La Comédie de Tanger présente « Migraaants », une pièce de Matei Visniec, entièrement basée sur des faits réels et mise en scène par Philippe Lorin. Une première au Maroc et à Tanger les 28 et 29 novembre prochains.
Cette pièce se veut une proposition pour une aventure artistique collective ayant comme but au moins une chose : casser l’indifférence.
Comment parler des migrants, errants désespérés de la guerre, de la terre et de la mer, alors que leur tragédie se prolonge, qu’elle ne trouve que des solutions partielles et qu’elle nourrit les discours les plus opposés ?
Matéi Visniec, qui répond généralement (et somptueusement) à l’absurde par l’absurde et l’humour noir, prend le risque de saisir cette errance mortelle de centaines de milliers d’hommes avec ses armes théâtrales, fourbies avec son rire qui est des plus féroces.
C’est une succession de scènes qui poussent la réalité jusqu’à son point maximum de ridicule et – parfois – d’insoutenable : défilent, en saynètes saccadées, des réfugiés embobinés par des passeurs et des capitaines au cœur malin en bandoulière, de charmantes vendeuses d’armes et de moyens de protection contre les envahisseurs, des hommes politiques cherchant à prôner la générosité à tout vent et à fermer en même temps les portes à double tour, des acheteurs d’organes et des trafiquants d’enfants, …
La pièce sera présentée à l’Instituto Espagnol Severo Ochoa lors de deux soirées:
– Mardi 28 novembre à 20h, représentation réservée aux étudiants (Entrée libre)
– Mercredi 29 novembre à 20h, représentation publique en présence du Délégué du Haut-Commissariat aux Réfugiés
Avec le parrainage du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies et de la Fondation Heinrich Böll et l’appui de l’Institut Français de Tanger.
Par ordre d’entrée en scène: Patrick Lebre, Aurore Laloux, Mouna Fassi-Fihri, Widad Tizniti, Driss Mamoun, Sulayman Alaoui, Christiane Duffau, Michel Duffau, Marc Richli, Ugo Orlando, Jean-Claude Sussfeld, Mahmoud Ben Slimane, Salah Bouanani, Jérôme Guerin, Philippe Lorin, Roland Platel, Xavier Berthet, Laila Gori, Rabea Saber, Pascale Julien, Saad Ben Amar, Badr Ben Amar, Hajar Loulichki, Eric Parfait, Ibrahim Bah, Aissatou Barry.
Mise en scène: Philippe Lorin
Régie Générale: Roland Platel assisté de Mohammed Ben Ajiba
Programme et Affiche: Laila Salas
Entrée libre, sortie au chapeau au bénéfice des Migrants.
A propos de Matei Visniec
Né au nord de la Roumanie, le 29 janvier 1956. Dans cette Roumanie communiste de Ceausescu, il découvre très vite dans la littérature un espace de liberté. Il se nourrit de Kafka, Dostoïevski, Camus, Beckett, Ionesco, Lautréamont… Il aime les surréalistes, les dadaïstes, les récits fantastiques, le théâtre de l’absurde et du grotesque, la poésie onirique et même le théâtre réaliste anglo-saxon, bref, tout sauf le réalisme socialiste.
Plus tard, parti à Bucarest pour étudier la philosophie, il devient très actif au sein de la génération 80 qui a bouleversé le paysage poétique et littéraire de la Roumanie de l’époque. Il croit en la résistance culturelle et en la capacité de la littérature de démolir le totalitarisme. Il croit surtout que le théâtre et la poésie peuvent dénoncer la manipulation des gens par les « grandes idées ».
Avant 1987 il s’affirme en Roumanie avec sa poésie épurée, lucide, écrite à l’acide. A partir de 1977 il commence à écrire aussi des pièces de théâtre qui circulent abondement dans le milieu littéraire, mais qui restent interdites de création.
Devenu auteur interdit, en septembre 1987, il quitte la Roumanie, arrive en France et demande asile politique. Il rédige, dans le sein de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales une thèse sur la résistance culturelle dans les pays de l’Europe de l’Est à l’époque communiste, mais commence aussi à écrire des pièces de théâtre en français. Entre 1988 et 1989 il travaille pour BBC, et à partir de 1990 pour Radio France Internationale.
Après un premier succès aux Journées des Auteurs organisées par le Théâtre les Célestins de Lyon, en 1991, avec sa pièce « Les Chevaux à la fenêtre », Matéi Visniec est découvert par de nombreuses compagnies et ses pièces sont jouées à Paris, Lyon, Avignon, Marseille, Toulouse, la Rochelle, Grenoble, Nancy, Nice, etc.
A ce jour, Matéi Visniec compte de nombreuses créations en France. Une trentaine de ses pièces écrites en français sont éditées (Lansman, Actes Sud-Papier, L’Harmattan, Espace d’un Instant, Crater).
Il a été à l’affiche dans une trentaine de pays dont Italie (Théâtre Piccolo de Milan), Grande Bretagne (Théâtre Young Vic de Londres), Pologne (Théâtre Stary de Cracovie), Turquie (Théâtre National d’Istanbul), Suède (Théâtre Royal de Stockholm), Allemagne (Théâtre Maxim Gorki de Berlin), Israël (Théâtre Karov de Tel Aviv), Etats-Unis (Théâtre Open Fist Company de Hollywood), Canada (Théâtre de la Veillé de Montréal), Japon (Théâtre Kaze de Tokyo)…
Il est devenu, depuis 1992, l’un des auteurs les plus joués au Festival d’Avignon (off) avec une quarantaine de créations. A Paris ses pièces ont été créées au Théâtre du Rond Point, au Studio des Champs Elysées, au Théâtre de l’Est Parisien, au Ciné13 Théâtre, au Théâtre International de Langue Française, au Théâtre du Guichet Montparnasse, au Théâtre de l’Opprimé…
En Roumanie, depuis la chute du communisme, Matéi Visniec est devenu l’auteur dramatique vivant le plus joué. Le Théâtre National de Bucarest a créé ses pièces « La Machine Tchékhov » et « L’histoire du communisme racontée aux malades mentaux ». Il est aussi l’auteur de trois romans édités en Roumanie.
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