jeudi 29 octobre 2015

Une voix faible au bout de la ligne! Le Pr. Maâti Monjib est en grève de la faim depuis le 6 octobre, soit 24 jours. Pour quel motif? «Depuis plus d’un an, je suis sous surveillance policière jour et nuit, harcelé avec ma famille et victime d’une campagne de dénigrement..», rétorque le président de Freedom Now et membre du bureau exécutif de l’Association marocaine de journalisme d’investigation (AMJI) créée avec la vague du «Printemps arabe». Ces deux  groupements associatifs semblent ne pas être en odeur de sainteté avec les autorités.

Le cas Mansouri, un tournant

Toujours est-il que les intimidations récurrentes prennent un tournant particulièrement inquiétant, «le jour où je reçois des menaces par téléphone: “Daech va s’occuper de toi”», rapporte l’historien. Nous sommes le 13 juillet 2014. A partir de cette date, les appels anonymes et menaçants se multiplient.
Une nuit de septembre à 22 heures 15mn. «Une Golf noir s’arrête. Trois colosses débarquent. Ils tabassent à sang Hicham Mansouri. La caméra d’un hôtel a enregistré l’agression mais..», témoigne péniblement l’auteur de «Monarchie marocaine et lutte pour le pouvoir».
Responsable de projet chez l’AMJI, les péripéties du jeune Hicham Mansouri ne s’arrêtent pas là. Il est condamné fin mars 2015 à dix mois de prison ferme dans une affaire de «complicité d’adultère». Mâati Monjib publie dans la foulée un article sur Orient XXI, «Traquenards et calomnies contre les dissidents au Maroc». Et n’hésite pas dans ses déclarations aux médias de parler de «procès politique visant à affaiblir une association» qui milite pour les droits humains et le droit d’accès à l’information. Reporters sans frontière entre en ligne et dénonce en avril 2015 «les irrégularités du procès». International Media Support  prend également position.
L’histoire continue. L’universitaire sera interdit de quitter le territoire le 16 septembre 2015. C’est la police des frontières qui le lui annonce à l’aéroport Mohamed V de Casablanca. Le Pr Monjib était en partance à Barcelone pour un congrès ayant pour thème «Historical changes». «Un agent m’apprends que je suis recherché pour ‘’menace à la sécurité de l’Etat’’.
L’interdiction de quitter le territoire est intervenue sur ordre du parquet», poursuit notre interlocuteur avec sa voix  fébrile. Vu la gravité des charges, «pourquoi ne m’attends pas interpellé immédiatement?», s’interroge le président de Freedom Now. Il considère cet épisode comme la preuve «d’un harcèlement incessant». Tout en étant convaincu que ses écrits et ses prises de position en faveur des droits humains et des libertés individuelles y sont pour beaucoup. Le gréviste ne souhaite qu’une chose: «Circuler librement dans mon pays et à l’étranger».

«Tout le monde se terre»

Avant l’agression de Hicham Mansouri le 24 septembre par des «inconnus» (voir ci-contre), les bâtonniers Abderrahmane Benameur et Abderrahim Jamai ainsi que Me Abdelaziz Nouaydi adressent une mise en demeure au procureur général du Roi près la Cour d’appel de Rabat. Datée du 10 septembre 2015, «les avocats attirent l’attention du parquet sur les pressions que subissent Maâti Monjib et Abed Samad Aït Aycha et Hicham Mansouri», selon un communiqué de Freedom Now. En principe, une protection judiciaire devait leur être assurée.
Les personnes citées s’activent dans l’Association marocaine des journalistes d’investigation (AMJI). L’Economiste a tenté vainement de joindre des anciens membres, telle que l’ex-présidente démissionnaire Maria Moukrim, ou actuels de l’AMJI (comme Rachid Tarik et Abed Samad Aït Aycha). Ils ont soit suspendus les appels, changé de coordonnées.. «Par crainte, tout le monde préfère se terrer», rapporte une source.

Faiçal FAQUIHI
 



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