samedi 26 septembre 2015

«L’éditeur est un 3e œil nécessaire» qui «conseille l’auteur» sans violer l’œuvre, s’accorde à dire le jury du Prix littéraire La Mamounia. Sa présidente, Christine Orban, évoque «ce suivi éditorial qui manque parfois à certains auteurs». Fautes de syntaxe, erreurs d’orthographe, redondances, descriptions inutiles.. Un florilège de cas depuis la création du prix en 2010.
«Certains livres (de la sélection) qu’on a aimé, manque de ce regard extérieur», poursuit la présidente. Tout est dit ou presque. Surtout lorsque l’un des romanciers du jury confie, et sans citer de nom, que «deux ouvrages ne méritaient pas de figurer sur la liste». Pourquoi l’ont-ils été? «C’est la première fois qu’on fait une présélection (5 romans sur 20)», reconnaît publiquement Karima Yatribi, professeur de littérature ayant rejoint le jury de La Mamounia en 2015. Ce qui fait dire aussi à une éditrice et ancienne de l’équipe qu’elle «attend encore plus de transparence dans la sélection». Un prix littéraire «imparfait mais nécessaire à la vie culturelle et aux jeunes auteurs», récusent d’autres. Et ils ont raison de ne pas cracher dans la soupe! D’où aussi le message d’encouragement adressé par le jury aux bons éditeurs.    
L’essentiel est que les imperfections de forme révèlent un état des lieux insoupçonnés sur le marché du livre domestique. Et que les distinctions littéraires reflètent en partie. Des éditeurs de toute taille économique participent via leurs auteurs aux compétitions. Français et Marocains pour la plupart. Certaines maisons d’édition locales sont reconnues dans le milieu: Le Fennec, la Croisée des chemins, Marsam.. Victimes elles-mêmes de pratiques anticoncurrentielles «ignorées», avoue un professionnel. Les marchands de papier profitent ainsi d’un rapport de force économique qui leur est favorable. Impression de livres souvent à compte d’auteurs (pas de risque commercial donc), vente en catimini, diffusion d’œuvres à l’insu de leurs rédacteurs, achat de droits à des sommes dérisoires, contrats déséquilibrés.. Sans oublier ceux qui ne remplissent pas leur cahier des charges en matière de distribution et de marketing. Une réalité qui retentit négativement sur certains ouvrages qui se disqualifient d’office d’une distinction. Et ce au regard de leur qualité très discutable: impression, couverture, coquilles..
N’y a-t-il pas là une concurrence déloyale dont les auteurs payent indirectement le tribut?
La question de L’Economiste agace le jury de La Mamounia qui se sent injustement visé. Ce n’est pas notre intention. Sa présidente nous a pourtant tendu la perche pour rebondir sur une «situation objective d’inégalité», renchérit en aparté Marc Reynebeau, historien et chroniqueur littéraire au quotidien belge, «De Standaard». Une situation qui fait beaucoup de mal au secteur, aux auteurs, lecteurs-consommateurs et vrais éditeurs. La grosse panne du livre trouve aussi sa cause dans l’usurpation d’identité (voir encadré). N’y a-t-il pas des marchands de papier qui se font passer pour éditeur Y compris dans les prix littéraires.

Un secteur faiblard

Selon les statistiques disponibles, le chiffre d’affaires de l’édition et de l’imprimerie s’élevait à 3,52 milliards de DH en 2011, soit moins de 2% du chiffre d’affaires du secteur industriel. «Il englobe toutes les unités, y compris celles du livre scolaire qui constitue une marge importante pour les maisons d’édition», selon le ministère de la Culture (cf. L’Economiste du 14 mai 2013). Les performances du livre culturel sont beaucoup plus modestes: 3.000 titres publiés au Maroc contre près de 68.000 en France. L’exportation de ce produit culturel reste très faiblarde: 6 millions de DH en 2011 contre 1,16 milliard d’importation.

F. F.



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