Comment Ménara Holding quadrille son marché

Après avoir obtenu successivement le label RSE de la CGEM en 2011, le prix du meilleur employeur en 2013 dans la catégorie «Grandes entreprises», Ménara Holding rafle de nouveau un prix, le trophée ESSEC du changement qui récompense depuis 5 ans les entreprises les plus innovantes en matière de management.  «Notre objectif est de devenir leader dans notre secteur d’activité». Les propos sont ceux d’Abderrahmane Zahid, président de Ménara Holding qui a tenu à dédier à sa famille et à ses collaborateurs ce prix remis symboliquement à Marrakech le 16 novembre dernier par les professeurs de l’Essec. Cet homme d’affaires, autodidacte a réussi à créer une holding dans le secteur des BTP et du transport qui pèse aujourd’hui 100.000 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ainsi, au même titre que BNP Paribas, CGI Business Consulting, MAAP et SNCF, Ménara Holding a été récompensé par la chaire parisienne pour sa persévérance dans le changement, et surtout sa capacité d’innovation pour trouver de nouveaux modes de production. Un exemple que cette chaire souhaite citer et enseigner comme un cas d’école et un modèle de changement qui a permis à l’entreprise de «passer d’une taille modeste à une position de leader sur l’ensemble de ses activités», insiste Jean-Marie Peretti, professeur émérite d’Essec Business School de Paris. Un cas d’école? Sûrement vu le parcours de cette petite entreprise marocaine qui a préféré Marrakech pour ses unités industrielles, loin de l’axe Casablanca-Rabat, et a démarré dans le secteur du transport industriel avec une unité. Une gageure sachant qu’à l’époque, anticipant les besoins du marché, Abderrahmane Zahid intègre le préfabriqué dans ses activités en 1994. L’avenir lui donnera raison car c’est justement la société dédiée à cette activité, Ménara Préfa qui deviendra le fer de lance du groupe en réalisant aujourd’hui 50% de son chiffre d’affaire. Rejoint en 1996 par ses enfants à la direction, le père Zahid entame son projet d’expansion et investit d’autres secteurs comme l’urbanisme, l’énergie, l’automobile… L’idée de transformer ces sociétés en une holding germe en 2004 mais la famille Zahid ne passe à l’action qu’en 2006. Qui dit changement dit souvent résistance. Celle des salariés qui peut réduire à néant les projets et les ambitions d’une entreprise. Pour éviter justement ce piège, la holding a démarré d’abord par la sensibilisation du personnel cherchant son adhésion autour de ce projet de changement, explique Mohamed Zahid, DG de la holding. Elle sera une des premières actions entreprises pour créer un programme de fidélisation des employés ainsi qu’un environnement d’épanouissement pour qu’ils adhèrent et portent la transformation. Cette action et d’autres lui ont permis d’obtenir son label RSE. En interne, la holding a adopté un changement organisationnel avec une filialisation de ses entreprises et la création des directions support. En premier, celle d’une direction ressources humaines centralisée d’autant plus que la taille de l’entreprise grandissait chaque année. Elle est passée de 160 salariés en 1996 à 1.500 employés en 2015. Pour accompagner cette transformation, la holding a fait appel à l’Académie du management, institut de conseil et de formation qui va tout au long du processus se charger de la formation des salariés. En 2013, les résultats de ces changements sont plus que probants avec notamment une évolution du chiffre d’affaires de 67%. Soit 30 fois plus que l’évolution du marché national.

Ambitions

La holding marrakchie a de grandes ambitions nationales et internationales à l’horizon 2020. Pour y parvenir, elle a défini un plan de déploiement national pour doubler ses lieux d’implantation et projette ainsi de passer de 9 sites de production à 20. Déjà présente à Kelaat Sraghna, Khouribga, Béni Mellal, et bientôt à Safi, elle prévoit entre autres l’installation d’un complexe industriel à Casablanca avec 3 unités qui seront opérationnelles en 2018. L’entreprise qui a joué la logique de la régionalisation s’attaque aujourd’hui au marché national et lorgne aussi les marchés africains.

Badra BERRISSOULE

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