous parler de votre cheminement et des différentes étapes de votre parcours artistique ?

KT: Le détour par mon parcours politique, est en réalité indissociable de mon expérience artistique qui s’articule autour de trois moments très forts.

D’abord, la période de mon installation à Paris durant les années soixante où j’ai eu l’occasion de fréquenter les milieux artistiques. J’habitais dans un centre d’étudiantes marocain rue Bonaparte, deux immeubles le sépare de l’école des Beaux-Arts pas loin du quartier mythique Saint Germain. Cet espace fréquenté par les grands artistes et intellectuels m’a beaucoup marqué. Il y avait une ambiance extraordinaire et les œuvres des grands maîtres comme Picasso, Matisse et bien d’autres encore étaient accrochées un peu partout dans les cafés. Edgar Degas, l’artiste des danseuses de l’opéra, impressionniste tout comme Claude Monet, m’ont aussi influencé au début de ma carrière avant que je subisse l’influence des expressionnistes Allemands. Je peux citer également une quantité d’artistes coloristes comme Gauguin, Matisse, Bernard, ou James Ensor… dont j’ai essayé d’approcher les oeuvres, mais l’artiste qui m’a touché le plus c’est l’Autrichien Egon Schiele.

Cette vie artistique très riche a influencé ma formation artistique et a éduqué mon regard et ma perception des œuvres artistiques. Cette étape fut donc comme une sorte de réserve culturelle et artistique à travers laquelle j’ai découvert l’Art dont j’étais fascinée. C’est ainsi que j’ai senti le besoin de me lancer dans l’expérience artistique. Depuis ce temps-là, j’ai commencé à peindre même pendant la période de mon engagement politique. C’était pour moi une sorte d’échappatoire chaque fois que je voulais m’extraire de l’agitation politique et retrouver un peu de sérénité.

Ensuite, l’année 1993 fut un tournant dans ma vie, car les conditions étaient enfin réunies pour me permettre de me lancer entièrement dans cette aventure artistique. L’éloignement de la politique fut une nouvelle naissance pour moi. Cette rupture peut s’expliquer par des facteurs personnels mais aussi objectifs.

Á cette époque-là, le Maroc a connu des changements politiques profonds sur le plan politique :

– La marée croissante des islamistes commençait à constituer un danger pour le pouvoir.

– Le roi Hassan II sentant l’approche de la fin de son règne, a convoqué Abderahman El Youssoufi, secrétaire générale du parti socialiste,  pour une entrevue confidentielle qui va avoir des conséquences désastreuses sur les militants du parti qui considéraient que la transparence était un principe qui ne devait faire l’objet d’aucun compromis.

– L’abandon de la question de la femme par Abderahman El Youssoufi qui s’est contenté de suivre les préconisations du roi Hassan II

– L’acceptation du parti d’entrer au gouvernement sans aucune condition

Ces nouveaux comportements ne me convenaient plus et étaient en contradiction avec mes convictions politiques. J’ai décidé alors de mettre un terme à mon combat politique et de quitter le parti socialiste.

Sur un plan personnel, je suis arrivée à la conclusion que désormais ma façon d’envisager la politique à travers mes sentiments était à l’opposé des règles à travers lesquelles s’organisait le combat politique. J’ai senti aussi que quelque chose qui était emprisonné au fond de moi a commencé à se réveiller et à libérer mon amour pour l’art qui était en réalité enfoui par la politique. J’ai ainsi décidé d’écouter cette voix intérieure et me désintéresser de la politique pour me consacrer exclusivement à la création artistique. C’est comme ça que je suis rentrée dans cette nouvelle aventure jusqu’à ce jour.

Enfin, la troisième étape de mon parcours et non des moindres, la résidence artistique d’Ifitry à Essaouira. Outre sa situation géographique au bord de l’océan et loin du tumulte de la ville, elle est surtout un lieu d’inspiration extraordinaire pour les artistes. C’est aussi un lieu d’échanges enrichissants entre les artistes qui viennent de tous les continents. Pour ces différentes raisons cette résidence a joué un rôle important dans mon expérience artistique. Aussi, la rencontre de l’artiste et directeur de cette résidence, monsieur Mostapha Romli, fut très importante. C’est un homme exceptionnel de grande qualité. Outre la pureté de son âme, c’est aussi un professionnel intègre capable de distinguer les œuvres artistiques authentiques des réalisations commerciales superficielles. Sa rencontre a marqué un tournant dans mon parcours, car à ce moment-là, je suis arrivée au point zéro dans mon expérience artistique. Le passage à l’ère contemporaine fut difficile pour moi, car sur un plan matériel et moral, j’étais dans l’impasse. Mes réalisations devenaient répétitives et cela me dérangeait beaucoup. Mon arrivée à Ifitry m’a ouvert d’autres horizons pour travailler avec de nouveaux outils contemporains. C’est ainsi que j’ai tenté de nouvelles expériences comme l’installation, les performances, la céramique, la gravure et la vidéo…etc.

Interview de Khadija Tnana lors de la Biennale d’art contemporain de Rabat

LB: Les œuvres contemporaines des artistes femmes marocaines sont nourries d’une volonté de détachement des règles. Cette remise en question des limites des canons académiques, leur permet tantôt de passer d’une forme à une autre, tantôt d’en explorer plusieurs en même temps. Ce regard libre introduit une certaine distance vis-à-vis de l’espace-temps et de l’environnement socio-culturel et politique. Ce décrochage passe par exemple par l’interrogation du corps. Cette présence du corps est quasi permanente dans votre peinture. Dans quelle mesure et de quelle manière votre peinture intègre-t-elle cette notion de liberté ? Quelle est la place du corps dans vos créations ?

KT: Chaque fois qu’on me demande de parler de mon parcours artistique, je ressens un peu de gêne, car je considère que cela relève du travail des critiques d’art. Aussi, je me retrouve obligée de parler des sentiments ambigus qui m’habitent et dont je suis incapable de parler en réalité. L’investigation du corps par exemple comme support me renvoie à l’enfance puisque il a un poids et une place importante dans notre société. D’un côté, j’étais fascinée par les corps des actrices célèbres de l’époque comme Sofia Loren et Gina Lollobrigida et bien d’autres. D’un autre côté, j’éprouvais de la répugnance à l’égard de tous ces corps que je voyais au hammam. Les nanties comme les démunies portaient leur corps comme un fardeau à la différence près que les riches étaient déformées par les kilos en plus, tandis que les pauvres ressemblaient à des poivrons grillés. Ces femmes disproportionnées exprimaient pour moi l’injustice, l’inégalité entre les deux sexes.

Par ailleurs, ce choix m’est venu probablement inconsciemment. Le corps est utilisé comme un moyen qui symbolise toute la souffrance que connaissent les femmes (donc c’est mon moi intérieur qui réagit) et l’injustice envers leurs conditions pendant des siècles, notamment dans la société où je me suis trouvée, où l’atmosphère de malaise et d’incompréhension règne entre les deux sexes. C’est pourquoi les femmes dans ma peinture ont le corps tordu, angoissé, délaissé, fatigué. Elles deviennent encore plus tourmentées, inquiétantes, quand elles se lient aux corps de l’homme, ils forment un couple en mouvement, ils s’aiment, ils se haïssent et ils se battent. Leurs mouvements passent d’un extrême à l’autre. Ces femmes sont toujours en recherche de reconnaissance pour l’affirmation de leur existence.

Aussi, j’ai pris le corps comme pilier pour travailler sur différents sujets comme la révolution palestinienne, l’immigration clandestine ou encore la relation de l’homme à la femme dans ses différentes manifestations. Une relation de tension, de ce qui intéresse l’homme chez la femme, de l’amour et de l’union entre deux cœurs ou entre deux corps ce qui est sublime. L’amour est donc pour moi la charpente maîtresse qui unit les êtres humains. Ce sont ces préoccupations qui habitent mes toiles et qui essayent de remettre en question certains tabous et l’hypocrisie de la société. J’investis ainsi le corps pour mettre en lumière un point noir dans les mentalités arabes. Des mentalités marquées par le principe de dissimulation d’un défaut, de la femme ou de la famille. Cependant, on n’entend jamais quelqu’un dire qu’il faut cacher l’homme. Seule la femme doit être couverte sans se soucier de son intériorité et de ce qu’elle ressent. Cette hypocrisie met le voile sur les sentiments et empêche de parler des violences, du harcèlement sexuel et des viols que subissent les femmes. Tant que tous ces problèmes demeurent cachés, cela ne dérange personne.

 

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Khadija Tnana, l’engagement fait art.LB: L’art pour vous est donc indissociable de son environnement ?

KT: Je ne conçois pas un art pour l’art. En même temps, je ne défends pas l’idée de lier directement l’art à la politique. L’essentiel est que l’artiste soit à l’écoute de sa société et de ses préoccupations. En même temps, la création artistique a ses propres règles de beauté qu’il ne faut pas sacrifier. C’est pour cela que je pense que l’abstrait n’est pas du tout neutre comme certains le pensent (cette idée je ne sais pas si je l’ai écrite, parce que sincèrement je ne sais pas la défendre). La toile est un espace où l’artiste vient exprimer ce qu’il porte en lui. On ne peut pas lui demander d’exprimer un message direct. Il suffit qu’il manifeste ses ressentis avec force et sincérité.

 

LB: Cette conception de l’art a-t-elle une influence sur la technique que vous utilisez et le choix de vos couleurs par exemple ?

KT: Je me retrouve facilement dans l’expressionnisme moderne, car c’est l’école qui s’est préoccupé le plus des questions de la société. Quant aux couleurs, j’ai une prédilection pour les nuances du marron et du noir. Je ne m’interdis pas pour autant l’utilisation des autres couleurs pour atténuer un peu le tragique. Néanmoins, le choix de mes couleurs n’est pas dicté par une pensée déterminée. Mes couleurs sortent comme je les ressens au moment où je peins.

 

LB: Quand vous commencez un travail, comment procédez-vous ? Est-ce qu’une idée précède le premier geste, une émotion particulière, une ambiance ? Y a-t-il un temps de gestation avant le travail en atelier ?

KT: Effectivement, il y a souvent une idée ou une réflexion autour de l’œuvre, mais au moment où j’essaie de visualiser ce que je veux exprimer, je rentre dans un monde plein de tensions. La passion anime en moi une énergie sans limites, et le sentiment de jouissance et de plaisir renforce la volonté de briser les tabous et d’exprimer mes idées en toute liberté, chose que je n’ai pas pu réaliser en politique. Mes tableaux reflètent ainsi en toute sincérité mon état d’âme. Ils forment l’image fidèle de ma propre personne ou du moins ce que j’essaie de faire chaque fois que je prends un pinceau.

 

LB: Une œuvre d’art a toujours besoin d’un regardeur comme « complément de création » pour exister. Quelles attentes avez-vous de votre public, de sa réaction face à vos créations ?

KT: C’est un plaisir énorme de recevoir un regard positif d’un public connaisseur en art. Par contre, notre société n’a pas été éduquée à recevoir l’art plastique, par ce que tout simplement il n’a pas une longue histoire. D’autre part, ma peinture n’est pas souvent au goût du grand public. C’est une peinture de révolte qui ne cesse de casser les tabous. Or, le public cherche en général le côté « joli » ou décoratif.

 

LB: La création féminine a connu depuis les années 90 un réel essor dans tous les domaines et particulièrement dans les Arts, comment expliquez-vous cet engouement ? Est-ce que vous y voyez par exemple un changement de regard à l’égard des femmes, une libération et une prise en mains de leur propre destin ?

KT: Je crois qu’une toute petite couche de femmes marocaines seulement a bien compris malheureusement qu’il ne faut pas compter sur les autres pour se libérer.

Entretien réalisé par Lahsen BOUGDAL, écrivain et poète,
Femmes, artistes marocaines contemporaines,
Paris, Harmattan, en cours de publication

Vernissage le samedi 7 déc. entre 16h et 19h en présence de l’artiste.
Khadija Tnana est exposée en ce moment parmi les 64 artistes femmes invitées de la première Biennale d’art contemporain de Rabat du 24/09 au 18/12/12.

Galerie Conil
35, rue des Almohades-Petit Socco,
Tanger.

A propos de Lahsen Bougdal

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Lahsen Bougdal est un écrivain franco-marocain. Titulaire d’un doctorat en littérature francophone, il est aujourd’hui enseignant de français et ingénieur pédagogique en formation des adultes. Auteur de plusieurs articles consacrés à la littérature maghrébine de la langue française, il a également publié en 2005 un recueil de nouvelles, Au bourg des âmes perdues, suivi en 2010 par un roman, La petite bonne de Casablanca, un livre d’essais, Voix et plumes du Maghreb chez l’Harmattan à Paris et Salves, un recueil de poésie publié chez Aracné éditrice (Italie, 2015).

tanger-experience - le web magazine de Tanger - Khadija Tnana, l’engagement fait art.Après un premier ouvrage consacré à la peinture des femmes marocaines, l’auteur nous présente ici d’autres artistes femmes marocaines contemporaines. Peinture, sculpture, photographie, installations ou design constituent autant de domaines visités révélant une créativité foisonnante qui vient confirmer le bouleversement du champ artistique marocain depuis la fin des années quatre-vingt. L’affirmation des artistes femmes est de plus en plus visible.



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mercredi 27 novembre 2019

L’Institut Français de Tanger programme un concert gratuit du jeune et talentueux pianiste Roumain Jeffery Macsin le jeudi 28 novembre à la salle Beckett à 19h30.

Jeffery Macsin

Jeffery Macsim, Grand Prix du Concours International de Piano S.A.R. la princesse Lalla Meryem à Rabat en 2018 est un jeune pianiste né en 1998 en Roumanie. Il a commencé à jouer du piano à l’âge de six ans sous la direction du célèbre pianiste et pédagogue roumain Daniel Goiți (Académie de musique Gheorghe Dima, Cluj-Napoca) et a donné des concerts avec l’Orchestre philharmonique de sa ville natale tout en remportant de nombreux concours nationaux juniors pour instruments solo.
Il a remporté plusieurs bourses qui lui ont permis notamment de suivre des cours à la Royal Academy of Music de Londres. Il se produit en concert dans des festivals comme au printemps 2019, où il a joué en Espagne au festival « Cita con los Clasicos » et au Portugal.

Salle Beckett de Tanger le jeudi 28 novembre à 19h30

 

 



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vendredi 22 novembre 2019

Think Tanger organise « De brique et de broc » vendredi 22 et samedi 23 novembre à l’Atelier Kissaria. Pendant ces deux jours, il s’agit de partager des réflexions politique, sociale et poétique sur la notion d’informel dans la ville à travers l’oeil du photographe Hicham Gardaf et au biais des réflexions de la sociologue et réalisatrice Soraya El Kahlaoui.

Think Tanger

 

Faire la ville à l’envers: une contre histoire de l’informel.

par Soraya El Kahlaoui

Raconter l’histoire des villes se fait rarement à l’envers. Le plus souvent, on aime partir des idées : des grandes théories imaginées par tel architecte, menées par l’autre urbaniste, et magnifiquement orchestrées par tel cerveau politique.
L’histoire des villes se raconte le plus souvent par mensonges, car la réalité déforme toujours les grandes théories gardées sur papier. La réalité, parce que faîtes de bric et de broc, renverse toujours l’endroit. Raconter l’envers, c’est donc parler de ce que l’œil voit sans jamais l’accepter. Au Maroc, comme partout ailleurs, on aime les théories de l’histoire. Casablanca, aurait ainsi été construite par le cerveau enchanté d’Henri Prost, célèbre urbaniste colonial à l’origine de la pensée urbaine ségrégationniste. Puis, elle aurait été contrôlée par la main de fer du Roi Hassan II, avant d’emboîter le pas de la modernité avec le Roi Mohammed VI. Une histoire lissée, au gré des besoins du discours officiel, qui a mis sous silence toutes les innombrables luttes des quartiers populaires, qui sont venues contrecarrer le projet colonial tout d’abord, puis son pendant moderniste appliqué par la bourgeoisie-nationale après l’indépendance. La sociologue Soraya El Kahlaoui n’ira pas très loin dans l’histoire pour raconter notre envers urbain, bien que tirer le fil du pouvoir colonial à rebours enchante toujours les perspectives de l’histoire, mais je s’arrêtera sur une période particulière, pleine de réalités dissimulées parce que pleine de potentialités révolutionnaire.
Durant cette rencontre, elle parlera de la révolution invisible de l’après-2011, celle que l’on a passé sous silence, volontairement pour certains, par ignorance pour les autres, et qui a secoué tout le pays durant une année : la révolution de l’auto-construction. Suivi de la projection de son documentaire « Landless Moroccans”.

Soraya El KahlaouiSoraya El Kahlaoui est sociologue et réalisatrice, elle a eu son doctorat en sociologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, sa recherche doctorale vise à analyser les formes de réappropriation de l’espace public dans le cadre du processus de démocratisation engendré au Maroc depuis 2011.
Plus particulièrement, sa recherche consiste à poser un cadre d’analyse politique aux pratiques de conquêtes de l’espace ou de résistances menées par des habitants en situation de lutte pour le droit à l’espace. Parallèlement à sa recherche, Soraya est militante sur les questions de droit à l’espace (droit aux ressources, droit à la terre, droit au logement). C’est dans le cadre de ses actions militantes qu’elle été amené à rencontrer les habitants expulsés des terres de Guich L’Oudaya, situées à Rabat.

Ne ratez pas son Talk « Faire la ville à l’envers: une contre histoire de l’informel » autour des douars auto-construits au Maroc, suivi d’une projection de son film « Landless Moroccans »  ce vendredi 22 novembre à 19h !

 


 

Interroger l’espace.

par Hicham Gardaf

«Ce qu’il s’agit d’interroger, c’est la brique, le béton, le verre, nos manières de table, nos ustensiles, nos outils, nos emplois du temps, nos rythmes. Interroger ce qui semble avoir cessé à jamais de nous étonner. » nota Georges Perec dans L’infra-ordinaire. Cette observation exhaustive de notre espace de vie que l’on retrouve dans l’oeuvre de Perec, sera mise en exergue au travers des œuvres photographiques d’Hicham Gardaf. Durant cette rencontre, l’artiste présentera son travail réalisé au cours des dix dernières années et discutera de son rapport à la ville de Tanger et à la «quotidienneté». La ville sera interrogée à travers une déambulation autour de nos espaces de vie — tels que la rue, le quartier, les cafés, les parcs, la périphérie — mais aussi autour des pratiques que l’on applique à ces espaces, tels que : habiter, transformer, inventer, s’approprier et surveiller.

Icham GardafHicham Gardaf est né en 1989 à Tanger. Il vit et travaille entre Tanger et Londres. Dans son travail, il aborde principalement des sujets qui interrogent les mutations et les transformations du paysage contemporain. Si son regard s’exprime pleinement dans la forme photographique, il est souvent prolongé dans des formes expérimentant d’autres rapports à l’image, telles que la vidéo ou l’installation. Ses œuvres ont été exposées, entre autres, au Guest Projects (Londres), à Beit Beirut (Beyrouth), au Musée d’Art Contemporain Africain Al Madden (Marrakech), au Concrete, Alserkal Avenue (Dubaï), à la Bibliothèque nationale de France et à l’Institut du monde arabe (Paris).

Ne ratez pas son Talk « Interroger l’espace » ce samedi 23 novembre à 19h, à l’Atelier Kissaria, où il va présenter son travail réalisé au cours des dix dernières années et discutera de son rapport à la ville de Tanger et à la «quotidienneté» !

Think Tanger – Atelier Kissaria
19 rue Imam Layti – Tanger
Tel +212 644-004616



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La Comédie de Tanger présente « Toutou », une comédie de Daniel et Agnès Besse avec Marc Richli, Aurore Laloux et Philippe Lorin les 3, 4, 5, 6 décembre 2019 à la Fondation Lorin. « Toutou » ou l’histoire d’un couple qui se retrouve face à lui-même, pièce à la fois drôle et intelligente.

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 « Toutou », le chien de la famille a disparu.
Autour de cet événement, c’est le maître et la maîtresse, mais aussi le mari et la femme qu’ils sont, qui se désolent, s’accusent, se(re)découvrent, se rassurent.
Un témoin assiste à ce déchirement: le meilleur ami, mais c’est aussi un non ami des chiens.
Celui qui n’est pas sensible aux animaux et qui confronte le couple à la réalité, au monde extérieur.
La vivacité de l’écriture donne beaucoup de rythme à la pièce et offre, tour à tour, de beaux moments sensibles, drôles et toujours intelligents.
Fondation Lorin
44, rue Touahin
Tanger

 

A propos de Daniel Besse

daniel-besse-portraitDaniel Besse est un dramaturge français, né le .

Ses pièces sont traduites et jouées en Allemagne, Autriche, Italie, Espagne, Pologne, Slovaquie, Tchéquie, Belgique, Suisse, Luxembourg, Portugal, Brésil.

Daniel Besse a reçu le Molière de l’auteur en 2001 pour sa pièce Les Directeurs.

À travers des sujets comme l’entreprise, l’école, le couple, Daniel Besse fait dans son théâtre le choix de la satire sociale, d’une comédie grinçante, actuelle, problématisée.

Il vit à Paris. Il écrit aussi en collaboration avec sa femme, Agnès Besse.

Il a quatre enfants. Une de ses filles, Iris Besse, est comédienne.



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vendredi 15 novembre 2019

« Ensemble pour Jbilat » c’était le dimanche 3 novembre. Pour cette initiative citoyenne, une première dans le quartier, l’objectif était de 250 participants, en réalité ce fut près de 400 personnes: enfants, jeunes et adultes du village, employés d’entreprises amies, habitants d’autres quartiers, membres de groupes et d’associations ou tout simplement « amis facebook » qui ont répondu à notre appel pour le nettoyage du village.

Opération de Jbilat, le briefing
Opération de Jbilat, le briefing

Bravo et merci à tous, le village se souviendra de cette journée, magnifiquement ensoleillée.

Jean Mourain, habitant de Jbilat et co-organisateur de cette opération précise:

« Nous voulions atteindre 4 objectifs :

– Bien sûr en priorité, rendre le village plus propre, les déchets collectés ont rempli une grande benne et demie, bien tassée ! Un merci particulier à SITA Boughaz pour les moyens mis à notre disposition. Aucun incident n’a été à déplorer.

Jbilat, le remassage...
Jbilat, le remassage…

– En faire une opération pédagogique : les enfants de l’association « Les Petits Barons » et de l’école ont montré une grande motivation. Des « ateliers environnement » ont eu lieu avant et pendant l’opération et se poursuivront après. La sensibilisation est forte, nous espérons qu’elle se propagera aux adultes de leur entourage.

– Faire connaître des associations comme « 100% Maman », « Les Enfants du Paradis » ou « Dar America Latina », au service des habitants des quartiers. Sans oublier le club de foot de Jbilat.

– Rendre la journée « durable », en laissant une trace artistique. 24 artistes bénévoles, coordonnés par Blanca Solis, ont ainsi créé des fresques sur des murs du village, de la pharmacie en bas de la colline à l’école en haut de celle-ci. Certains sont des artistes confirmés comme Mehdi Annassi, Imane Droby, Sophia Tazi, Blanca elle-même, ou Abdelghani Bouzian, ce dernier pour la sculpture d’une souche énorme. D’autres sont en devenir, comme Souhila et Zakia, jeunes femmes du village même. Ils ont été rejoints par un groupe d’étudiants en art de Tanger, très enthousiastes. »

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Mehdi Annassi devant sa fresque

Vous êtes invités à visiter leurs créations. Plus de détails sur la page Facebook https://www.facebook.com/Jbilat/

Propos recueillis auprès de Jean Mourain, habitant de Jbilat.

A propos de Jbilat

Jbilat est un quartier de Tanger situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville, proche
des Grottes d’Hercule. Il s’étage le long d’une belle colline ce qui lui a donné son nom.
Commençant au bord de l’Atlantique (et du palais saoudien), sa vue sur l’océan
enchante habitants et visiteurs.



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jeudi 31 octobre 2019

Julien Solé présente à la galerie Conil ses derniers travaux réalisés lors de plusieurs séjours à Tanger en 2018 et en 2019. On découvrira aussi quelques scènes de cafés d’Alexandrie, en Egypte.

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Julien Solé peint devant Saint Andrew Church à Tanger

L’artiste a choisi le dessin et Marseille comme port d’attache à la fin de ses études d’ingénieur (Polytechnique, Eaux et Forêts).

Aujourd’hui les activités de cet homme de 45 ans oscillent entre sa famille, le paysagisme, la peinture et les voyages lors desquels il ramène des oeuvres créées in situ.

Depuis, il revisite l’orientalisme et sillonne les bords de la Méditerranée pour dessiner les visages, les postures, les villes et leurs accumulations.

Selon les circonstances il remplace les carnets et les feuilles par des supports moins conventionnels – pages de livres qu’il redessine et qu’il assemble pour composer de grandes fresques, rouleaux dessinés…

Café Baba à Tanger
Café Baba à Tanger

 

Plage de Markala sur le Détroit deTanger
Plage de Markala sur le Détroit de Tanger

Dès samedi le public pourra découvrir à la Galerie Conil du petit Socco une vingtaine d’oeuvre de Julien Solé principalement réalisées à Tanger et en plein air.

4 oeuvres de Julien Solé présentées à la Galerie Conil
4 oeuvres de Julien Solé présentées à la Galerie Conil
Café de la cinémathèque de Julien Solé
Café de la cinémathèque de Julien Solé

Souvenir de Tanger par Julien Solé

Iami-sole-Tangerl y a douze ans je repartais en bateau pour Sète avec dans une caisse, en plus de mes tableaux

une peinture de quelqu’un d’autre, la seule que j’ai jamais achetée. Le peintre s’appelait Abd El Chafi

Je l’avais rencontré il y a douze ans dans un café. Et l’un l’autre on s’était fait le portrait. Il était malade les mains noueuses, les joues creusées, buvant, fumant …

Il avait, comme les autres, brulé sa vie à Tanger

Abd El Chafi ne peignait plus que la nuit à la bougie

« Ton peintre est mort en 2006 quelques semaines après ton départ » m’a dit l’antiquaire

Pourtant pendant toutes ces années je l’ai imaginé bien vivant, repeignant ces scènes qu’il vendait pour rien aux touristes espagnols qui, en partant, descendent vers le port.

 

Vernissage samedi 2 novembre à partir de 15h30 en présence de l’artiste.

 

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mardi 29 octobre 2019

La Galerie Conil, Guillaume Tanhia et Volume organisent la première exposition personnelle de Romain De La Haye intitulée « Constellations sonores »qui se tiendra du 2 au 30 novembre 2019 à Tanger.

Romain de la Haye
Romain de la Haye devant l’une de ses constellations sonores…

SIMPLICITE MEDITATIVE, NOTES SUSPENDUES DANS LE VIDE, COULEURS PRIMAIRES ET FORCE DE LA MATIERE. ROMAIN DE LA HAYE MET EN LUMIERE LA SYMBIOSE INTEMPORELLE QUI RELIE DEPUIS TOUS TEMPS LA PEINTURE ET LA MUSIQUE.

« Comme des partitions musicales, les astres jouent des partitions aléatoires, pour mieux laisser œuvrer le hasard. »

C’est entre ciel et terre que se situe la série Constellations sonores de Romain De La Haye. Minimaliste, les dessins de l’artiste caresse les lisières de l’abstraction sans jamais quitter un rapport au réel. Cultivant « l’art d’abstraire », Romain De La Haye se dépouille de tous les détails inutiles dans son œuvre picturale pour ne retenir que l’essence même du monde qu’il regarde et qu’il entend. Son projet, élaboré à partir de ses expériences réelles autant que de ses aventures intérieures, distille le parfum d’une nature musicale silencieuse, intime et secrète. Il s’attache à rendre compte des sonorités qui l’entourent en créant ses « images sonores », expressions de sensations qui découlent de la fragilité du trait. De là, naît un équilibre esthétique qui ouvre vers l’invisible.

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Sa démarche témoigne d’un souci acharné de se rentre sensible au monde, de prendre conscience du milieu naturel duquel nous faisons intimement partie : « Le monde tient tout seul. Nous ne portons pas l’univers sur nos épaules. L’homme n’est pas face à la nature. Il est dedans. »

Durant l'accrochage à la Galerie Conil
Durant l’accrochage à la Galerie Conil

Romain et Tanger

de la haye-afficheRomain parcourt le monde pour capter les sons des lieux qu’il visite au Groenland ou au Portugal à Nazaré dernièrement. Il est venu à Tanger attiré par d’autres sonorités, celles des Rolling Stones qui ont séjourné dans la cité du Détroit en 89 attirés par le son du Joujouka et la magie du haschich … Cette attraction, les rencontres faites dans la ville, les traces de Matisse et son amour de Miro lui ont inspiré un travail pictural d’instinct… Au printemps 2019 en résidence dans la médina de Tanger, Romain produira un travail pictural qui part de la portée musicale comme support et fil conducteur d’une création qui va naitre entre les lignes, les dépasser, gonfler, exploser au gré de distorsions sonores comme autant d’images, de formes, de couleurs qui jaillissent de son imaginaire de compositeur pour donner naissance à une constellation sonore.

A propos de Romain de la Haye

Peintre, compositeur, auteur, Romain De La Haye est un créateur et un aventurier à l’inventivité débridée. Multipliant les expériences inédites, explorant sans relâche des territoires insolites, il extrait de ses observations une matière visuelle et sonore hors du commun.

Vernissage le 2 novembre à partir de 17h en présence de l’artiste avec une surprise sonore…

Galerie Conil
Place de la Kasbah
Tanger



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vendredi 18 octobre 2019

Salaheddine Bouanani expose aux insolites de Tanger en solo show pour montrer une série de dessins sur papier qui renverse tout ce que vous croyiez savoir sur la peinture… « Art is FACELESS » du samedi 19 octobre au jeudi 14 novembre.

Salaheddine Bouanani-affiche-750

« Art is faceless » est une série de dessins qui ne laisse pas indifférent, avec une explosion de gouaches très colorées, des matières façonnées sur un papier Canson d’une touche très assurée.

Inspiré par de nombreux modes d’expressions artistiques, Salaheddine Bouanani se fait remarquer il y a quelques années au théâtre, avec « La Comédie de Tanger », et entame en même temps une carrière de peintre très prometteuse.

Deux oeuvres de Salaheddine Bouanani
Deux oeuvres de Salaheddine Bouanani

Né au Maroc, en 1972, l’artiste est bercé d’art et de culture depuis son plus jeune âge. Il est un plasticien autodidacte qui exerce la profession de pharmacien dans la région d’Assilah.

Exposés aux États-Unis et en Espagne, ses travaux sont montrés pour la première fois à Tanger et au Maroc en « solo show » à la galerie les insolites.

 

Vernissage: Samedi 19 octobre 2019 à partir de 19.00 – avec Salaheddine Bouanani.

Les insolites
28, rue Khalid Ibn Oualid
Tanger

 



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vendredi 4 octobre 2019

Pour ses 20 ans Tanjazz (15/22 septembre 2019) a battu son record d’entrées. Une fréquentation en hausse de 20 % par rapport à 2018 uniquement sur les entrées au Palais des Institutions Italiennes avec plus de 6000 spectateurs du jeudi au dimanche sans parler du public venu nombreux dans les autres lieux gratuits à partir du lundi.
Trois facteurs sont à la clef de ces chiffres en augmentation : l’effet 20 ans, l’effet TGV vendredi et samedi, Casa n’est plus qu’ à 2h10 de Tanger et l’effet rumeur, ce sera peut-être le dernier Tanjazz… Que nenni !

Philippe Lorin lors de Tanjazz 2019
Philippe Lorin lors de Tanjazz 2019

Philippe Lorin, à l’issue de 20 ans de Tanjazz que retenez-vous de cette expérience et quels sont les artistes qui vous ont le plus marqué ?

Au cours de ces 20 ans, j’ai ressenti beaucoup d’excitation, d’adrénaline, d’inconfort, quelques découragements aussi, mais surtout le grand bonheur d’avoir offert au public Tangérois et marocain ce festival de Jazz et de bonne musique pendant toutes ces années.
Je suis heureux aussi d’avoir organisé des scènes publiques gratuites destinées à toutes et tous. Particulièrement cette année au théâtre de verdure de la Mendoubia d’abord parce que c’était un des tout premiers site de Tanjazz et puis parce qu’elle est au cœur de la ville dans un très beau lieu qui a attiré à chaque concert un large public très varié de tangérois et de touristes…
Nous avons également vécu d’autres très beaux moments au Musée de la Kasbah, à la Gare TGV, à Tanger City Mall, à Tabadoul, à l’hôtel Barceló, au Marina Bay Hôtel…
Au niveau artistique, tous les groupes m’ont marqué parce que je les ai choisis… J’ai aimé tous les artistes mais parmi les découvertes j’ai une tendresse particulière pour Cécile Mac Lorin Salvant venue à Tanjazz en 2014 et qui est aujourd’hui une véritable star. Elle fait une carrière extraordinaire. Cécile devait venir pour les 20 ans mais malheureusement les dates ne convenaient pas.
Et parmi les artistes qu’on a reçu, en 2010 Monty Alexander m’a enchanté. Il y a eu aussi Makoto Kuriya et Robin McKelle en 2007, Stacey Kent en 2004, The Wanton Bishops de Beyrouth cette année.

Cécile Mac Lorin Salvant et Monty Alexander à Tanjazz
Cécile Mac Lorin Salvant en 2014 et Monty Alexander en 2010 à Tanjazz
Les Gnawas à la Mandoubia pour Tanjazz
Les Gnawas à la Mendoubia pour Tanjazz en 2019
the Wanton Bishops en concert
the Wanton Bishops en concert

Quelle est la recette pour faire un festival de jazz pérenne à Tanger?

Il m’a fallu beaucoup d’énergie, d’optimisme pour continuer d’y croire d’année en année et m’astreindre à une gestion au rasoir…
A l’origine, Tanjazz est un festival de copains. Au départ beaucoup de groupes sont venus gratuitement comme The Swing Messengers ou The Black Label Swingtet ce sont des musiciens que je connais bien, je pense à Christian Bonnet qui nous a quitté mais qui venait presque chaque année à Tanjazz parce qu’il aimait jouer entre amis et à Tanger particulièrement.
C’est la magie du Jazz, les gars aiment jouer, se retrouver, partager la scène, faire le bœuf. Ils aiment l’ambiance de Tanger. Et puis aussi parce l’organisation du festival gâte les artistes…
Le soutien et la fidélité des sponsors a été déterminante durant toutes ces années comme la Fondation BMCI depuis  presque le début, Renault fut un temps, et ces dernières années « La centrale automobile chérifienne » avec ses marques Audi, Volkswagen, Skoda et Bentley…

Fondation BMCI le grand et fidèle partenaire de Tanjazz
Fondation BMCI le grand et fidèle sponsor de Tanjazz

Notons aussi l’aide précieuse des partenaires institutionnels et médias.
J’ai éprouvé aussi beaucoup de déception de l’indifférence des élus et des entreprises de Tanger sauf Bel, Jacob Delafon qui m’ont soutenu quelques années mais plus maintenant.

Quel est globalement le budget d’un festival comme Tanjazz et que représente la partie artistique?

Tanjazz est un festival de fauchés…
Le budget de Tanjazz est relativement modeste, environ 3,4 à 3,6 millions de DH (340/360000 €), la partie artistique représente environ 1/3 de ce budget.
Il faut donc jouer fin pour réunir un plateau de concerts aussi conséquent avec aussi peu d’argent.
Cette année le budget a été sensiblement plus important, 4 000 000 DH avec l’effet 20 ans et un soutien supplémentaire de l’Office Nationale Marocain du Tourisme et de l’Agence pour le développement et la promotion du Nord que je remercie.

Comment peut-on faire un festival aussi conséquent avec aussi peu de moyens ?

C’est mon talent de programmateur… et mon amour des artistes » dit-il en riant.
Avec les agents d’artistes ce n’est pas toujours facile.  Ils sont âpres aux gains, c’est normal.
Alors je me suis souvent adressé directement aux artistes, j’en connaissais pas mal, en jouant sur la corde sensible et en leur disant que dans les pays moins favorisés comme le Maghreb on avait aussi le droit, l’envie d’écouter de la bonne musique et du Jazz. Et qu’ils pouvaient y contribuer en étant raisonnables sur leurs cachets. Je leur vendais aussi la magie et le charme de Tanger auxquels ils ont presque tous succombés.

The Jive Aces à Tanjazz
The Jive Aces à Tanjazz

Dans cette aventure, il faut aussi tracer les groupes de qualité qui restent raisonnables au niveau des coûts comme « The Jive Aces » ou « Shakura S’Aida » qui est amoureuse de Tanger.
Tout cela a été souvent déterminant pour faire venir d’excellents artistes dans de bonnes conditions financières…

Vous avez passé la main à Moulay Hamed Alami, fondateur de Jazzablanca, à quoi ressemblera Tanjazz en 2020?

Il faut surtout le demander à Moulay…
Moulay est une compétence en la matière. Il connaît l’organisation d’un festival, il a du bon sens et de l’expérience, il devrait conserver le format actuel pour l’édition 2020 mais tout cela reste à préciser.

Moulay Ahmed Alami et Philippe Lorin
Moulay Hamed Alami et Philippe Lorin

J’ai cru comprendre que vous alliez conserver un rôle dans les prochains Tanjazz ?

J’aurais une mission de directeur artistique et programmateur du festival, ce que je sais faire et ce que je fais depuis 20 ans pour Tanjazz, en plus du reste.
Pour assurer cette mission, je poserai trois questions à Moulay Hamed Alami:
Combien de groupes tu veux ?
Combien de concerts ?
Et quel est ton budget artistique global ?
En fonction de cela, je lui ferai des propositions… Et il tranchera.

L’équipe actuelle de Tanjazz va-t-elle intégrer la nouvelle organisation ?

En dehors des prestataires en matériel, son, prestations techniques, logistiques l’équipe actuelle de Tanjazz est composée de quelques personnes rémunérées et surtout de beaucoup de bénévoles compétents et impliqués que je remercie ardemment. Sans eux, je n’aurais pas pu faire Tanjazz et tenir 20 ans.

L'équipe des bénévoles de Tanjazz
Philippe Lorin présente et remercie l’équipe des bénévoles de Tanjazz
Quelques bénévoles de Tanjazz au travail
Quelques bénévoles de Tanjazz en action…

Le modèle fonctionne, Tanjazz n’a pas de dettes, l’équipe est là. Alors pour la prochaine édition ce serait bien de s’appuyer sur l’existant. Mais à Moulay de voir…

Quelles seront les dates et les lieux de Tanjazz 2020?

A priori ce sera fin septembre, les dates sont déjà arrêtées du 24 au 27 septembre 2020 et au Palais des institutions italiennes s’il est disponible.
Pour aller dans le sens de l’expérience de la 20e édition, les choses devraient se dérouler sur une semaine avec des lieux annexes comme le Musée, Tanger City Mall, la gare TGV et d’autres…

Philippe Lorin, si deviez résumer votre saga Tanjazz en trois mots ?

En trois mots c’est difficile. Les mots qui me viennent à l’esprit : inconscience, persévérance, efficacité et un quatrième, alegría…

Propos de Philippe Lorin recueillis par Paul Brichet, le 3 octobre 2019


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mercredi 2 octobre 2019

L’association « 100% Mamans » de Tanger présidée par Claire Trichot, vient de réaliser un film très clair et explicatif qui présente 4 situations d’injustices vécues par les mères célibataires marocaines et leurs enfants. Cette démonstration nous montre combien cet article 490 du code pénal Marocain est injuste et qu’il faut l’abolir pour sauvegarder la liberté et l’intégrité des femmes au Maroc.

Regardez attentivement ce film et partager-le pour faire avancer la cause des femmes marocaines et des enfants nés hors mariage.

Le tribunal de première instance de Rabat a rendu lundi 30 septembre 2019 son jugement dans l’affaire de Hajar Raissouni : La journaliste a été condamnée à un an de prison ferme par le tribunal de Rabat pour « avortement illégal ».

Hajar Raissouni
Hajar Raissouni, 28 ans, est reporter au quotidien Akhbar el Youm, décrit par l’organisation Human Rights Watch (HRW) comme « l’un des derniers journaux de l’opposition au Maroc ».

Son gynécologue a écopé lui, de deux ans de prison ferme.
L’association « 100% Mamans » exprime son indignation et son inquiétude face à ce jugement qui viole les libertés individuelles dont le droit de disposer de son corps.

A travers son plaidoyer, « 100% Mamans » réclame la pleine reconnaissance des droits et libertés individuelles des citoyennes et citoyens marocains et continue sa lutte pour la suppression de l’article 490 du code pénal qui pénalise les relations sexuelles hors le cadre du mariage ainsi que l’article 453 du même code qui criminalise les interventions volontaires de grossesses.

France 24 corrobore cette condamnation totalement injuste dans un entretien avec Omar Brousky, représentant de Reporters Sans Frontières au Maroc.

 

 

Soutenez l’association « 100% Mamans »

Centpourcent-Mamans-site

 

 



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mardi 1 octobre 2019

Le peintre Omar Mahfoudi, qui réside maintenant à Paris est de retour à Tanger, sa ville natale, pour une exposition à la Galerie Conil intitulée « Botanica » du 5 au 31 octobre 2019 avec des peintures, dessins et sculptures.

Omar est venu au dessin et à la peinture avant de savoir écrire. Très tôt son travail de peintre, de photographe, de vidéaste et d’art performer interroge: l’intime, l’amitié masculine, le figuratif en brèche avec sa culture, les multiples paradoxes de la société contemporaine, l’immigration, l’exode, le mouvement, l’influence du politique et du religieux au Maroc, l’autorité militaire et la problématique de l’Homme face à la nature et au monde animal qui sera au coeur de l’expo Botanica…

Botanica expo de Omar Mahfoudi

Une poétique de la sensation
« La couleur est le point où notre cerveau et l’univers se rencontrent, c’est pourquoi elle apparaît toute dramatique au vrai peintre. » Paul Cézanne

Il peut paraître écrasant de commencer un texte consacré à la dernière série de tableaux d’Omar Mahfoudi intitulée « Botanica », en se référant à l’un des plus importants peintres français du 19ème siècle, mais c’est qu’il s’agit de situer les enjeux d’une telle peinture. Si l’on peut se réjouir ou s’étonner –mais en l’occurrence ici l’étonnement est le signe même de la jouissance esthétique – que le peintre tangérois s’intéresse au motif du paysage, encore faut-il commencer par balayer d’un revers de la main toute concession faite à l’esprit du temps.

Un cerf esseulé de Omar Mahfoudi 100x100cm
Un cerf esseulé de Omar Mahfoudi

Nous ne sommes pas ici face à une peinture de circonstance, écologique ou naturaliste, bien au contraire. Nous sommes, spectateurs, devant une vision terrible et sublime à la fois. Terreur mélancolique et saturnienne devant ces animaux esseulés, moins aux abois qu’abandonnés et absurdement livrés à eux-mêmes, comme si une chaîne avait été rompue, un lien définitivement brisé. Les savants nomment cette catastrophe du nom d’Anthropocène pour désigner ce temps suspendu qui voit la nature avoir définitivement disparu sous les coups mortels infligés par les hommes. Il fut un temps de la chasse et de la cueillette, révolu.

Voici venu le temps des assassins, comme l’écrivait Rimbaud, où les chasseurs ont été remplacés par des calculateurs fous et des profanateurs aguerris. Les hommes n’ont pas entièrement disparu, mais ils se réduisent ici à n’être plus que des silhouettes fantômatiques, des spectres incapables de témoigner de la destruction en cours.

S’il est une ligne continue qui traverse toutes les toiles présentées ici, c’est bien celle de la profanation et du saccage dont le peintre essaie de capter les quelques traces ou empreintes afin de les rendre indélébiles. La technique utilisée ici n’a rien d’ornemental. En mélangeant l’acrylique à de l’encre diluée, Mahfoudi nous jette à la figure, avec une sauvagerie toute animale qu’on pourra appeler instinct ou pulsion de vie – Éros –, des morceaux épars de cette nature dévastée, des pièces de ce monumental puzzle qu’il invite notre regard à recomposer.

Solitude surnaturelle
Solitude surnaturelle

Loin de l’inspiration fauviste qui guidait ses premiers pas en peinture, l’artiste célèbre ici l’union enfin retrouvée de la figuration et d’une abstraction lyrique qui touche au sublime. Sublimes sont ces contours tracés par des bombes aérosols rappelant la façon dont on délimite une scène de crime ou un chantier de destruction, sublimes ces formes évanescentes rappelant les arbres et la végétation d’un passé révolu ainsi que ces lignes d’horizon, souvenirs lointains d’une enfance tangéroise.

Si pour Cézanne, la peinture était la nature au Paradis ; il est à craindre que pour Omar Mahfoudi, la peinture ait commencé à rejoindre les enfers de la représentation. Que la nature brûlât, tel aurait dû être l’une de nos préoccupations majeures dont de rares artistes auront sans doute su témoigner…

Vernissage, le vendredi 5 octobre de 16 h à 20h en présence de l’artiste.

Olivier Rachet – Diptyk

GALERIE CONIL
7, rue du Palmier
35, rue des Almohades
Petit Socco – Tanger

Omar Mahfoudi, à mon propos…

omar-son bebe
Omar et son enfant

« Je m’appelle Omar Mahfoudi. Né à Tanger (Maroc) en 1981, je peins, filme et photographie avec force les contradictions propres à mon pays natal et au monde contemporain depuis près de 20 ans.

J’ai commencé à dessiner avant que je ne sache écrire. Cela m’est venu naturellement et m’a permis d’explorer d’autres images et destins que ceux portés par ma société ou par des visions orientalistes. J’ai eu la chance d’avoir un professeur au collège qui m’a encouragé dans ma pratique. À partir de ce moment je me suis intéressé à l’histoire de l’art. Par les médiums que sont la peinture, la photographie et la vidéo, je tente de réinventer et de réécrire l’histoire de l’être humain par des émotions, parce que je viens d’une culture où l’art figuratif est interdit. De même, dans ma culture, l’érotisme est limité à une hypocrite et mince partie de la vie, bien que la sensualité y soit très importante. Je questionne les corps et la sexualité dans la vie quotidienne à travers l’érotisme propre à la peinture. Le regard que je porte est la somme de 15 années de réflexion qui sont désormais derrière moi, comme digérées. Depuis 2016, mon regard sur le monde est influencé par les problématiques politiques et humanistes, donnant à mon travail (toujours figuratif), un nouvel élan.

De la vidéo expérimentale au film d’animation pictural, mon œuvre vidéo témoigne de ma liberté d’expression et de ma vision sans complaisance des multiples paradoxes de la société contemporaine. J’essaye de créer des images qui touchent par leur souffle vital. Concernant la peinture et les performances de live-painting, la gestualité et l’action de peindre sont très fortes et prennent une dimension tantôt poétique, tantôt politique. J’en faisais la démonstration en 2017 au musée du Quai Branly dans un live painting, pour questionner la notion « d’exotisme ».

En 2018, l’exposition TANJAWI produite par le centre d’art Point Ephémère m’a permis de proposer un regard intime sur Tanger, en traduisant ma réalité par des techniques mixtes à l’instar de la vidéo, du dessin et de la photographie. Je voulais faire irradier d’un charme et d’une poésie magnétiques la thématique de l’amitié masculine dans la société marocaine, entre mélancolie, violence, et sensualité.

La même année, j’ai imaginé et organisé un projet articulé autour des musiques patrimoniales marocaines et de leur mémoire. Il s’agissait d’une écoute de l’album enregistré par Paul Bowles dans les années 50 au Maroc, d’une présentation du poète – figure emblématique de la Beat Generation – et de leur réception, trace, et influence aujourd’hui. Pourquoi ces musiques ont-elles disparu ? Quelle influence le politique et le religieux ont-ils exercé ces 50 dernières années sur les pratiques locales ? La conférence invitait des intervenants à La Colonie (Paris) qui ont échangé avec le public pour esquisser des réponses, mais aussi et surtout des questions.

Dans la continuité de la série Militaires et des techniques utilisées alors, j’ai prolongé mon travail sur les migrants ; comme prétexte pour représenter la foule, la multitude, l’exode, le mouvement…. Le geste est expressionniste, il caractérise mon travail, et est désormais associé à un trait géométrique.

En 2019, à travers la série Les Egarés, j’ai voulu donner suite à mon travail sur les migrants entamé en 2017.
J’y associais une revisite des classiques de la peinture romantique. J’entends par là le format monumental, qui revient d’ailleurs massivement dans la peinture contemporaine. J’ai eu envie de faire évoluer mon utilisation des couleurs et de passer de techniques basées sur des effets graphiques et géométriques à des techniques d’aplats et de coulures. Cet apport me rapproche d’images médiatiques, rappelant celles que l’on voit chaque jour à la télévision ou sur internet (voir la série Pixel Collage de l’artiste Thomas Hirschhorn). Cet effet plastique permet ainsi une distanciation et un rapport critique au thème traité. C’est donc une variation sur le même thème, la phase 3 de ma série sur le monde contemporain, qui s’inspire de notre quotidien et interroge le monde et notre rapport à ce celui-ci. »

 



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