Dès la fin de la présentation du projet de budget pour 2016 mardi soir, la Commission des Finances de la Chambre des représentants a annoncé son plan de travail. Les députés s’attaquent à l’examen du projet de loi de Finances dès lundi prochain, toute la semaine, avec une relâche mardi à cause de la séance des questions orales. Devant les deux Chambres réunies, Mohamed Boussaid a tenté de faire valoir son texte sur les équilibres macroéconomiques, ce qu’il compte faire pour redynamiser l’économie, lutter contre le chômage, les mesures à prendre pour le monde de l’entreprise,… Mais rien n’y fait, les députés, particulièrement ceux des partis de l’opposition, ont les yeux rivés sur un autre agenda. Ils savent que 2016 est une année électorale, avec des législatives programmées en septembre prochain. C’est donc le dernier projet de loi de Finances que le gouvernement de Abdelilah Benkirane aura à défendre. Et c’est donc «l’heure des bilans et le moment de marquer son territoire», pour reprendre l’expression d’un député de la majorité. Les hostilités vont reprendre de plus belle entre les groupes de la majorité et de l’opposition. Les groupes de l’opposition sont décidés à malmener le gouvernement. Déjà, Habib Malki monte au créneau. Pour le président de la Commission administrative de l’USFP, «le projet de loi est timide, ne contient pas de mesures phares capables de réveiller les opérateurs économiques et de restaurer la confiance auprès des ménages». Il enfonce le clou en affirmant qu’il «est plat, une copie ordinaire, avec des aménagements à la marge». L’ancien ministre donne «l’exemple de la croissance au Maroc qui reste fluctuante. On passe d’une moyenne de 2,7% à 5,1% comme c’est le cas de cette année. Cela signifie que le principal moteur de croissance reste climatique et que la base de l’économie marocaine est très faible malgré les différents plans sectoriels». Le président du CMC revient sur «la relation paradoxale entre le taux de croissance de 3% et le déficit budgétaire de 4,3%». Comment peut-on tabler sur une croissance faible tout en continuant à réduire le déficit, s’interroge-t-il. Cela signifie qu’il y a un recours à la solution de facilité des recettes fiscales, dit-il.
Younès Sekkouri, député du PAM, ne va pas non plus de main morte. Pour le directeur du premier parti de l’échiquier politique, «l’examen du projet de loi de Finances est une occasion pour le gouvernement de défendre son bilan et de dire ce qui a changé dans l’architecture du budget, l’attractivité du pays, si le Maroc est plus riche, ce qu’il a fait pour l’emploi des jeunes…». D’ailleurs, Younès Sekkouri comme Mustapha Hanine député de l’Istiqlal font valoir le taux de croissance de 7% contenu dans la déclaration gouvernementale. En fait, le programme gouvernemental parle d’un taux de croissance de 5,5% durant la période de 2012-2016. C’est le programme électoral du PJD qui avait fixé le taux de croissance à 7%. Même s’il reconnaît une amélioration en matière de déficit budgétaire, Mustapha Hanine met en avant les problèmes structurels (est-ce le début du soutien critique ?). Pour cet expert comptable, «il y a un sérieux décalage entre la déclaration de Benkirane et ce qui a été réalisé par son gouvernement au cours de ces quatre dernières années». Younès Sekkouri aborde d’autres points comme celui de la hausse de 22% des IDE qu’il juge «insuffisante». Car, «le Maroc reste le seul pays de la région qui bénéficie de la stabilité et de la sécurité, sans actes terroristes. Les IDE devraient être plus importants».
Prémonitoire?
Les premiers pas des représentants du patronat au Parlement ont donné à sourire hier soir. Au moment où Mohamed Boussaid présentait son projet de budget devant les deux Chambres réunies, Neila Tazi et Abdelilah Hifdi, tous deux parlementaires de la CGEM, se sont, par inadvertance, installés dans les bancs des ministres. Ils ne se sont pas encore familiarisés avec l’hémicycle. Cependant, à peine assis, un chaouch de la Chambre des représentants, en djellaba blanche et un tarbouche rouge, est venu les rappeler à l’ordre. Ils ont immédiatement changé de place pour aller s’installer avec leurs collègues parlementaires. Est-ce prémonitoire pour une prochaine nomination ministérielle? Qui sait! Mais ce qui manque au gouvernement, de manière générale, c’est le profil de chefs d’entreprise ayant l’habitude de gérer les affaires et les ressources humaines.
M. C.
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