mercredi 26 février 2020

Pour sa troisième édition, le forum national de l’orphelin a réuni militants des droits humains et responsables associatifs pour discuter de solutions visant à réduire l’abandon d’enfants. Un phénomène tabou sous nos latitudes mais qui touche une population se comptant par dizaines de milliers (Ph. Khalifa)L’abandon d’enfants est devenu monnaie courante sous nos latitudes. Un acte commis le plus souvent malgré elles par des mères célibataires ne pouvant assumer le fruit d’une relation sexuelle hors mariage ou encore manquant cruellement de moyens financiers.C’est pour mieux contenir ce phénomène grandissant que l’association marocaine de l’orphelin (AMO) vient d’organiser à Casablanca la troisième édition de son forum éponyme sur le sujet. L’occasion pour les militants des droits de l’homme et les organismes associatifs présents de discuter ensemble et de livrer des solutions concrètes pour stopper l’hémorragie.La rencontre, dont l’Ecole supérieure de journalisme et de communication (ESJC) appartenant au groupe Eco-Médias était partenaire, a tout d’abord permis de tirer la sonnette d’alarme sur le poids occupé par cette population au Maroc.Ainsi, d’après l’association Solidarité Féminine, pas moins de 24 enfants sont abandonnés chaque jour au sein du Royaume, soit l’équivalent d’un par heure. «Un chiffre inquiétant et alarmant qui a récemment poussé notre association à lancer le défi national Zéro enfants abandonnés au Maroc d’ici 2030», souligne dans ce sens le président de l’AMO, Yassine Benchekroun.Pour changer la donne, les experts invités ont tout d’abord conseillé de traiter le problème à la racine. Comment? En reconnaissant l’existence des relations sexuelles illégales et en brisant leur caractère tabou. «Les enfants abandonnés sont majoritairement conçus hors mariage.Pour pouvoir leur venir en aide, il faut reconnaître cette catégorie de relations jugée honteuse par la société et synonyme de déshonneur pour les familles», confie l’ancienne ministre de la famille et présidente de l’association marocaine pour les libertés et l’égalité Nouzha Skalli. «En effet, d’après les derniers chiffres du ministère de la santé, la première relation sexuelle a lieu à 18 ans chez la femme et à 16 ans et demi chez l’homme.Or, l’âge moyen du mariage a considérablement reculé depuis plusieurs années, atteignant aujourd’hui 32 ans pour l’homme et 26 ans pour la gent féminine», ajoute la militante. Des barrières qui sont le plus souvent «culturelles» et qui poussent ces «mères victimes» à faire de leurs enfants des marginaux de la société.«Pour crever l’abcès, il faut éduquer et informer les Marocains dans les domaines de la santé sexuelle et reproductive. Mais il serait également judicieux de changer la conception patriarcale de l’institution actuelle du mariage en y intégrant coopération et coresponsabilité homme-femme», précise la responsable associative.Mais c’est également aux lois de s’adapter et de faciliter le quotidien de ces mères en détresse tout en garantissant un avenir à leurs enfants et éviter qu’ils ne finissent dans la rue. Les invités ont ainsi à plusieurs reprises conseillé d’imposer le test d’analyse de l’ADN aux pères. «La loi actuelle n’oblige pas les hommes à passer ce type de test.Pourtant, sans reconnaissance d’un paternel, l’enfant n’existe pas aux yeux de la loi et donc de la société, tient à souligner Benchekroun. «Pour éviter de le stigmatiser, il devient donc urgent de dépénaliser les relations sexuelles hors mariage», ajoute ainsi Skalli.Parmi les autres moyens d’éviter le pire, figure également le soutien direct aux mères célibataires. Les spécialistes invités ont ainsi mis l’accent sur le rôle essentiel d’intégrateur social joué par les centres socioprofessionnels et qui permettent aux «victimes» de subvenir aux besoins de leurs enfants. Une aide qui doit également être de nature psychologique, via la multiplication des cellules d’écoute et de services de soutien pré et post-natal.Enfin, l’une des solutions alternatives les plus efficaces au problème consiste à légaliser l’adoption au Maroc. «La place d’un enfant dans un orphelinat n’est pas l’idéal. Il a besoin d’un foyer équilibré au sein duquel il pourra grandir et se construire comme il se doit», explique le président de l’AMO.La part belle au divertissement et à l’hommage aussiLa troisième édition du forum national de l’orphelin, qui s’est récemment tenu à Casablanca, n’était pas uniquement orienté réflexion. L’évènement a aussi permis de faire la part belle au spectacle et à la reconnaissance. Ainsi, outre des spectacles de chants assurés par des orphelins de différents instituts, la manifestation a rendu un vibrant hommage à Aïcha Chenna. Une militante fondatrice de l’association Solidarité féminine qu’on ne présente plus et qui a dédié la moitié de sa vie à défendre la cause des mères célibataires sous nos cieux.Karim AGOUMI 



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