lundi 9 mars 2020

Latifa Elouadrhiri est chercheur au laboratoire Jefferson en Virginie et également professeur chercheur à l’université George Washington. Docteur en physique de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, elle a également été membre du CNRS français. Elle s’est faite remarquer en mai 2018, en co-publiant dans la revue Nature les résultats d’une expérimentation inédite au niveau mondial relative à la distribution de la pression à l’intérieur des protons (Cf. L’Economiste du 10 août 2018) (Ph. L.E)Je suis tombée «amoureuse» de la physique d’abord durant ma deuxième année de lycée. Cet été-là, j’ai acheté mon premier livre de physique au marché aux puces de Rabat, écrit par Werner Heisenberg, prix Nobel  en 1932, «La nature dans la physique contemporaine». Un livre qui retrace l’évolution du concept de la nature dans la science moderne de Galilée et de Newton à Einstein. Puis, une seconde fois, quand j’ai vu les célèbres équations de Maxwell écrites avec élégance sur un grand tableau noir dans l’un des auditoriums de l’université Mohammed V de Rabat. Depuis, je continue à poursuivre cette passion. Un peu trop loin parfois… Comme ce fut le cas lorsque j’ai démissionné de mon prestigieux poste au CNRS en France, pour un avenir incertain aux Etats-Unis.Des années plus tard, je suis chercheur scientifique aux Etats-Unis, au laboratoire Jefferson en Virginie. Je suis également professeur chercheur à l’université George Washington, à Washington DC. Le but de notre recherche est d’étudier les composantes les plus fondamentales de la matière visible: les quarks et les gluons. Ces particules élémentaires constituent des protons et des neutrons et tous les noyaux atomiques. Notre objectif ultime est de percer le mystère de la force la plus puissante de la nature et de comprendre l’évolution de notre univers.Les forces et la pression à l’intérieur du proton étaient inconnues jusqu’en 2018 lorsque, avec deux de mes collègues, nous avons publié la première détermination d’une pression extrême à l’intérieur du proton dans le journal Nature. Ces résultats ont ouvert un nouveau champ de recherche qui a le potentiel de révolutionner la façon dont nous étudions la structure de la matière. En même temps, des nouvelles avancées techniques associées à des améliorations spectaculaires de puissance de calcul et de développement d’algorithmes, telles que l’intelligence artificielle, nous ont permis de commencer une nouvelle génération d’expériences. Ceci nous permettra d’effectuer des mesures avec une bien meilleure précision.Dans la planification d’un avenir à plus long terme, le département d’énergie des Etats-Unis a récemment approuvé la construction d’un nouvel accélérateur, qui sera conçu et construit au cours des dix prochaines années à un coût estimé entre 1,6 et 2,6 milliards de dollars. Cet accélérateur pourra approfondir plus que jamais la nature de l’interaction forte. Ce projet sera une ressource révolutionnaire pour la communauté internationale de la physique nucléaire. Les recherches scientifiques de pointe, que ce soit dans le domaine de la recherche fondamentale ou dans celui de la recherche appliquée, sont les principaux moteurs du progrès de la croissance économique. Ce type de recherche offre également une opportunité d’éducation et de formation des jeunes étudiants et chercheurs sans équivalent.C’est un vrai sentiment de beauté de pouvoir faire de la recherche scientifique.Par Latifa Elouadrhiri



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