lundi 26 octobre 2015

- L’Economiste: En dehors de la valeur ajoutée agricole et du levier des recettes fiscales, aucune alternative ne semble se dégager comme moteur de croissance pour 2016
- Mohamed Boussaïd: Pour 2016, il a été retenu une récolte céréalière correspondant à la moyenne habituelle enregistrée dans notre pays qui est de 70 mqx, après une récolte exceptionnelle cette année (115 mqx). Ce qui se traduirait par une baisse de 1,8% du rythme d’évolution de la valeur ajoutée agricole. Pour les activités non agricoles, la progression de la valeur ajoutée devrait continuer à s’accélérer pour passer à environ 3,5% l’année prochaine.
En termes d’apport à la croissance, le secteur non agricole contribuera ainsi pour +2,7 pts contre -0,2 pts pour l’agriculture et une contribution de +0,5 pts des «impôts nets de subventions», soit un total de 3% qui est l’hypothèse qui a été retenue dans le PLF 2016. Donc, au contraire,  la croissance en 2016 ne serait pas tirée par l’agriculture, mais principalement par le secteur non agricole. C’est le résultat de la rentrée en plein régime des stratégies sectorielles que notre pays a engagées depuis plusieurs années dans des secteurs tels que les métiers mondiaux du Maroc.- La croissance va baisser à 3% en 2016. Quelles seront les répercussions sur le taux de chômage?
- Le taux de chômage a enregistré 8,7% au 2e trimestre de cette année, soit le niveau le plus bas depuis 2012, en amélioration par rapport au taux de 9,3% enregistré l’année dernière. L’industrie y a contribué en créant 14 mille emplois dans le second trimestre.
Nous pensons que cette tendance de reprise des emplois se maintiendra l’année prochaine avec l’accélération de la valeur ajoutée non agricole, notamment au niveau du secteur industriel qui, au regard des investissements nationaux et internationaux réalisés et des contrats écosystèmes déjà signés, contribuera pour une grande part à la création d’emplois.
Il est permis  d’espérer également une relance du secteur du BTP tiré par les investissements publics ainsi que le secteur du tourisme et les services d’une manière générale.
Je voudrais signaler que le taux de chômage ne dépend pas exclusivement de la croissance des créations d’emplois, il est aussi fonction de la taille de la population active, qui connaît une progression importante due à notre transition démographique.- A quoi tient le faible impact des colossaux investissements publics sur la croissance?
- La raison en est qu’une part importante de ces investissements va vers  les infrastructures et les secteurs sociaux qui n’ont pas, comme vous le savez, un impact immédiat sur la croissance. Leurs effets positifs ne se voient que sur le long terme.
 La nouvelle approche de gestion introduite par la nouvelle LOLF va justement nous permettre de mieux apprécier dorénavant ces impacts et de gagner en efficacité.
Un levier important sera accéléré. Il s’agit de la compensation industrielle permettant d’utiliser certaines commandes publiques réalisées par des investisseurs étrangers dans notre pays, à l’instar de ce qui est aujourd’hui opéré pour le TGV (maintenance locale) ou dans le secteur des phosphates. Ceci permettra de maximiser le contenu en croissance dans les commandes publiques.- Où comptez-vous puiser les ressources du fonds de développement rural? Et qui apporte et combien pour la première année?
- Avant de parler du financement, je tiens à vous assurer que l’Etat est décidé à réussir ce programme qui bénéficie de la très haute sollicitude de Sa Majesté le Roi. C’est un programme très important et très attendu qui va nous permettre de réduire les disparités sociales et territoriales dans le monde rural.
Je pense que l’une des clés de réussite sera sans doute l’approche transversale de partenariat qui sera adoptée entre les différents acteurs concernés, pour agir ensemble et efficacement sur les déficits en infrastructures et services sociaux de base (enseignement, santé, eau, électricité, routes rurales,..) dans les 24 mille douars concernés. C’est cette approche d’action intégrée et simultanée sur le territoire qui représente le point fort de ce programme. Au niveau du financement, plus de 7 milliards de DH seront mobilisés dès le lancement avec le support financier du FDR et la contribution des conseils régionaux et locaux et de l’INDH.- Des entreprises publiques auxquelles l’Etat doit plusieurs milliards de DH de crédits de TVA ont de gros problèmes de trésorerie. Combien allez-vous rembourser cette année?
- En effet, quelques établissements publics ont des difficultés de trésorerie. Ils sont  suivis et accompagnés par l’Etat pour que leurs plans d’actions s’exécutent dans les meilleures conditions possibles. l’origine de leur butoir est le différentiel des taux de TVA appliqués ainsi que la charge importante des investissements réalisés. C’est le fameux problème de neutralité de la TVA que nous avons  commencé à traiter. Nous allons continuer dans cette voie en 2016. Le ministère de l’Economie et des Finances a décidé de mettre en place des solutions additionnelles spécifiques pour régler cette problématique sur une période raisonnable notamment pour l’ONCF et l’ONEE.- Les délais de remboursement des arrièrés de l’Etat sont toujours critiqués par les entreprises. Que propose le gouvernement?
- Les délais de paiement constituent un sujet majeur pour les entreprises et une préoccupation pour le gouvernement. Le ministère de l’Economie et des Finances a fait le nécessaire pour apurer les arriérés des établissements publics qui ont cumulé des retards inquiétants. Nous avons également engagé un travail minutieux pour décortiquer les procédures des marchés publics et lever les goulots d’étranglement.
Cette année, nous avons décidé de revoir la loi sur les délais de paiement qui s’est avérée inapplicable en pratique. Un nouveau projet a déjà été envoyé au SGG. Je pense que cette fois-ci, nous avons réuni toutes les conditions nécessaires pour une mise en œuvre sereine et réussie de la loi. La grande nouveauté est que les organismes publics exerçant une activité commerçante ou industrielle seront tenus de s’y conformer.- Quel est le taux de consommation des budgets par les ministères. L’écart est-il dû à la décision politique ou à un retard?
- Globalement, les crédits d’investissement sont engagés à hauteur de 98%. Le taux d’émission enregistré en 2014 s’élève à 69%, en amélioration par rapport à 2011 où il était de 65%. Cette année, ce taux d’émission dépassera les 70%. Pour aller au-delà, il va falloir agir à deux niveaux: améliorer la capacité d’absorption et donc de gestion des départements et raccourcir les procédures réglementaires liées aux marchés publics. Nous travaillons actuellement sur ces sujets. Bien entendu, les crédits engagés et non émis sont reportés à l’année budgétaire suivante.- La Douane réclame 14 milliards de DH à la Samir. Combien espérez-vous récupérer à très court terme?
- La Douane fait son travail en matière de recouvrement de ses créances. Des saisies conservatoires ont été déjà lancées et nous attendons les propositions des actionnaires pour régler leur dette vis-à-vis de cette administration.

Propos recueillis par
Khadija MASMOUDI
et Franck FAGNON
 



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