mardi 25 août 2015

Un projet inédit pour lutter contre l’exclusion sociale dans le Grand-Casablanca. Voilà le point de départ d’une expérience pilote menée actuellement dans la commune de Beni Yakhlef (préfecture de Mohammedia). Baptisé «e-douar» ou «smart douar», le projet vise à lancer la construction de deux maisons pilotes intelligentes sociales et durables sur le site du village Al Khoudoud. Elles seront dotées de solutions numériques afin d’optimiser la gestion des énergies renouvelables, améliorer le confort quotidien et l’inclusion sociale. L’idée est aussi d’utiliser cette expérience, une fois réalisée, comme un «Living lab» (ou laboratoire vivant)  pour la formation, l’éducation, l’innovation et la promotion de l’emploi dans les zones périphériques du Grand Casablanca. A terme, les nouveaux centres urbains ainsi que des quartiers excentrés comme Errahma, Lahraouiyine, Lemkanssa… pourront aussi accueillir  leurs maisons intelligentes. «L‘objectif est de désenclaver les habitants de ces localités, en créant une zone de transition du monde rural au monde urbain, sans sentir une fracture ou une discontinuité sociale entre les deux mondes», explique Kheddioui El M’kaddem, enseignant-chercheur dans les énergies renouvelables à l’Université Hassan II et président de l’association Al Khoudoud, impliquée avec d’autres partenaires dans ce projet (voir aussi encadré).
Concrètement, il s’agit de construire deux maisons intelligentes, considérées comme organe de pilotage, de contrôle et lieux de rencontre des bénéficiaires. Mais au-delà de la connexion internet ou du développement des énergies renouvelables, ces maisons sont surtout une manière de repenser le mode de vie des bénéficiaires.
Autrement dit, le concept e-douar est censé lutter contre l’exode rural en ancrant les jeunes dans leur village d’origine. Et ce, à travers des actions visant à maintenir la qualité de vie et à renforcer l’attractivité des territoires concernés. Il s’agit, entre autres, d’impliquer les jeunes et les femmes dans le développement, via la valorisation des produits du terroir, l’artisanat et la promotion des spécificités locales (cuisine, traditions ancestrales…). D’ailleurs, un festival sera lancé pour la 1ère fois dans cette localité (au printemps 2016). Il sera un moyen de communication du douar avec le monde extérieur, en même temps que l’occasion de découvrir la région, les produits locaux, l’agriculture, l’artisanat (broderie, tissage …). Toute une économie locale à promouvoir.
«Le projet e-douar est ficelé en tant que concept, il ne reste plus qu’à démarrer la construction des deux maisons intelligentes, l’une dans la forêt mitoyenne et l’autre au centre du douar», précise Kheddioui El M’kaddem. Il faudra compter près de 500.000 DH pour chacune des maisons (qui seront construites en pisé, tout en respectant l’architecture locale, avec un minimum de confort), soit un total de 1 million de DH, financés par l’INDH. Près de 1.200 foyers vont bénéficier de l’opération. Reliées directement à l’université Hassan II, les maisons intelligentes produiront leur propre électricité. Il est même prévu de les connecter à la Direction de la météorologie pour permettre aux agriculteurs d’avoir des informations utiles en temps réel.
Reste à préciser que ce pari virtuel requiert aussi l’optimisation de la connectivité transport/infrastructure) de ces localités  avec les grandes villes.

Green TIC

Derrière le projet e-douar, plusieurs acteurs du monde universitaire et associatif se sont mobilisés avec la contribution de partenaires étrangers. Portée par le Centre de recherche Green TIC de l’université Hassan II de Casablanca, l’opération pilote bénéficie du soutien de l’INDH, l’association Al Khoudoud de développement humain dans le monde rural. L’expertise allemande en matière d’énergies renouvelables est également sollicitée  via le programme de coopération GIZ et la Fondation Heinrich Böll Stiftung (HBS). Le cluster e-Madina (lancé dans le cadre du projet smart city), pourrait activer le support technique et l’échange en matière d’innovation et de recherche technologique, économique et sociale et pourrait aider à promouvoir avec succès le développement et l’emploi dans les secteurs de l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique.

Fiche technique

■ La 1ère maison intelligente, baptisée «Darna pour le développement durable du territoire», sera située, à proximité de la vallée de Oued N’fifikhe dans la commune de Beni Yakhlef. La maison aura pour mission de promouvoir le tourisme local et les randonnées, mais aussi la sensibilisation des populations sur l’écologie et les problèmes environnementaux et la création d’activités génératrices d’emploi et de revenus. Elle assurera aussi l’accompagnement des agriculteurs dans leurs projets inscrits dans le cadre du développement durable et de l’efficacité énergétique.
■ La 2e maison, «Darna pour le développement humain», située non loin de la première, sera construite au cœur du douar. Cette maison prendra en charge notamment la promotion de l’alphabétisation par le biais de l’e-learning, la préservation du patrimoine local matériel et immatériel, le désenclavement numérique de la population …

Aziza EL AFFAS



from MarocPress.com http://ift.tt/1hEsrRq

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire