jeudi 29 octobre 2015

La Somalie jouit du littoral le plus étendu de toute l’Afrique continentale.

De nombreuses années
pour se reconstituer

Un récent rapport du groupe Secure Fisheries, intitulé Securing Somali Fisheries, a dévoilé de nouvelles données satellitaires selon lesquelles les navires de pêche INN étrangers prélèveraient actuellement trois fois plus de poisson que les bateaux somaliens. Ces pêcheurs étrangers ciblent les poissons les plus lucratifs qu’offrent nos mers, laissant leurs homologues somaliens se livrer une concurrence autour de poissons à moindre valeur commerciale.
Plus grave encore, et toujours d’après ce rapport, ces navires étrangers contribueraient à la surpêche de nos populations d’espadons, de vivaneaux, de marlins et de requins. Les chalutiers de fond étrangers pratiquent une pêche irresponsable et agissent en toute impunité, traînant de lourds filets qui raclent les fonds marins, et qui endommagent une impressionnante superficie de 120.000 kilomètres carrés d’habitat marin précieux. Les dégâts engendrés sont si considérables que même si la pêche au chalut cessait aujourd’hui, il faudrait à cette région de nombreuses années pour se reconstituer.
Ce pillage qui frappe notre écosystème marin s’opère malgré d’importants progrès accomplis par la Somalie ces 18 derniers mois en direction d’une meilleure gestion de son espace maritime. En juin 2014, mon gouvernement revendiquait au nom de la Somalie une zone économique exclusive (ZEE) de 200 milles nautiques, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. En décembre dernier, nous promulguions une loi régissant la pêche en Somalie, interdisant expressément la pêche au chalut. Cette législation inédite a pour objectifs l’amélioration du contrôle des débarquements de poisson, la mise en œuvre d’une approche de supervision de la pêche soucieuse des écosystèmes et visant une gestion globale de la région, ainsi que la protection des espèces de poisson menacées ou en voie d’extinction.

Réinvestir les recettes dans

de meilleures infrastructures

Mais malgré tous les progrès accomplis dans le renforcement de notre gestion domestique de la pêche, nous manquons de capacités nécessaires à la surveillance de nos vastes mers. La communauté internationale pourrait considérablement faire la différence dans ce domaine, en appuyant mon gouvernement dans la surveillance et le contrôle de la ZEE somalienne, ainsi qu’en améliorant le partage des renseignements cruciaux que collectent les patrouilles navales internationales.

« Exploiter irresponsablement l’écosystème »

La pêche dans les eaux somaliennes ne doit pas rester un marché ouvert à tous, au sein duquel de lointains navires étrangers continueraient d’exploiter irresponsablement l’écosystème. J’appelle la communauté internationale à nouer une collaboration auprès de mon gouvernement, afin de mettre un terme une bonne fois pour toutes à la pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée) dans les eaux de Somalie. Un tel accomplissement permettrait d’améliorer la sécurité maritime et de promouvoir un secteur national dynamique autour de la pêche, pour le bien de tous les Somaliens.

Traduit de l’anglais par Martin Morel
Copyright: Project Syndicate, 2015.http://ift.tt/o9QZHt



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