Au moment où la majorité gouvernementale mobilise ses troupes pour soutenir le projet de loi de Finances 2016, les partis de l’opposition continuent d’affûter leurs armes pour barrer la route au dernier texte du mandat de l’équipe de Abdelilah Benkirane. En effet, les dirigeants de formations de l’opposition n’ont pas la langue dans leur poche. Ils n’ont pas hésité à démonter le projet présenté par Mohamed Boussaïd devant les deux Chambres du Parlement il y a une semaine. C’est le cas notamment pour les responsables de l’USFP, comme Habib El Malki, qui a estimé qu’il est nécessaire de «faire le point sur le bilan du gouvernement». Le président de la commission administrative de l’USFP ne fait pas dans la dentelle. Pour lui, «le gouvernement a failli à ses engagements et a réalisé un bilan très limité».
D’ailleurs, «le gouvernement devait présenter une lecture de ses performances depuis 2012 dans le cadre de la préparation de ce projet de budget. Or, il a choisi la politique de fuite en avant et le recours aux solutions de facilité», a-t-il ajouté. Dans les détails, les dirigeants de l’USFP considèrent que «ce projet de loi de Finances reste marqué par l’approche classique, basée sur une programmation sectorielle en l’absence d’une vision stratégique globale». Même son de cloche chez Ahmed El Aakel, professeur universitaire, qui a mis l’accent sur «la logique sectorielle segmentée adoptée par le gouvernement». Ce qui impacte négativement l’efficience de l’action de l’Etat.
D’ailleurs, El Malki a mis en avant «la contradiction entre les grands montants mobilisés pour les investissements publics et les faibles répercussions sur l’activité économique et sur l’emploi». Ce qui renvoie à «des dysfonctionnements structurels qui nous poussent à nous interroger sur la crédibilité des chiffres présentés par le gouvernement», a-t-il dit. D’autres défaillances sont également relevées au niveau des investissements dans la mesure où «des secteurs vitaux bénéficient de budgets faibles», a noté El Aakel. Parallèlement, «nous constatons une faiblesse dans la gouvernance de la mise en œuvre des projets. Ce qui limite le taux de réalisation des investissements», a-t-il dit. Ce professeur universitaire a aussi mis l’accent sur «la répartition géographique inéquitable des investissements. Près de 68% des montants mobilisés bénéficient à deux régions, à savoir Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra. Le président de la commission administrative de l’USFP a également pointé un manque de maturité économique au niveau de l’approche du gouvernement. Car, «la logique économique ne peut pas admettre que l’objectif de résorption du déficit budgétaire à 3,5% puisse être réalisé avec un taux de croissance prévu à seulement 3%». Pire, «ce projet de budget participera à l’appauvrissement de la population, car il recourt à des sources de financement faciles. Il s’agit de la hausse des impôts, notamment des produits destinés au grand public, comme l’habitat social, les produits alimentaires et le transport ferroviaire. Cela, parallèlement à la diminution des dépenses de subvention», a estimé El Malki. Ce qui «renforce davantage le manque de confiance entre le gouvernement, les citoyens et les opérateurs économiques», a-t-il ajouté. De son côté, Driss El Fina, professeur à l’Insea, a indiqué que «le projet de budget 2016 repose en grande partie sur les recettes fiscales, qui devront couvrir 75% des dépenses publiques». «Le gouvernement a introduit durant les dernières années près de 63 mesures fiscales qui n’ont pas permis d’augmenter le niveau des montants perçus», a-t-il avancé.
Urgence d’un nouveau modèle de développement
Pour le président de la commission administrative de l’USFP, «le gouvernement est dépourvu d’une vision prospective. Surtout qu’il est temps de mettre en place un nouveau modèle de développement, après l’essoufflement du cadre actuel. Ce dernier n’a pas permis de poser des bases économiques solides, favorisant un taux de croissance qui varie entre 4 et 5%». Ce qui se traduit par «une gestion biaisée dans la mesure où elle n’est pas basée sur une évaluation du cumul des lois de Finances précédentes», a estimé Ahmed El Aakel.
M. A. M.
Les réserves des entreprises
«Il n’y a pas d’austérité, mais on ne voit pas non plus de politique de relance», assène Abdelkader Boukhris qui interpellait le ministère des Finances lors d’un débat organisé avant-hier par nos confrères du mensuel Economie et Entreprise. Le président de la Commission fiscale reconnaît certes au gouvernement de l’avoir «entendue sur les TVA sur les marges et sur les investissements». Les demandes de la CGEM n’ont pas été toutes exaucées. Boukhris a regretté d’avoir obtenu «l’IS proportionnel alors que nous avions demandé le progressif». Cependant, le deuxième sentiment relève de la déception: «Nous avons demandé l’IS progressif et nous avons obtenu le proportionnel. Déception également sur «la fiscalité de groupe». Par ailleurs, sur les délais de prescription en matière de déclaration d’impôt que le gouvernement compte faire passer pour certains cas de 4 à 10 ans, les inquiétudes sont, sans surprise, manifestes. La CGEM souhaite que «le dispositif soit encadré pour éviter les dérapages». Le directeur des impôts Omar Faraj se veut rassurant: «La période de 4 ans est faite pour les entreprises qui font leurs déclarations. Celles qui ne le font pas, doivent être sanctionnées». Avec la CGEM, «nous allons procéder à la revue du code général des impôts. Et toutes les dispositions qui peuvent donner lieu à plusieurs interprétations n’auront pas lieu d’être. L’idée est d’arriver à une seule lecture», a noté le DG des impôts. D’autres attentes portent sur les impératifs de visibilité. Les entreprises ont besoin d’investir mais «ne veulent pas être embêtées sur les autorisations. Les walis et les maires sont sensibles à cette question. Mais en bas, il y a beaucoup d’entraves. Nous souhaitons que le gouvernement donne davantage de signaux en faveur de l’investissement», a-t-il indiqué.o
M. C.
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