mardi 11 février 2020

Mohamed Amimi, directeur général de Maroc Leasing, filiale du groupe BCP: «En 2019, nous avons plus que doublé les financements accordés aux TPE et notre objectif à court terme est de maintenir cette cadence» (Ph.Maroc Leasing)- L’Economiste: L’accès au financement reste encore difficile pour les TPE. Quelle est votre stratégie à l’égard de ces entreprises?- Mohamed Amimi: Maroc Leasing a accordé ces deux dernières années une attention particulière aux TPE. Nous avons en effet lancé un ensemble de produits répondant aux spécificités de ce segment et renforcé, en parallèle, notre stratégie marketing. Aussi, en termes d’organisation, une équipe dédiée gère les attentes et spécificités de cette clientèle. En 2019, nous avons plus que doublé les financements accordés aux TPE et notre objectif à court terme est de maintenir cette cadence.- L’approche «Standard» de l’analyse du risque vous semble-t-elle toujours adaptée à ces petites entreprises? Sinon, que faut-il faire évoluer?- L’approche «Standard» communément utilisée pour l’analyse du risque n’est effectivement pas adaptée aux TPE et auto-entrepreneurs. Il est nécessaire d’avoir une approche «Avancée», qualitative et quantitative, basée sur un système de scoring différencié et un modèle de notation prenant en compte les spécificités de chaque secteur d’activité et les contraintes des TPE et des auto-entrepreneurs. Cette approche doit également prendre en considération le type de matériel financé. Ce dernier appartient à la société de leasing mais est exploité/loué par le client. En cas de défaillance de ce dernier, la société de leasing récupère le matériel, puis doit être en mesure de pouvoir le relouer (dans le cadre d’un nouveau contrat) ou de le céder sur le marché.Le leasing peut être un excellent outil pour le financement de la TPME et un véritable relais de croissance pour le secteur. La propriété du bien financé dans le cadre du leasing peut être un facteur facilitant l’accès au financement et un moyen idoine pour mitiger le risque lié à cette clientèle à condition que le secteur se réinvente en adoptant une approche industrielle et en améliorant son écosystème. La réglementation et le traitement judiciaire des contrats de crédit-bail doivent également évoluer vers la consécration de la propriété dans le cadre du leasing.- En quoi la circulaire «19 G» de la Banque centrale, serait-elle pénalisante pour les sociétés de leasing?- Les modifications apportées à la circulaire 19 G de 2002 de Bank Al Maghrib relative à la classification des créances et à leur couverture par les provisions intègrent notamment les critères définissant les créances sensibles, les créances restructurées et les créances en souffrance. Ces critères devaient être nuancés pour les opérations de crédit-bail et de location avec option d’achat, vu que l’exposition au risque de crédit n’est pas la même que dans les cas de crédits classiques. En effet, étant donné que l’établissement de leasing reste propriétaire du bien pendant toute la durée du contrat, il nous paraît pertinent d’en tenir compte dans le calcul des provisions en prenant en considération la valeur marchande du bien et les éventuelles garanties détenues (cautions bancaires, aval CCG ou dépôts de garantie).- Comment évaluez-vous votre activité en 2019 et quels secteurs ont été les plus dynamiques?- Après un démarrage relativement lent, l’année 2019 s’est soldée par une bonne performance commerciale. En effet, la production a enregistré une évolution de plus de 13% par rapport à l’année 2018 dans un marché qui a évolué de 5,76%. Cette performance a été principalement tirée par l’évolution du crédit-bail mobilier et notamment par l’évolution des financements accordés aux secteurs «Services», «Industrie» et «Transport». Le nombre de dossiers traités a également connu une forte évolution. - Où situez-vous vos relais de croissance à moyen terme?- Malgré un taux de pénétration qui reste faible, moins de 15%, soit 10 points en dessous du niveau de l’Europe, l’évolution du secteur du leasing reste corrélée à celle des indicateurs macroéconomiques, notamment ceux relatifs à l’investissement privé. Néanmoins, Maroc Leasing a vu sa production évoluer avec une moyenne à deux chiffres sur les trois dernières années et devrait continuer sur la même tendance à travers une stratégie d’industrialisation et de digitalisation visant à améliorer la réactivité qui est une des principales attentes des clients et notamment sur le segment des TPE et des professionnels.Propos recueillis par Abashi SHAMAMBA                                                                                  Recouvrement judiciaire: Toujours la galère«Le système judiciaire a beaucoup évolué ces dernières années avec la mise en place d’un cadre juridique transparent et sécurisé à même de renforcer la compétitivité du Royaume dans le domaine des affaires, notamment la réforme du livre V du Code de commerce, relative aux procédures de difficultés d’entreprise ainsi que la loi visant la réforme du système des sûretés mobilières.Toutefois, persistent quelques problèmes qui entravent le recouvrement des créances par voie judiciaire dans le secteur du leasing à savoir,  la force probante donnée aux relevés de comptes établis par les sociétés de financement qui n’est pas la même que celle des relevés bancaires. A cela il faut ajouter la facilité d’ouverture des procédures de difficulté d’entreprise et la lenteur de préparation des plans de continuation. Enfin, le traitement des dossiers qui peut être différent d’une juridiction à l’autre notamment en matière de consécration de la propriété par la société de leasing des biens donnés en crédit-bail.Par ailleurs, l’amélioration de la connaissance du leasing par les magistrats est à même de renforcer le cadre du recouvrement des créances du secteur par voie judiciaire. C’est pour cela qu’à travers notre association (ndlr. APSF), nous avons appelé à la tenue d’une table ronde pour mettre à plat les difficultés rencontrées par le secteur dans ce domaine et mieux faire connaître les spécificités de notre secteur auprès des différents tribunaux de commerce». 



from MarocPress.com https://ift.tt/2OMWDNg

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire