vendredi 30 octobre 2015

En ces temps de fortes contestations contre Amendis, opérateur majeur “électricité et eau” du Maroc, il est d’actualité et opportun pour le Royaume de se soucier de son indépendance énergétique… Le projet Noor1 y répond…

La ville d’Ouarzazate va accueillir la plus grande centrale solaire du monde. Ce méga complexe, grand comme la capitale Rabat (117km2), devrait être achevé en 2020 et fournir près de la moitié de l’électricité du Maroc.

Illustration d'une centrale solaire à concentration de puissance. © DR

La ville marocaine d’Ouarzazate est connue pour accueillir de grandes productions cinématographiques. «Ouallywood», comme on la surnomme, a notamment permis les tournages de La Momie, Gladiator, ou Les Nouvelles Aventures d’Aladin. Maintenant, la ville aux portes du désert est au centre d’un autre type de blockbuster : la construction de quatre gigantesques centrales solaires, qui devraient fournir près de la moitié de l’électricité du Maroc à partir de 2020. Lorsque le projet sera abouti, ce complexe hydroélectrique et éolien deviendra la plus grande source d’énergie solaire concentrée dans le monde, selon le «Guardian».

Pour le moment, le projet en est à sa première phase : Noor 1. Elle comprend la mise en place de 500 000 miroirs paraboliques disposés sur 800 lignes. Ces panneaux en verre de 12 mètres de haut suivent le déplacement du soleil afin de capter et de concentrer les rayonnements tout au long du cycle solaire quotidien (leur température s’élève à 393°C). Si cette technologie est moins répandue et plus couteuse que les panneaux photovoltaïques classiques, elle à l’avantage de continuer à produire de l’énergie même après le coucher du soleil. L’achèvement de cette phase le mois prochain pourra offrir aux Marocains une capacité de production de 160 MW. A terme, quand les ingénieurs auront terminé les quatre usines, la méga centrale pourra produire 580MW par an, soit de quoi alimenter un million de foyer.

Les miroirs paraboliques de la centrale Noor 1. © REUTERS/ Nir Elias

La ministre de l’Environnement du Maroc, Hakima el-Haite, croit que la production d’énergie solaire pourrait avoir le même impact économique sur sa région que la production de pétrole, terminée au siècle dernier. Cependant, les 9 milliards de dollars (8,2 milliards d’euros) qu’elle a engagé pour faire de son désert une source principale d’énergie, tablent sur des préoccupations plus immédiates. «Nous ne sommes plus un producteur de pétrole. Nous importons 94% de notre énergie comme des combustibles fossiles provenant de l’étranger et cela a de lourdes conséquences sur notre budget», a t-elle déclaré au «Guardian», avant d’ajouter : «Nous sommes très fiers de ce projet. Je pense qu’il sera la plus grande centrale solaire du monde».

Le Maroc vise plus large

Mais alors même que la première phase du projet tire à sa fin, le Maroc lorgne déjà ses ambitions internationales. «Nous sommes déjà impliqués dans des plans de lignes de transport à haute tension pour couvrir, dans un premier temps, le sud du Maroc et la Mauritanie», a expliqué Ahmed Baroudi, le directeur de la Société d’Investissements Energétiques (SEIM), la firme nationale d’investissement dans les énergies renouvelables. Cependant, il explique au quotidien que l’impact final du projet pourrait être beaucoup plus large, «même aussi loin que le Moyen-Orient».

Dans l’intervalle, le Maroc se concentre sur l’utilisation de l’énergie solaire pour être autosuffisant en ressources. Cela pourrait inclure, un jour, le dessalement de l’eau, dans un pays qui est de plus en plus touché par la sécheresse. «Nous sommes à l’avant-garde de l’énergie solaire», a-t-il ajouté.

Camille Hazard



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