A l’approche de la COP21, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) veut provoquer une prise de conscience sur les maladies induites par le changement climatique notamment au Maroc. Si rien n’est fait, «les températures élevées, les vagues de chaleur, les averses, inondations et glissements de terrain, risquent d’aggraver les défis existants en matière de maladies transmissibles, d’insécurité alimentaire et de pauvreté» (1).
Si les actions nécessaires de protection de l’environnement ne sont pas déployées, l’OMS estime à plus de 187.000 le nombre de Marocains qui pourraient être touchés chaque année par les inondations en raison de l’élévation du niveau de la mer d’ici cinquante ans. «La côte méditerranéenne du Maroc est d’autant plus vulnérable à ces effets en raison de la plaine de basses terres où s’étend le delta du fleuve Moulouya. Les répercussions des changements climatiques à cet endroit pourraient être catastrophiques compte tenu de l’importance du fleuve sur les plans écologique et économique», met en garde le Centre de recherches pour le développement international (http://www.idrc.ca/). Il faut s’attendre donc à ce que «l’élévation du niveau de la mer accentue l’érosion des côtes et accroisse les risques d’inondation et de salinisation des eaux souterraines». D’après l’OMS, l’agriculture, qui représente 16% du PIB du Maroc, est menacée par la diminution des précipitations annuelles, ce qui augmenterait le risque de mauvaises récoltes et de la malnutrition. La prévalence de la malnutrition infantile chez les enfants de moins de 5 ans au Maroc était de 3,1% en 2011 (derniers chiffres connus). Le pays pourrait également faire face à une pénurie d’eau aggravée par la hausse des températures et les fortes vagues de chaleur.
Des températures élevées provoqueront aussi l’augmentation de l’incidence voire la réapparition de certaines maladies telles que la dengue (une infection virale transmise par les moustiques), le paludisme (en 2010, l’OMS a certifié l’élimination du paludisme au Maroc, mais la maladie pourrait réapparaître) ou la schistosomiase. Si la mortalité due aux maladies diarrhéiques a beaucoup reculé, les vagues de chaleur peuvent être la cause de la prolifération des infections de diarrhées. En 2008, il y avait environ 4.200 décès chez les enfants de moins de 15 ans. Selon le scénario d’émissions de gaz à effet de serre élevées, les décès diarrhéiques attribuables au changement climatique chez les moins de 15 ans atteindraient environ 1.600 décès en 2030. Bien que les décès diarrhéiques doivent diminuer à un peu plus de 600 d’ici 2050 la proportion de décès attribuables au changement climatique pourrait atteindre environ 14,7%. De même, les victimes des vagues des canicules, notamment les personnes âgées de plus de 65 ans, pourraient augmenter à près de 50 par 100.000 habitants d’ici 2080.
Si les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter au rythme actuel, la température moyenne risque d’augmenter de 5,5°C entre 1990 et 2100. Cependant, si les émissions polluantes sont réduites, notamment à travers l’utilisation de sources d’énergies propres, le réchauffement climatique pourrait être limité à 1,6°C. L’étude analyse aussi les conséquences de la pollution atmosphérique qui reste l’un des plus grands risques sanitaires mondiaux. L’OMS estime à 7 millions le nombre de personnes mortes de maladies liées à la pollution de l’air en 2012.
La pollution de l’air extérieur peut avoir des conséquences directes et parfois graves pour la santé. Les particules fines qui pénètrent profondément dans les voies respiratoires augmentent la mortalité par infections respiratoires, le cancer du poumon et les maladies cardiovasculaires. D’après les estimations, si le Maroc arrive à réduire les SLCP (polluants de courte durée), il pourrait éviter 2.000 morts prématurées liées à la pollution atmosphérique par an (à partir de 2030).
Ce que recommande l’OMS
Si le Maroc renforce ses mesures contre les émissions de gaz à effet de serre, le nombre de décès chez les personnes âgées pourrait être limité à 14 décès pour 100.000 habitants en 2080. L’amélioration des systèmes de surveillance et de réponses aux maladies pourrait renforcer la protection contre les risques de maladies comme la malaria et la dengue, même dans un climat à température élevée. Même si la contribution du Maroc aux émissions de gaz à effet de serre reste peu élevée, le pays ne pourrait que profiter d’un développement plus respectueux de l’environnement. Ainsi, les ménages qui utilisent des énergies propres pour leur cuisine, chauffage et éclairage pourraient éviter les risques de santé tout en réduisant leur contribution au changement climatique. Constat: 5% des quelque 2.900 décès d’enfants dus à des infections respiratoires aiguës basses est attribuable à la pollution de l’air de la maison.
F. Z. T.
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(1) Etude sur «Les changements climatiques et la santé», réalisée par l’OMS, le Secrétariat de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le ministère de la Santé
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