mercredi 26 août 2015

Entrer en politique. Avec la ferveur due à leur âge, les jeunes veulent changer le monde. Changer leur monde. «Les problèmes que nous avons aujourd’hui, nos parents les avaient déjà. Quelque part, nous en sommes responsables, car nous avons cédé le terrain pendant longtemps. Il est temps de reprendre notre place et d’agir» explique Hasna. Cette militante de 31 ans, chirurgien dentiste à Aït Ourir, dans la région de Marrakech, vit sa première campagne électorale sous les couleurs du PJD. Socialiste dans l’âme, quand l’envie de s’engager politiquement s’est fait sentir, la jeune femme s’est penchée sur les différents programmes menés par les différents partis pour faire son choix. «J’ai trouvé au sein de la Jeunesse de la Justice et du Développement, la jeune branche du parti, des valeurs communes». Depuis, elle s’évertue à convaincre que «le changement ne se fera pas autour d’une table de café, ni même à travers les réseaux sociaux, terrain d’expression de prédilection de la jeunesse actuelle, mais bien par l’engagement personnel des citoyens». Pour tous ici, ils ont grandi en voyant les mêmes personnes tenir les rênes de leur village. Une majorité sans opposition n’a rien de bénéfique. «Comme dans le commerce, rien ne vaut la concurrence pour assurer la bonne santé d’un secteur» précise un militant. Il s’agit pour ces jeunes de mener leur campagne librement et dans le respect des lois. Car la grande différence entre eux et leurs aînés, c’est qu’ils connaissent leurs droits. Plus question aujourd’hui de vendre aux plus offrants leur bulletin de vote. Une pratique qu’ils connaissent bien. Pour ces jeunes militants, leurs parents analphabètes ont été pris en otage. Un billet contre un vote. Et pour s’assurer que la consigne soit bien respectée dans l’isoloir, certains n’hésitent pas à faire jurer le citoyen ainsi corrompu, la main sur le Coran. Eradiquer le phénomène est leur premier cheval de bataille. Une approche participative dans la gestion de la commune est leur second objectif. Si l’engagement associatif a fait des miracles ici, il s’agit maintenant de passer à la vitesse supérieure avec la politique. C’est ainsi qu’ils ont frappé à toutes les portes de tous les quartiers, voilà plusieurs mois, pour inciter les habitants à s’inscrire sur les listes électorales. Résultat, 1.500 nouveaux inscrits, dont une belle majorité de jeunes. Une première victoire. Car la tâche est grande. Abdellah, un instituteur de 33 ans, membre du bureau depuis 4 ans, lutte pour sortir Aït Ourir de son carcan de ville dortoir. «Nous n’avons pas une priorité mais des tas de priorités. Rien ne fonctionne correctement. Avant de penser à l’emploi, il faut poser les bases d’une bonne gouvernance. Comment attirer l’investissement, quand beaucoup de nos routes sont encore en terre, quand nous subissons sans prévenir de nombreuses coupures quotidiennes d’électricité, ou quand à défaut de décharge, nos poubelles pourrissent au soleil et rendent irrespirables les abords du souk où elles sont entreposées?» explique Abdellah.
Compter parmi les forces vives décisionnaires est leur volonté. «Nous souhaitons que le paysage politique s’élargisse. Que les plus installés cèdent du terrain aux autres», espère Hasna. Le visage de la démocratie en quelque sorte.
Stéphanie JACOB
 



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