vendredi 15 décembre 2017

Vous n’avez pas pu voir « Migraaaants » fin novembre dernier ou vous voulez revoir la pièce de Matei Visniec adaptée par la Comédie de Tanger c’est très facile. Cliquez sur le lien ci dessous.

A PROPOS DE LA PIECE

Comment parler des migrants, errants désespérés de la guerre, de la terre et de la mer, alors que leur tragédie se prolonge, qu’elle ne trouve que des solutions partielles et qu’elle nourrit les discours les plus opposés ? Matéi Visniec, qui répond généralement (et somptueusement) à l’absurde par l’absurde et l’humour noir, prend le risque de saisir cette errance mortelle de centaines de milliers d’hommes avec ses armes théâtrales, fourbies avec son rire qui est des plus féroces. C’est une succession de scènes qui poussent la réalité jusqu’à son point maximum de ridicule et – parfois – d’insoutenable : défilent, en saynètes saccadées, des réfugiés embobinés par des passeurs et des capitaines au cœur malin en bandoulière, de charmantes vendeuses d’armes et de moyens de protection contre les envahisseurs, des hommes politiques cherchant à prôner la générosité à tout vent et à fermer en même temps les portes à double tour, des acheteurs d’organes et des trafiquants d’enfants, les errants avec un … Tous les malheureux qui croient que l’Europe et les Européens vont leur faire une place au chaud dans leur confort en euros tournent en ronde jusqu’à ce qu’on ne puisse plus croire à l’espoir, ni eux, ni nous les spectateurs..

NOTE DE L’AUTEUR

Cette pièce se veut une proposition pour une aventure artistique collective ayant comme but au moins une chose : casser l’indifférence.

Réfugiés : l’Europe se désintègre ; Réfugiés : la mort clinique de l’Europe. C’est avec des titres comme ceux-ci que journal Le Monde, mais aussi toute la presse européenne analysait, à la fin du mois de février 2016, le phénomène du flux migratoire. Grand changement d’attitude si on pense qu’en septembre 2015, suite à la mort, par noyade, en Mer Egée, d’un petit syrien d’origine kurde de 5 ans prénommé Aylan, toute la presse saluait la générosité avec laquelle l’Allemagne et surtout Mme Angela Merkel ouvrait les bras pour accueillir un million de réfugiés…

En l’espace de seulement cinq mois l’Europe a paniqué. Les responsables politiques mais aussi l’opinion publique ont compris que sur la planète, il y a environ 80 millions de personnes qui vivent dans des régions en guerre et qui ont le droit, en principe, de demander protection internationale, donc asile politique en Europe. Les frontières ont commencé à se refermer, le symbole du fil de fer barbelé a ressurgi des entrailles cauchemardesques de l’histoire.

L’Europe ne sait pas ce qui lui arrive, ne sait pas ce qu’elle doit faire, et la tentation est grande de renier ses valeurs (libre circulation, droits de l’homme, société ouverte, etc.) pour arrêter les millions de candidats à l’exil qui sont en route.

Question : Est-ce que le théâtre peut devenir un espace de débat sur ces sujets ?

Oui, c’est ma réponse, et c’est pour cela que j’ai ouvert ce chantier, c’est-à-dire l’écriture d’une pièce sur les migrants.

En tant que journaliste à Radio France Internationale je suis tout simplement « noyé » dans des informations et des reportages concernant les migrants. J’ai découvert moi-même, suite à mes voyages en Grèce, en Italie, en Hongrie ou en Grande Bretagne, certaines « réalités ». Mon intention est d’utiliser cette « matière » pour essayer de comprendre les motivations profondes d’une grande mutation humaine, culturelle et géopolitique.

Je suis convaincu qu’il ne s’agit pas tellement d’un « phénomène migratoire d’une ampleur sans précédent », mais d’une sorte de révolution de partage. Une gigantesque révolte passive se cache derrière ce mouvement (motivé aussi par l’instinct de survie).

Ces centaines de millions de gens rappellent aussi à l’Occident que son modèle économique, politique et culturel se mondialise mal. C’est un modèle qui fonctionne seulement sur un périmètre restreint de terre habitable, tandis que le reste de la planète assiste au « festin des privilégiés » en regardant seulement la télé…

C’est sûrement une injustice pour laquelle les inspirateurs de ce modèle, les Occidentaux, doivent aujourd’hui payer l’addition.

La révolution à laquelle on assiste, c’est celle du repartage de l’accès au bonheur dans le monde.

Mais le théâtre n’adopte ni le langage politique ni celui de la sociologie ou de la pédagogie pour faire son travail de compréhension, pour stimuler la réflexion et éventuellement éveiller les consciences.

Dans ma pièce modulaire je propose des scènes courtes et des situations dramatiques (inspirées de faits réels) où j’essaie de suggérer le grand dilemme moral dans lequel se trouve l’Europe.

L’année passée 10 000 enfants sont arrivés seuls en Europe où on a perdu leurs traces, un phénomène qui devrait inquiéter plus le monde civilisé et les gouvernements européens.

Par cette pièce, ce qui m’intéresse c’est autant parler de l’industrie du trafic des êtres humains que de la mécanique marchande du phénomène. Dans le monde des passeurs et des trafiquants tout a un prix, pour eux la détresse humaine est un filon aurifère à exploiter, c’est une source pratiquement inépuisable de profit.

Mais surtout j’ai envie de capter dans cette pièce le côté émotionnel et humain du phénomène.

C’est une tragédie de l’humanité qui se déroule devant nos yeux, digne du théâtre antique grec où l’homme se confrontait à la force implacable du destin.

J’ai voulu aussi, dans ce texte, dénoncer la « pensée politiquement correcte » qui a atteint les limites du supportable et de la décence mentale en Occident.

Se cacher derrière la pensée politiquement correcte afin d’éviter de voir les réalités de ce monde et d’assumer l’action, ce n’est plus pardonnable.

(…)

D’une certaine manière, je fais voyager le spectateur presque tout le temps, entre le Sinaï et la côte turque, entre l’Afrique et Birmingham, entre l’île de Lesbos et une capitale européenne dont je ne précise pas le nom. J’ai voulu écrire une pièce en mouvement, une pièce débat, une pièce qui dévoilent des pratiques inhumaines et qui pousse à la réflexion. Je ne suis pas, dans cette pièce, dans la position d’un juge. Je ne juge personne, je capte seulement des situations dramatiques qui m’ont ému et troublé en tant que journaliste. Et je les présente comme un puzzle théâtral qui a besoin d’un grand investissement de la part du metteur en scène, des comédiens et du public pour fonctionner… Cette pièce se veut une proposition pour une aventure artistique collective ayant comme but au moins une chose : casser l’indifférence.

 

LE PROJET DE LA COMEDIE DE TANGER

Ce projet se veut une proposition pour une aventure artistique collective ayant comme but au moins une chose : casser l’indifférence.

Il consiste en premier lieu à monter la pièce de Matei Visniec

Ce travail de la Comédie de Tanger sera mené en liaison avec l’auteur qui a été séduit par l’initiative et nous accorde l’autorisation de jouer sa pièce libre de droits d’auteur.

Cette pièce incorporera de vrais migrants (entre 20 et 30) recrutés sur place qui, au côté des comédiens, véhiculeront le message avec une force encore plus grande

Pour donner plus d’amplitude à la communication sur ce sujet sensible, nous proposons que là où nous pourrons présenter la pièce on puisse aussi:

  • Organiser avec le HCR un débat après le spectacle
  • Organiser une exposition de Photos
  • Organiser une conférence ou une projection
  • Présenter le livre « un si long chemin »

 Si possible, donc, consacrer quelques jours à ce sujet

Il va de soi que nous ne sommes capables que de prendre en charge le spectacle vivant.



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