Rapportée à des fonds propres de 453 milliards de DH, la dette des établissements et entreprises publics (EEP) qui a culminé à 215 milliards de DH l’année dernière paraît a priori sous contrôle. Mais le jugement change rapidement en s’apercevant que ce sont seulement cinq entreprises qui concentrent 92% de la dette ou 197 milliards de DH. Cela correspond à 159% de leurs capitaux propres. Ce petit club est composé des plus gros investisseurs du Royaume (ONEE, OCP, CDG, ADM et ONCF). Ce qui justifie en partie la taille de la dette. Si elle est colossale, la dette ne pèse pas de la même façon sur ces entreprises. Le groupe OCP qui déploie un gigantesque programme d’investissement, de l’ordre de 20 milliards de DH en moyenne chaque année, a dû accroître ses emprunts sur les marchés financiers locaux et étrangers pour financer son développement. L’industriel avait longtemps privilégié l’autofinancement pour ses investissements, en raison notamment d’une trésorerie abondante. Malgré une dette qui a été multipliée par 2,4 en deux ans, elle ressort néanmoins à 83% des fonds propres.
Le financement en fonds propres est une pratique répandue dans les entreprises publiques, mais toutes ne partagent pas cette particularité.
Bien que la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) améliore son activité opérationnelle avec une hausse de 19% de l’excédent brut d’exploitation sur les deux dernières années, sa taille ne lui permet pas aujourd’hui de dégager assez de cash pour financer une partie de ses investissements. Ceux-ci sont colossaux au regard des besoins en infrastructures routières. Un montant de 4 milliards de DH est programmé pour 2016. ADM se finance donc principalement sur les marchés financiers ou auprès d’autres bailleurs de fonds. Elle parvient à lever des fonds grâce à la garantie de l’Etat. Sa signature seule ne vaut pas grand-chose. La dette de la société, qui totalisait 38 milliards de DH en 2014, représentait 4,7 fois ses fonds propres. Le poids des charges financières pèse sur la rentabilité de l’entreprise. Elles absorbent la totalité du résultat d’exploitation (en réalité le résultat d’exploitation ne permet de rembourser que 30% des charges financières). Conséquence, ADM a accentué ses pertes l’année dernière. Le déficit a atteint 1,1 milliard de DH. Les difficultés de la société ne sont pas à proprement dit un problème de gestion. Il existe une sorte de contradiction dans les missions qui sont assignées à ces entreprises. ADM doit investir massivement, on lui pose énormément de contraintes. Mais dans le même temps, elle n’a pas la maîtrise, entre autres, de sa politique commerciale et avance les mains liées.
L’ONEE se retrouve dans une situation similaire. C’est l’entreprise la plus endettée dans le club des cinq avec un montant de 54 milliards de DH, couvert à seulement 35% par les fonds propres. Les difficultés de l’électricien tiennent notamment à son fonctionnement mais également à l’importance des impayés de l’Etat et des communes (cf. www.leconomiste.com du 22 octobre 2015). En ne remboursant pas dans les délais les crédits de TVA, l’Etat participe beaucoup à la détérioration de la situation des entreprises publiques. Il doit 2 milliards de DH de crédit de TVA à l’ONEE et près d’un milliard à Autoroutes du Maroc, deux entreprises en grosse difficulté de trésorerie. Par ailleurs, la fragilité de ces entreprises est une source importante de risque pour les finances de l’Etat. La quasi-totalité de la dette de l’ONEE et d’ADM bénéficie de la caution de l’Etat ce qui veut dire qu’en cas de défaillance, le contribuable va payer.
79 EEP en cours de liquidation ou de dissolution
Le portefeuille public est composé de 256 entités dont 212 établissements et 44 entreprises. Mais cette liste ne retient que les «mères» et les «grand-mères». Le portefeuille de la CDG par exemple est composé de 142 entreprises. En intégrant les filiales et les participations, la galaxie des établissements et entreprises publics s’élargit à 698 entités. Parmi elles, 79 sont actuellement en cours de liquidation ou de dissolution. Il s’agit, entre autres, de la Banque nationale pour le développement économique, la Compagnie marocaine de gestion des terres agricoles, Air Sénégal International..
F. Fa
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