Si le cercle de la francophonie s’élargit, son centre s’enracine en Afrique. La raison? La forte croissance démographique des pays d’Afrique subsaharienne et des systèmes éducatifs qui laissent une place privilégiée au français. Rien que dans des pays comme le Bénin, le Sénégal ou le Gabon, le nombre de locuteurs a augmenté de 30% en moyenne entre 2010 et 2014. D’après l’Organisation internationale de la francophonie, à travers 102 pays et territoires, près de 274 millions de personnes sont capables de s’exprimer en français, ce qui en fait la 5ème langue la plus parlée au monde. Et près de 212 millions de personnes font un usage quotidien de la langue française. Dans leurs scénarios les plus optimistes, le Word Population Prospects et l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone prévoient jusqu’à 1 milliard de francophones en 2060, dont 85% seraient concentrés en Afrique.
L’enseignement de la langue française tient alors une place centrale. Parmi les 3 réseaux mondiaux en charge de son rayonnement, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) vient de tenir son colloque annuel à Marrakech. L’objectif de la quarantaine d’universitaires présents, venus d’une vingtaine de pays, étant l’adoption de recommandations à la communauté universitaire, aux pouvoirs publics et à l’AUF afin de renforcer la place de la langue française dans la formation et la recherche. C’est ainsi que la feuille de route indique notamment la priorité à donner au numérique et aux échanges de ressources, compétences et productions entre les départements de français et centres de langues. L’objectif est également de développer les échanges inter-universitaires pour les étudiants et enseignants et lancer une réflexion à vocation stratégique sur les mécanismes de l’édition scientifique, l’accréditation de la recherche, le subventionnement et l’évaluation de la recherche et des chercheurs.
S’organiser pour faire face à l’émergence de pays comme la Chine et l’Inde, et à une anglophonie an avance sur ses réformes. A l’heure où les anglosaxons ferment un à un leurs amphithéâtres, l’enseignement du français doit lui aussi s’adapter à un monde qui change. Pour Abdellatif Miraoui, président de l’université Cadi Ayyad de Marrakech (UCA) et élu à la présidence de l’AUF jusqu’en 2017, «il manque la culture des ressources humaines aux francophones. Contrairement aux anglophones, pour qui le changement et l’évolution sont naturels, nous mettons 10 ans à penser une réforme, qui quand elle est décidée, est devenue obsolète». Une faiblesse en effet. Mais s’inscrire dans la «transculturalité» engendre à la fois le principe d’expansion, mais aussi le conflit de valeurs. En pleine mondialisation des échanges, qu’ils soient économiques, culturels et linguistiques, s’opère également une reviviscence d’identités culturelles, communautaires et linguistiques restreintes. La tâche est complexe. D’autant que le public a changé. Les nouvelles générations connectées, habituées à l’immédiateté des échanges d’informations venant du monde entier, attendent que l’apprentissage s’adapte aux nouveaux outils numériques. Si on assiste à une proximité du lointain, l’ouverture sur l’autre ne va pas de pair. En abolissant les frontières, les moyens de communication ne réduisent pas pour autant les frontières culturelles. Pour les estomper, il ne faut compter que sur le seul travail éducatif.
La francophonie en chiffres
D’après le dernier rapport de l’Organisation internationale de la Francophonie, la langue française constitue un atout pour ceux qui la maîtrisent, étant la :• 4e langue d’Internet,• 3e langue des affaires,• 2e langue d’information internationale dans les médias,• 2e langue de travail de la plupart des organisations internationales• 2e langue la plus apprise dans le monde.
Stéphanie JACOB
from MarocPress.com http://ift.tt/1QGjhm1
0 commentaires :
Enregistrer un commentaire