jeudi 31 octobre 2019

Julien Solé présente à la galerie Conil ses derniers travaux réalisés lors de plusieurs séjours à Tanger en 2018 et en 2019. On découvrira aussi quelques scènes de cafés d’Alexandrie, en Egypte.

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Julien Solé peint devant Saint Andrew Church à Tanger

L’artiste a choisi le dessin et Marseille comme port d’attache à la fin de ses études d’ingénieur (Polytechnique, Eaux et Forêts).

Aujourd’hui les activités de cet homme de 45 ans oscillent entre sa famille, le paysagisme, la peinture et les voyages lors desquels il ramène des oeuvres créées in situ.

Depuis, il revisite l’orientalisme et sillonne les bords de la Méditerranée pour dessiner les visages, les postures, les villes et leurs accumulations.

Selon les circonstances il remplace les carnets et les feuilles par des supports moins conventionnels – pages de livres qu’il redessine et qu’il assemble pour composer de grandes fresques, rouleaux dessinés…

Café Baba à Tanger
Café Baba à Tanger

 

Plage de Markala sur le Détroit deTanger
Plage de Markala sur le Détroit de Tanger

Dès samedi le public pourra découvrir à la Galerie Conil du petit Socco une vingtaine d’oeuvre de Julien Solé principalement réalisées à Tanger et en plein air.

4 oeuvres de Julien Solé présentées à la Galerie Conil
4 oeuvres de Julien Solé présentées à la Galerie Conil
Café de la cinémathèque de Julien Solé
Café de la cinémathèque de Julien Solé

Souvenir de Tanger par Julien Solé

Iami-sole-Tangerl y a douze ans je repartais en bateau pour Sète avec dans une caisse, en plus de mes tableaux

une peinture de quelqu’un d’autre, la seule que j’ai jamais achetée. Le peintre s’appelait Abd El Chafi

Je l’avais rencontré il y a douze ans dans un café. Et l’un l’autre on s’était fait le portrait. Il était malade les mains noueuses, les joues creusées, buvant, fumant …

Il avait, comme les autres, brulé sa vie à Tanger

Abd El Chafi ne peignait plus que la nuit à la bougie

« Ton peintre est mort en 2006 quelques semaines après ton départ » m’a dit l’antiquaire

Pourtant pendant toutes ces années je l’ai imaginé bien vivant, repeignant ces scènes qu’il vendait pour rien aux touristes espagnols qui, en partant, descendent vers le port.

 

Vernissage samedi 2 novembre à partir de 15h30 en présence de l’artiste.

 

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mardi 29 octobre 2019

La Galerie Conil, Guillaume Tanhia et Volume organisent la première exposition personnelle de Romain De La Haye intitulée « Constellations sonores »qui se tiendra du 2 au 30 novembre 2019 à Tanger.

Romain de la Haye
Romain de la Haye devant l’une de ses constellations sonores…

SIMPLICITE MEDITATIVE, NOTES SUSPENDUES DANS LE VIDE, COULEURS PRIMAIRES ET FORCE DE LA MATIERE. ROMAIN DE LA HAYE MET EN LUMIERE LA SYMBIOSE INTEMPORELLE QUI RELIE DEPUIS TOUS TEMPS LA PEINTURE ET LA MUSIQUE.

« Comme des partitions musicales, les astres jouent des partitions aléatoires, pour mieux laisser œuvrer le hasard. »

C’est entre ciel et terre que se situe la série Constellations sonores de Romain De La Haye. Minimaliste, les dessins de l’artiste caresse les lisières de l’abstraction sans jamais quitter un rapport au réel. Cultivant « l’art d’abstraire », Romain De La Haye se dépouille de tous les détails inutiles dans son œuvre picturale pour ne retenir que l’essence même du monde qu’il regarde et qu’il entend. Son projet, élaboré à partir de ses expériences réelles autant que de ses aventures intérieures, distille le parfum d’une nature musicale silencieuse, intime et secrète. Il s’attache à rendre compte des sonorités qui l’entourent en créant ses « images sonores », expressions de sensations qui découlent de la fragilité du trait. De là, naît un équilibre esthétique qui ouvre vers l’invisible.

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Sa démarche témoigne d’un souci acharné de se rentre sensible au monde, de prendre conscience du milieu naturel duquel nous faisons intimement partie : « Le monde tient tout seul. Nous ne portons pas l’univers sur nos épaules. L’homme n’est pas face à la nature. Il est dedans. »

Durant l'accrochage à la Galerie Conil
Durant l’accrochage à la Galerie Conil

Romain et Tanger

de la haye-afficheRomain parcourt le monde pour capter les sons des lieux qu’il visite au Groenland ou au Portugal à Nazaré dernièrement. Il est venu à Tanger attiré par d’autres sonorités, celles des Rolling Stones qui ont séjourné dans la cité du Détroit en 89 attirés par le son du Joujouka et la magie du haschich … Cette attraction, les rencontres faites dans la ville, les traces de Matisse et son amour de Miro lui ont inspiré un travail pictural d’instinct… Au printemps 2019 en résidence dans la médina de Tanger, Romain produira un travail pictural qui part de la portée musicale comme support et fil conducteur d’une création qui va naitre entre les lignes, les dépasser, gonfler, exploser au gré de distorsions sonores comme autant d’images, de formes, de couleurs qui jaillissent de son imaginaire de compositeur pour donner naissance à une constellation sonore.

A propos de Romain de la Haye

Peintre, compositeur, auteur, Romain De La Haye est un créateur et un aventurier à l’inventivité débridée. Multipliant les expériences inédites, explorant sans relâche des territoires insolites, il extrait de ses observations une matière visuelle et sonore hors du commun.

Vernissage le 2 novembre à partir de 17h en présence de l’artiste avec une surprise sonore…

Galerie Conil
Place de la Kasbah
Tanger



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vendredi 18 octobre 2019

Salaheddine Bouanani expose aux insolites de Tanger en solo show pour montrer une série de dessins sur papier qui renverse tout ce que vous croyiez savoir sur la peinture… « Art is FACELESS » du samedi 19 octobre au jeudi 14 novembre.

Salaheddine Bouanani-affiche-750

« Art is faceless » est une série de dessins qui ne laisse pas indifférent, avec une explosion de gouaches très colorées, des matières façonnées sur un papier Canson d’une touche très assurée.

Inspiré par de nombreux modes d’expressions artistiques, Salaheddine Bouanani se fait remarquer il y a quelques années au théâtre, avec « La Comédie de Tanger », et entame en même temps une carrière de peintre très prometteuse.

Deux oeuvres de Salaheddine Bouanani
Deux oeuvres de Salaheddine Bouanani

Né au Maroc, en 1972, l’artiste est bercé d’art et de culture depuis son plus jeune âge. Il est un plasticien autodidacte qui exerce la profession de pharmacien dans la région d’Assilah.

Exposés aux États-Unis et en Espagne, ses travaux sont montrés pour la première fois à Tanger et au Maroc en « solo show » à la galerie les insolites.

 

Vernissage: Samedi 19 octobre 2019 à partir de 19.00 – avec Salaheddine Bouanani.

Les insolites
28, rue Khalid Ibn Oualid
Tanger

 



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vendredi 4 octobre 2019

Pour ses 20 ans Tanjazz (15/22 septembre 2019) a battu son record d’entrées. Une fréquentation en hausse de 20 % par rapport à 2018 uniquement sur les entrées au Palais des Institutions Italiennes avec plus de 6000 spectateurs du jeudi au dimanche sans parler du public venu nombreux dans les autres lieux gratuits à partir du lundi.
Trois facteurs sont à la clef de ces chiffres en augmentation : l’effet 20 ans, l’effet TGV vendredi et samedi, Casa n’est plus qu’ à 2h10 de Tanger et l’effet rumeur, ce sera peut-être le dernier Tanjazz… Que nenni !

Philippe Lorin lors de Tanjazz 2019
Philippe Lorin lors de Tanjazz 2019

Philippe Lorin, à l’issue de 20 ans de Tanjazz que retenez-vous de cette expérience et quels sont les artistes qui vous ont le plus marqué ?

Au cours de ces 20 ans, j’ai ressenti beaucoup d’excitation, d’adrénaline, d’inconfort, quelques découragements aussi, mais surtout le grand bonheur d’avoir offert au public Tangérois et marocain ce festival de Jazz et de bonne musique pendant toutes ces années.
Je suis heureux aussi d’avoir organisé des scènes publiques gratuites destinées à toutes et tous. Particulièrement cette année au théâtre de verdure de la Mendoubia d’abord parce que c’était un des tout premiers site de Tanjazz et puis parce qu’elle est au cœur de la ville dans un très beau lieu qui a attiré à chaque concert un large public très varié de tangérois et de touristes…
Nous avons également vécu d’autres très beaux moments au Musée de la Kasbah, à la Gare TGV, à Tanger City Mall, à Tabadoul, à l’hôtel Barceló, au Marina Bay Hôtel…
Au niveau artistique, tous les groupes m’ont marqué parce que je les ai choisis… J’ai aimé tous les artistes mais parmi les découvertes j’ai une tendresse particulière pour Cécile Mac Lorin Salvant venue à Tanjazz en 2014 et qui est aujourd’hui une véritable star. Elle fait une carrière extraordinaire. Cécile devait venir pour les 20 ans mais malheureusement les dates ne convenaient pas.
Et parmi les artistes qu’on a reçu, en 2010 Monty Alexander m’a enchanté. Il y a eu aussi Makoto Kuriya et Robin McKelle en 2007, Stacey Kent en 2004, The Wanton Bishops de Beyrouth cette année.

Cécile Mac Lorin Salvant et Monty Alexander à Tanjazz
Cécile Mac Lorin Salvant en 2014 et Monty Alexander en 2010 à Tanjazz
Les Gnawas à la Mandoubia pour Tanjazz
Les Gnawas à la Mendoubia pour Tanjazz en 2019
the Wanton Bishops en concert
the Wanton Bishops en concert

Quelle est la recette pour faire un festival de jazz pérenne à Tanger?

Il m’a fallu beaucoup d’énergie, d’optimisme pour continuer d’y croire d’année en année et m’astreindre à une gestion au rasoir…
A l’origine, Tanjazz est un festival de copains. Au départ beaucoup de groupes sont venus gratuitement comme The Swing Messengers ou The Black Label Swingtet ce sont des musiciens que je connais bien, je pense à Christian Bonnet qui nous a quitté mais qui venait presque chaque année à Tanjazz parce qu’il aimait jouer entre amis et à Tanger particulièrement.
C’est la magie du Jazz, les gars aiment jouer, se retrouver, partager la scène, faire le bœuf. Ils aiment l’ambiance de Tanger. Et puis aussi parce l’organisation du festival gâte les artistes…
Le soutien et la fidélité des sponsors a été déterminante durant toutes ces années comme la Fondation BMCI depuis  presque le début, Renault fut un temps, et ces dernières années « La centrale automobile chérifienne » avec ses marques Audi, Volkswagen, Skoda et Bentley…

Fondation BMCI le grand et fidèle partenaire de Tanjazz
Fondation BMCI le grand et fidèle sponsor de Tanjazz

Notons aussi l’aide précieuse des partenaires institutionnels et médias.
J’ai éprouvé aussi beaucoup de déception de l’indifférence des élus et des entreprises de Tanger sauf Bel, Jacob Delafon qui m’ont soutenu quelques années mais plus maintenant.

Quel est globalement le budget d’un festival comme Tanjazz et que représente la partie artistique?

Tanjazz est un festival de fauchés…
Le budget de Tanjazz est relativement modeste, environ 3,4 à 3,6 millions de DH (340/360000 €), la partie artistique représente environ 1/3 de ce budget.
Il faut donc jouer fin pour réunir un plateau de concerts aussi conséquent avec aussi peu d’argent.
Cette année le budget a été sensiblement plus important, 4 000 000 DH avec l’effet 20 ans et un soutien supplémentaire de l’Office Nationale Marocain du Tourisme et de l’Agence pour le développement et la promotion du Nord que je remercie.

Comment peut-on faire un festival aussi conséquent avec aussi peu de moyens ?

C’est mon talent de programmateur… et mon amour des artistes » dit-il en riant.
Avec les agents d’artistes ce n’est pas toujours facile.  Ils sont âpres aux gains, c’est normal.
Alors je me suis souvent adressé directement aux artistes, j’en connaissais pas mal, en jouant sur la corde sensible et en leur disant que dans les pays moins favorisés comme le Maghreb on avait aussi le droit, l’envie d’écouter de la bonne musique et du Jazz. Et qu’ils pouvaient y contribuer en étant raisonnables sur leurs cachets. Je leur vendais aussi la magie et le charme de Tanger auxquels ils ont presque tous succombés.

The Jive Aces à Tanjazz
The Jive Aces à Tanjazz

Dans cette aventure, il faut aussi tracer les groupes de qualité qui restent raisonnables au niveau des coûts comme « The Jive Aces » ou « Shakura S’Aida » qui est amoureuse de Tanger.
Tout cela a été souvent déterminant pour faire venir d’excellents artistes dans de bonnes conditions financières…

Vous avez passé la main à Moulay Hamed Alami, fondateur de Jazzablanca, à quoi ressemblera Tanjazz en 2020?

Il faut surtout le demander à Moulay…
Moulay est une compétence en la matière. Il connaît l’organisation d’un festival, il a du bon sens et de l’expérience, il devrait conserver le format actuel pour l’édition 2020 mais tout cela reste à préciser.

Moulay Ahmed Alami et Philippe Lorin
Moulay Hamed Alami et Philippe Lorin

J’ai cru comprendre que vous alliez conserver un rôle dans les prochains Tanjazz ?

J’aurais une mission de directeur artistique et programmateur du festival, ce que je sais faire et ce que je fais depuis 20 ans pour Tanjazz, en plus du reste.
Pour assurer cette mission, je poserai trois questions à Moulay Hamed Alami:
Combien de groupes tu veux ?
Combien de concerts ?
Et quel est ton budget artistique global ?
En fonction de cela, je lui ferai des propositions… Et il tranchera.

L’équipe actuelle de Tanjazz va-t-elle intégrer la nouvelle organisation ?

En dehors des prestataires en matériel, son, prestations techniques, logistiques l’équipe actuelle de Tanjazz est composée de quelques personnes rémunérées et surtout de beaucoup de bénévoles compétents et impliqués que je remercie ardemment. Sans eux, je n’aurais pas pu faire Tanjazz et tenir 20 ans.

L'équipe des bénévoles de Tanjazz
Philippe Lorin présente et remercie l’équipe des bénévoles de Tanjazz
Quelques bénévoles de Tanjazz au travail
Quelques bénévoles de Tanjazz en action…

Le modèle fonctionne, Tanjazz n’a pas de dettes, l’équipe est là. Alors pour la prochaine édition ce serait bien de s’appuyer sur l’existant. Mais à Moulay de voir…

Quelles seront les dates et les lieux de Tanjazz 2020?

A priori ce sera fin septembre, les dates sont déjà arrêtées du 24 au 27 septembre 2020 et au Palais des institutions italiennes s’il est disponible.
Pour aller dans le sens de l’expérience de la 20e édition, les choses devraient se dérouler sur une semaine avec des lieux annexes comme le Musée, Tanger City Mall, la gare TGV et d’autres…

Philippe Lorin, si deviez résumer votre saga Tanjazz en trois mots ?

En trois mots c’est difficile. Les mots qui me viennent à l’esprit : inconscience, persévérance, efficacité et un quatrième, alegría…

Propos de Philippe Lorin recueillis par Paul Brichet, le 3 octobre 2019


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mercredi 2 octobre 2019

L’association « 100% Mamans » de Tanger présidée par Claire Trichot, vient de réaliser un film très clair et explicatif qui présente 4 situations d’injustices vécues par les mères célibataires marocaines et leurs enfants. Cette démonstration nous montre combien cet article 490 du code pénal Marocain est injuste et qu’il faut l’abolir pour sauvegarder la liberté et l’intégrité des femmes au Maroc.

Regardez attentivement ce film et partager-le pour faire avancer la cause des femmes marocaines et des enfants nés hors mariage.

Le tribunal de première instance de Rabat a rendu lundi 30 septembre 2019 son jugement dans l’affaire de Hajar Raissouni : La journaliste a été condamnée à un an de prison ferme par le tribunal de Rabat pour « avortement illégal ».

Hajar Raissouni
Hajar Raissouni, 28 ans, est reporter au quotidien Akhbar el Youm, décrit par l’organisation Human Rights Watch (HRW) comme « l’un des derniers journaux de l’opposition au Maroc ».

Son gynécologue a écopé lui, de deux ans de prison ferme.
L’association « 100% Mamans » exprime son indignation et son inquiétude face à ce jugement qui viole les libertés individuelles dont le droit de disposer de son corps.

A travers son plaidoyer, « 100% Mamans » réclame la pleine reconnaissance des droits et libertés individuelles des citoyennes et citoyens marocains et continue sa lutte pour la suppression de l’article 490 du code pénal qui pénalise les relations sexuelles hors le cadre du mariage ainsi que l’article 453 du même code qui criminalise les interventions volontaires de grossesses.

France 24 corrobore cette condamnation totalement injuste dans un entretien avec Omar Brousky, représentant de Reporters Sans Frontières au Maroc.

 

 

Soutenez l’association « 100% Mamans »

Centpourcent-Mamans-site

 

 



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mardi 1 octobre 2019

Le peintre Omar Mahfoudi, qui réside maintenant à Paris est de retour à Tanger, sa ville natale, pour une exposition à la Galerie Conil intitulée « Botanica » du 5 au 31 octobre 2019 avec des peintures, dessins et sculptures.

Omar est venu au dessin et à la peinture avant de savoir écrire. Très tôt son travail de peintre, de photographe, de vidéaste et d’art performer interroge: l’intime, l’amitié masculine, le figuratif en brèche avec sa culture, les multiples paradoxes de la société contemporaine, l’immigration, l’exode, le mouvement, l’influence du politique et du religieux au Maroc, l’autorité militaire et la problématique de l’Homme face à la nature et au monde animal qui sera au coeur de l’expo Botanica…

Botanica expo de Omar Mahfoudi

Une poétique de la sensation
« La couleur est le point où notre cerveau et l’univers se rencontrent, c’est pourquoi elle apparaît toute dramatique au vrai peintre. » Paul Cézanne

Il peut paraître écrasant de commencer un texte consacré à la dernière série de tableaux d’Omar Mahfoudi intitulée « Botanica », en se référant à l’un des plus importants peintres français du 19ème siècle, mais c’est qu’il s’agit de situer les enjeux d’une telle peinture. Si l’on peut se réjouir ou s’étonner –mais en l’occurrence ici l’étonnement est le signe même de la jouissance esthétique – que le peintre tangérois s’intéresse au motif du paysage, encore faut-il commencer par balayer d’un revers de la main toute concession faite à l’esprit du temps.

Un cerf esseulé de Omar Mahfoudi 100x100cm
Un cerf esseulé de Omar Mahfoudi

Nous ne sommes pas ici face à une peinture de circonstance, écologique ou naturaliste, bien au contraire. Nous sommes, spectateurs, devant une vision terrible et sublime à la fois. Terreur mélancolique et saturnienne devant ces animaux esseulés, moins aux abois qu’abandonnés et absurdement livrés à eux-mêmes, comme si une chaîne avait été rompue, un lien définitivement brisé. Les savants nomment cette catastrophe du nom d’Anthropocène pour désigner ce temps suspendu qui voit la nature avoir définitivement disparu sous les coups mortels infligés par les hommes. Il fut un temps de la chasse et de la cueillette, révolu.

Voici venu le temps des assassins, comme l’écrivait Rimbaud, où les chasseurs ont été remplacés par des calculateurs fous et des profanateurs aguerris. Les hommes n’ont pas entièrement disparu, mais ils se réduisent ici à n’être plus que des silhouettes fantômatiques, des spectres incapables de témoigner de la destruction en cours.

S’il est une ligne continue qui traverse toutes les toiles présentées ici, c’est bien celle de la profanation et du saccage dont le peintre essaie de capter les quelques traces ou empreintes afin de les rendre indélébiles. La technique utilisée ici n’a rien d’ornemental. En mélangeant l’acrylique à de l’encre diluée, Mahfoudi nous jette à la figure, avec une sauvagerie toute animale qu’on pourra appeler instinct ou pulsion de vie – Éros –, des morceaux épars de cette nature dévastée, des pièces de ce monumental puzzle qu’il invite notre regard à recomposer.

Solitude surnaturelle
Solitude surnaturelle

Loin de l’inspiration fauviste qui guidait ses premiers pas en peinture, l’artiste célèbre ici l’union enfin retrouvée de la figuration et d’une abstraction lyrique qui touche au sublime. Sublimes sont ces contours tracés par des bombes aérosols rappelant la façon dont on délimite une scène de crime ou un chantier de destruction, sublimes ces formes évanescentes rappelant les arbres et la végétation d’un passé révolu ainsi que ces lignes d’horizon, souvenirs lointains d’une enfance tangéroise.

Si pour Cézanne, la peinture était la nature au Paradis ; il est à craindre que pour Omar Mahfoudi, la peinture ait commencé à rejoindre les enfers de la représentation. Que la nature brûlât, tel aurait dû être l’une de nos préoccupations majeures dont de rares artistes auront sans doute su témoigner…

Vernissage, le vendredi 5 octobre de 16 h à 20h en présence de l’artiste.

Olivier Rachet – Diptyk

GALERIE CONIL
7, rue du Palmier
35, rue des Almohades
Petit Socco – Tanger

Omar Mahfoudi, à mon propos…

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Omar et son enfant

« Je m’appelle Omar Mahfoudi. Né à Tanger (Maroc) en 1981, je peins, filme et photographie avec force les contradictions propres à mon pays natal et au monde contemporain depuis près de 20 ans.

J’ai commencé à dessiner avant que je ne sache écrire. Cela m’est venu naturellement et m’a permis d’explorer d’autres images et destins que ceux portés par ma société ou par des visions orientalistes. J’ai eu la chance d’avoir un professeur au collège qui m’a encouragé dans ma pratique. À partir de ce moment je me suis intéressé à l’histoire de l’art. Par les médiums que sont la peinture, la photographie et la vidéo, je tente de réinventer et de réécrire l’histoire de l’être humain par des émotions, parce que je viens d’une culture où l’art figuratif est interdit. De même, dans ma culture, l’érotisme est limité à une hypocrite et mince partie de la vie, bien que la sensualité y soit très importante. Je questionne les corps et la sexualité dans la vie quotidienne à travers l’érotisme propre à la peinture. Le regard que je porte est la somme de 15 années de réflexion qui sont désormais derrière moi, comme digérées. Depuis 2016, mon regard sur le monde est influencé par les problématiques politiques et humanistes, donnant à mon travail (toujours figuratif), un nouvel élan.

De la vidéo expérimentale au film d’animation pictural, mon œuvre vidéo témoigne de ma liberté d’expression et de ma vision sans complaisance des multiples paradoxes de la société contemporaine. J’essaye de créer des images qui touchent par leur souffle vital. Concernant la peinture et les performances de live-painting, la gestualité et l’action de peindre sont très fortes et prennent une dimension tantôt poétique, tantôt politique. J’en faisais la démonstration en 2017 au musée du Quai Branly dans un live painting, pour questionner la notion « d’exotisme ».

En 2018, l’exposition TANJAWI produite par le centre d’art Point Ephémère m’a permis de proposer un regard intime sur Tanger, en traduisant ma réalité par des techniques mixtes à l’instar de la vidéo, du dessin et de la photographie. Je voulais faire irradier d’un charme et d’une poésie magnétiques la thématique de l’amitié masculine dans la société marocaine, entre mélancolie, violence, et sensualité.

La même année, j’ai imaginé et organisé un projet articulé autour des musiques patrimoniales marocaines et de leur mémoire. Il s’agissait d’une écoute de l’album enregistré par Paul Bowles dans les années 50 au Maroc, d’une présentation du poète – figure emblématique de la Beat Generation – et de leur réception, trace, et influence aujourd’hui. Pourquoi ces musiques ont-elles disparu ? Quelle influence le politique et le religieux ont-ils exercé ces 50 dernières années sur les pratiques locales ? La conférence invitait des intervenants à La Colonie (Paris) qui ont échangé avec le public pour esquisser des réponses, mais aussi et surtout des questions.

Dans la continuité de la série Militaires et des techniques utilisées alors, j’ai prolongé mon travail sur les migrants ; comme prétexte pour représenter la foule, la multitude, l’exode, le mouvement…. Le geste est expressionniste, il caractérise mon travail, et est désormais associé à un trait géométrique.

En 2019, à travers la série Les Egarés, j’ai voulu donner suite à mon travail sur les migrants entamé en 2017.
J’y associais une revisite des classiques de la peinture romantique. J’entends par là le format monumental, qui revient d’ailleurs massivement dans la peinture contemporaine. J’ai eu envie de faire évoluer mon utilisation des couleurs et de passer de techniques basées sur des effets graphiques et géométriques à des techniques d’aplats et de coulures. Cet apport me rapproche d’images médiatiques, rappelant celles que l’on voit chaque jour à la télévision ou sur internet (voir la série Pixel Collage de l’artiste Thomas Hirschhorn). Cet effet plastique permet ainsi une distanciation et un rapport critique au thème traité. C’est donc une variation sur le même thème, la phase 3 de ma série sur le monde contemporain, qui s’inspire de notre quotidien et interroge le monde et notre rapport à ce celui-ci. »

 



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