A trois semaines du début de la Cop21 à Paris, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a examiné, jeudi dernier, un avant projet d’avis sur les changements climatiques. Un travail qui permettra d’appuyer l’action gouvernementale, notamment dans la gestion du dossier climatique et dans la préparation de la Cop22, prévue au Maroc l’année prochaine. Surtout que ce document s’est «focalisé sur des points qui n’ont pas été traités par les autres intervenants», comme l’a souligné Abdallah Moukssite, membre de la commission chargée de l’élaboration de cet avis. Celui-ci, expert reconnu dans le domaine environnemental et membre du GIEC, a rappelé que «le Maroc est d’abord un pays africain en développement, qui a besoin essentiellement de mesures d’adaptation». En plus de l’identification des changements climatiques aux niveaux national et mondial, cet avis a pour objectif de «proposer des dispositifs novateurs à même de réussir à mobiliser toutes les personnes concernées par les négociations internationales en vue de réussir l’organisation de la Cop22».
Dans les détails, le document élaboré par le CESE part du postulat que «les changements climatiques sont aujourd’hui une réalité indéniable que tous les pays doivent prendre en considération lors de la mise en place de leurs politiques énergétiques, économiques, sociales et culturelles». Les discussions qui ont suivi la présentation de l’avant projet ont fait ressortir certains avis divergents. Aujourd’hui, «bien qu’étant non pollueur, le Maroc fait partie des contributeurs les plus engagés dans les stratégies et consensus mondiaux en matière de réduction des impacts des changements climatiques». Or, certains membres du CESE ont estimé que Rabat «doit prendre en considération le coût de cette tendance écologique». Surtout que «ce dossier n’est pas une priorité pour le Maroc, dans la mesure où il s’agit d’un pays qui a besoin de développer son industrie afin d’assurer la croissance et la création d’emplois». Quoi qu’il en soit, Rabat est déjà engagé dans cette orientation climatique et tenu par des engagements internationaux. Le rapport du CESE estime que le pays «doit affirmer et proroger sa politique actuelle de montage de stratégies privilégiant l’adaptation aussi bien réactive que planifiée, tout en souscrivant à l’effort international en matière d’atténuation et développement durable». Cela concerne des actions déjà initiées comme le recours aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique… Parallèlement, le CESE estime que «le Maroc, en tant que pays en développement, doit recevoir des compensations de la part des pays pollueurs au titre des responsabilités historiques». Il considère que la Cop21 est «une occasion pour réclamer un cadre juridique qui va dans le sens de la préservation de ce principe». D’ailleurs, ceci est l’un des principaux enjeux de ce sommet climatique prévu à Paris le 30 novembre (cf.www.leconomiste.com).
Néanmoins, au-delà des actions internationales, l’avant projet d’avis du Conseil présidé par Nizar Baraka préconise le lancement d’une série d’actions afin de «contrôler le chaos et gérer les opportunités» que présente l’accélération des changements climatiques. Cela passe par «la mise en place de stratégies de développement durable, qui portent sur les énergies propres et l’économie circulaire». L’idée est également d’œuvrer pour «drainer des financements internationaux et profiter des transferts de technologies en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre».
Les recommandations par secteur d’activité sont axées autour des deux volets de lutte contre les changements climatiques, à savoir l’adaptation et l’atténuation. Concrètement, les stratégies sectorielles doivent intégrer ces aspects dans leur planification stratégique et leur plan de mise en œuvre opérationnelle. Il s’agit aussi de définir dans quelle mesure elles sont à même d’assurer une gestion pertinente des phénomènes extrêmes. Il faudra également déterminer comment elles peuvent tirer profit des opportunités qui se présentent. Cela passe notamment par la mise en place d’une politique de gestion de l’eau basée sur un système d’information national. A cela s’ajoute l’extension des études de vulnérabilité agricole au premier pilier du Plan Maroc vert, qui doit intégrer une veille climatique dans une logique de prévention et d’orientation vers des cultures résilientes.
Les enjeux de la Cop22
L’avant projet d’avis du CESE met l’accent sur les mesures permettant au Maroc de tirer profit des Cop 21 et 22. Ce document fait ressortir les principaux enjeux de ces événements internationaux pour le Maroc. Il s’agit notamment de «faire valoir la maîtrise marocaine de la problématique climatique» et «profiter de la présence de la communauté internationale pour montrer la vulnérabilité du pays aux changements climatiques». Ainsi, «la mobilisation du Maroc doit tendre vers le déploiement de tous les efforts diplomatiques et politiques pour faire de la Cop22 un complément du Sommet de Paris».
M.A.M.
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