lundi 2 novembre 2015

La salle de conférence de HEM s’est transformée, jeudi 29 octobre, en un ring opposant plusieurs analyses des dernières échéances électorales et leur impact sur la cartographie politique marocaine. Mais s’il y a un élément sur lequel les intervenants ont été d’accord, c’était que la théorie de la bipolarisation de la scène politique entre PJD et PAM ne tenait pas la route.
Pour Mohammed Sassi, secrétaire général adjoint du PSU, même si les élections montrent un affaiblissement des partis du Mouvement national, la «thèse reste hâtive et demande une révision». Il n’en demeure pas moins que les deux partis sont, pour lui, les deux principaux gagnants. Le PAM a décroché «une victoire électorale», le PJD, une « victoire politique ». Un constat un brin nuancé par Karim Ghellab, membre du bureau politique de l’Istiqlal. «Si tel est le cas (paysage politique à deux pôles), où peut-on situer l’Istiqlal qui a quand même dépassé le seuil d’un million de voix?» s’est-il interrogé. L’ex-président du Parlement cherche toutefois  à justifier le score de son parti expliquant «qu’il ne s’agit pas d’un échec mais il implique tout de même une  remise en question du parti». L’occasion était d’ailleurs opportune pour éclaircir la position de l’Istiqlal au sein de l’échiquier politique. «Le débat est toujours en cours. Mais sans une décision du Conseil national, nous sommes toujours en opposition. Nous ne collaborerons plus avec le PAM, puisque notre alliance ne nous a rien apporté,» explique-t-il. Même s’il ne le dit pas explicitement,  Ghellab n’exclut pas  une éviction de Hamid Chabbat du secrétariat général du parti au prochain congrès du parti. Encore faut-il que les instances du parti tranchent sur cette question. «On ne peut pas faire de la politique tout seul. Toutes les décisions de l’Istiqlal sortent de ses organes,» déclare-t-il. Tous les intervenants ont été également d’accord pour dire que ces élections ont connu un véritable recul de l’usage de l’argent et de l’influence. Néanmoins, Nouzha El Ouafi, du PJD, nuance: «si les citoyens ont exprimé leurs votes avec plus d’éthique, certains grands électeurs ont été contrôlés par l’argent (le cas des 26 candidats aux élections poursuivis pour fraude électorale). Tandis que d’autres ont voté sans respecter les engagements politiques de leurs partis.» Ghellab, quant à lui, a relativisé. Pour lui, bien que le PJD ait été la victime du non-respect à la méthodologie démocratique, ayant emporté le plus de votes dans les régionales mais seulement 4 présidences de région, il considère que le parti de la lampe n’a pas à user d’un discours d’injustice pour attirer la sympathie des électeurs. «Le PJD gère le gouvernement  avec des pouvoirs élargis. Et il est à la tête de communes représentant 80% du PIB du Maroc.» Khadija Rouissi, député PAM, ira, pour une fois, dans le même sens en rappelant la revendication de son parti d’organiser des élections sur deux tours. Pour elle, «l’incohérence des résultats électoraux avec la méthodologie démocratique n’est pas une chose nouvelle. Nous avons déjà un parti (PPS) qui n’a que 18 sièges au Parlement, mais se trouve à la tête de 4 ministères.»

Prise de bec Belkhayat/Sassi

La salle des conférences de HEM à Casablanca s’est enflammée à plusieurs reprises. L’étincelle la plus manifeste s’est produite entre Moncef Belkhayat du RNI et Mohammed Sassi, du PSU. L’ex-ministre de la jeunesse et du sport a accusé l’universitaire gauchiste d’être «contre le roi» pour avoir déclaré que «la modernisation du Maroc ne se résume pas à Mawazine, mais également à l’instauration d’une monarchie parlementaire». Ce qui a évidemment mis Sassi hors de lui. Le modérateur du débat, Younès Dafkir, rappellera à Belkhayat que la monarchie est un des piliers du Maroc et ne devrait pas être utilisée dans un débat politique.

Mehdi LAHDIDI



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