Du 8 au 29 janvier 2017 Alice Hamon a été accueilli en résidence artistique par l’Institut Français de Tanger en partenariat avec l’association ECUME Marseille dans le cadre d’échanges culturels en Méditerranée. Travail présenté à la salle Beckett le 27 janvier.
Alice Hamon développe un travail sur le territoire, les frontières dont le support est l’environnement maritime et urbain. Elle questionne les notions de lieu et de temps en réalisant des pièces in-situ. La photographie et le dessin sont proposés comme une expérimentation nomade et mixte, une trace et un dispositif autonome. L’échelle de ces éléments varie, se déclinent, se combinent et s’inscrivent parfois de nouveau dans l’espace public.
Depuis quelques années, elle réalise un projet photographique dans les villes du pourtour méditerranéen : Marseille, Beyrouth, Damas et aujourd’hui Tanger, en explorant la configuration architecturale et spatiale des lieux et plus particulièrement les toits plats. Le procédé n’a pas pour unique but de créer une série d’images mais créer une force méditative, expérience d’une relation au monde. Cette expérimentation est physique, gestuelle et mentale.
Elle explore également ces thèmes avec le dessin, où les notions d’échelles, de cartographies rencontrent découpages, collages, encres et dessins à la mine de plomb.
Elle a notamment exposé à Montréal, Bruxelles, Paris et Marseille.
A propos d’Alice Hamon
Partir, revenir, aller voir ailleurs – juste à côté ou beaucoup plus loin. Qu’il s’agisse de ses choix artistiques, des matériaux qu’elle utilise ou de sa relation avec le monde, Alice Hamon a privilégié la mobilité.
Avant Beyrouth, Porto, Montréal, l’Asie… La route commence à Strasbourg aux Arts Décoratifs. Elle y expérimente le plaisir brut des matériaux, grave le métal et le verre. Déjà le voyage, le mouvement et le temps, sont au cœur de son travail. Une forme se confirme; laissant un espace pour le vide. Sérigraphies ou gravures, inspirées par les techniques de l’estampe, lui permettent de passer du singulier au multiple, expérimentant la richesse de la juxtaposition et des changements infimes.
Première escale : Montréal (master en Arts Visuels, Uqam). Alice Hamon rapproche la technique de la sérigraphie et l’expression de la photographie pour des réalisations d’affiches. C’est aussi le temps des premières installations en milieu urbain, un art éphémère, fragile, qui finit par faire partie du décor, s’affirme comme œuvre, avant d’être livré au passage du temps, de la destruction. L’œuvre d’Alice Hamon trouve sa place, dans la rue, sur les toits… Elle devient constitutive du lieu dont elle est inspirée, et ce principe demeure depuis une constante.
Vient le temps de trouver un lieu qui resterait ouvert sur le monde, qui accueillerait le monde. Ce sera donc un port, Marseille, où elle vit et travaille depuis 10 ans. Elle ressent très vite besoin de connaître l’intimité de cette ville, de ses habitants. Grâce à plusieurs expériences au sein d’associations culturelles, elle initie un travail avec les enfants des quartiers périphériques. A travers des ateliers de pratiques artistiques, autour de thèmes en lien avec leur quotidien, leur culture, leur histoire… Elle leur propose de créer des œuvres qui feront l’objet de publications (Editions Le port a jauni), d’expositions (Bibliothèque Alcazar de Marseille), ou une œuvre collective destinée à laisser une empreinte dans l’espace public (Rés. Un artiste, un quartier, Arts et développement). Ces rencontres, nourries d’horizons culturels et sociaux variés, tissent des échanges qui viennent enrichir son travail personnel.
En parallèle, Alice poursuit ses recherches et expériences plastiques sur le dessin, en puisant toujours dans un univers personnel. Bruts ou retravaillés par scans et recomposés, les séries 0n board, ou Promenades immobiles mélangent l’encre et le feutre, le trait franc et les collages. On y retrouve ses thèmes de prédilection ; les éléments géographiques, cartographiques (mer, points cardinaux…) et spaciaux (habitat, bateaux…) qui se combinent de manière ludique. Son travail joue avec les associations d’idées, qui permettent au réel et à l’imaginaire de se côtoyer ou se combiner. Autre constante : la réflexion sur le format, et l’inscription des œuvres dans les lieux publics, comme autant de lieux d’étapes subjectifs. Le dessin bouleverse les questions d’échelle, et la représentation géographique d’un lieu laisse place à un ailleurs poétique et possible (cf. Holidays, Interstices #1).
Elle poursuit également le développement d’un projet d’envergure, qu’elle initie en Inde, avant de le décliner dans plusieurs villes méditerranéennes. Alice Hamon dessine sur les toits terrasses, en utilisant un matériau volatile comme la craie. Ces réalisations très graphiques, inspirées par la cartographie ou des motifs géométriques (yeux, amulettes, rose des vents, tapis…) sont ensuite photographiées dans leur contexte. Les traces sur le toit, au premier plan de l’image, se rapprochent d’une configuration symbolique ou imaginaire d’un lieu qui entre en résonance avec l’espace réel photographié. Elle sollicite ainsi une dynamique visuelle, nous éloignant doucement de la réalité pour laisser place au rêve et à l’imagination. De ce travail, Jean-Luc Chalumeau a pu écrire : « Pour les photographes, il n’y a pas de supériorité esthétique entre l’effort d’embellir le monde et l’effort inverse de lui arracher son masque. C’est à cette double tâche que se consacre Alice Hamon avec virtuosité ».
Nicole Levigne
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