vendredi 30 octobre 2015

Les étudiants des facultés de médecine, les médecins internes et résidents ne lâchent pas prise. Ils ont à nouveau défié le ministre de la Santé, en organisant une nouvelle marche de protestation, hier à Rabat. Plus de 6 mois après l’appel au dialogue, ils continuent de tenir la dragée haute à El Houssaine Louardi. Ils poursuivent leur mouvement de protestation lancé depuis la rentrée universitaire. Selon les organisateurs, près de 20.000 personnes ont participé à cette marche, placée sous le signe de «la résistance». Ils ont fait le déplacement de plusieurs villes, notamment de Casablanca, Marrakech, Fès, Oujda…
Les blouses blanches ont envahi le boulevard Mohammed V à Rabat, depuis le point de rassemblement en face du ministère de la Santé jusqu’à l’entrée du Parlement. Une marche impressionnante vu le nombre de participants et les slogans scandés, qui défient le ministre de la Santé et le chef du gouvernement. Des représentants des étudiants des facultés de médecine ont fait savoir que le boycott des cours, qui dure depuis 57 jours, va se poursuivre. Idem pour la grève des médecins internes et résidents au niveau des CHU, qui a atteint son 30e jour. Ils refusent ainsi ce qu’ils qualifient de petites mesures ou d’approche biaisée dans le traitement de leurs problèmes. Pour eux, pas de répit tant que le dialogue avec Louardi ne porte pas sur l’ensemble des questions soulevées.
«Pour l’instant, les propositions mises sur la table concernent des modifications de certaines dispositions du projet de loi relatif au service obligatoire. Or, c’est un texte que nous rejetons dans son ensemble», a expliqué Oussama Adaoui, président de l’Association des médecins internes à Casablanca. Il a souligné que les mesures proposées portent sur certains recadrages comme la modification de la durée du service obligatoire ou la révision de l’indemnité prévue. Les représentants des blouses blanches rappellent que Louardi avait promis que ce projet de loi ne va être adopté qu’à la suite d’un consensus avec les parties concernées. Sur ce point, la position des étudiants, des médecins internes et résidents, est ferme. Ils avancent qu’ils ne vont pas se contenter des promesses du ministre. Ils exigent «un accord écrit, qui comprend des réponses claires à l’ensemble des points du dossier revendicatif, avec un calendrier précis», selon un membre de la Commission nationale des médecins internes et résidents. Concrètement, ils exigent «la mise en place d’un nouveau texte qui soit élaboré en impliquant les étudiants, les internes et les résidents, dans le cadre d’une approche participative». C’est leur condition pour mettre fin à cette mobilisation et reprendre les cours dans les facultés.
Globalement, leurs revendications portent notamment sur l’amélioration des conditions de formation et le refus du service obligatoire. El Houssaine Louardi avait tenté de désamorcer la crise en annonçant une série de propositions. Il avait avancé, il y a quelques jours, qu’il reste «ouvert au dialogue» et a manifesté sa disposition à «intégrer les représentants des étudiants et des médecins résidents et internes dans les initiatives de réforme».
Si Louardi ne donne pas suite à leurs demandes, ils ont menacé d’accentuer les moyens de mobilisation. Ce qui risque de prolonger la durée des débrayages dans les CHU et les facultés de médecine. D’ailleurs, «la marche de la résistance» a connu la participation de professeurs de médecine et des parents, venus manifester leur soutien à la cause des étudiants. Leur déplacement reflète également la crainte de la reproduction du scénario de l’intervention musclée des forces de l’ordre, comme cela a été le cas la semaine dernière à la faculté de médecine de Rabat. Ils ont scandé des slogans rappelant au gouvernement que ce dossier «nécessite un débat d’idées et non pas le tabassage des manifestants».
M. A. M.
 



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