samedi 24 octobre 2015

Les Cop 21 et 22, la loi de Finances 2016, les débats de société, les colloques… mettent la question environnementale  au cœur de tous les sujets. Où en sont les différents projets ? Quid du principe pollueur-payeur? Où en est le volet normatif?  Autant de questions auxquelles répond  Hakima El Haite, ministre déléguée chargée de l’Environnement, qui annonce une série de mesures pour 2016.- L’Economiste: Vous avez annoncé une série de mesures qui entreront en vigueur dès janvier 2016. Pourriez-vous nous en dire un peu plus?
- Hakima El Haite: Tout d’abord il y a l’écotaxe, sur les huiles usagées industrielles, qui a été implémentée. Il y a aussi toutes les mesures de mise en œuvre des stratégies sectorielles dans le cadre du climat, notamment la stratégie du déchet qui va permettre la mise en place de centres de valorisation, la création de la filière des RDS (recyclage déchets services), les pneus usagés, les batteries… Toutes ces mesures vont démarrer en 2016.- Qu’en est-il des taxis hybrides?
- Il s’agit de l’utilisation de taxis écologiques pour l’aéroport de Casablanca. Ils ne sont cependant pas dans la loi de Finances mais sont déjà programmés. L’investissement s’élève à 40 millions de DH au niveau du ministère, le reste est donné par les partenaires telles que la région du Grand Casablanca ou encore la wilaya. Pour le choix des voitures, nous prévoyons de lancer un appel d’offres avec des critères techniques et écologiques, notamment par rapport aux émissions des gaz à effet de serre.- Vous semblez faire marche arrière sur la traque aux industriels-pollueurs… Comment expliquez-vous la difficulté d’appliquer le principe de pollueur-payeur?
- Pas du tout! Nous ne faisons pas marche arrière. D’ailleurs, des lettres vont bientôt être envoyées à plusieurs industriels qui ne respectent pas les procédures de gestion des déchets. Mais je ne peux pas contrôler les industriels tant que je n’ai pas de normes. Je n’entame le travail que lorsque j’aurai une assise juridique qui me permettra de démocratiser les interventions.- Qu’est-ce qui explique le retard pris au niveau des normes?
- La loi sur l’eau a été promulguée en 1995, le projet de normes ne relève pas directement de mon département. Pour l’environnement, il y a une charte, mais pas de normes. Si on veut arrêter la pollution industrielle, il y a deux ancrages. Le premier est celui de l’eau. Le second celui de la loi sur le littoral, sur laquelle nous travaillons ainsi que sur les projets de décrets en milieu marin.- Comment relever le défi d’intégrer la notion de durabilité dans les filières industrielles?
- C’est justement ce que nous sommes en train de faire. Nous traitons avec les industriels, les importateurs et exportateurs, même le secteur informel! Nous créons des filières qui devraient engendrer jusqu’à 15.000 emplois. Le défi se relève petit à petit. Il en va de même pour la pollution atmosphérique. Cette année, pour la première fois, nous mettons en place une police de l’environnement. Nous avions acquis des laboratoires mobiles, l’an passé. La police est mise en place, à présent il va falloir mutualiser la sécurité. En interne, elle contrôlera tout ce qui est dans la ville. La gendarmerie fait déjà le contrôle sur les voies et à l’extérieur des agglomérations.- Mais la notion de durabilité n’est pas encore intégrée au niveau de la politique gouvernementale?
- En 2017, tous les ministères devront intégrer le volet écologique dans leur politique. La stratégie est là. Pour y arriver, nous avons une étude de 21 millions de DH sur 3 ans, soit 7 millions de DH par an, dédiée à ce chantier.  - Qu’est-ce qui a été entrepris jusque-là dans la gestion des déchets solides? Le constat aujourd’hui est que nous cumulons les retards sur les décharges contrôlées…
- Nous avons une centaine de décharges à réhabiliter. A ce jour, 32 sont en cours de réhabilitation, elles seront livrées avant décembre. Il y a d’anciennes décharges qui sont en cours de transformation en parc naturel ou d’attractions, comme celle de Sidi-Moumen de Casablanca, qui devrait être équipée en tant que parc d’attractions dès l’année prochaine. La majorité des sites est en chantier. D’autres verront les travaux lancés fin 2016.- Pourquoi le tri sélectif ne marche pas encore?
- On ne peut pas parler de tri sélectif tant que nous n’avons pas de centres dédiés. Rabat sera la première ville où nous mettrons en place un centre de tri. Je compte lancer 19 centres d’ici la fin de mon mandat.
Propos recueillis par Sabrina EL-FAÏZ



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