lundi 27 juillet 2015

D’UN côté des héritiers, de l’autre leurs avocats. «C’est la première sortie publique de la famille en présence de la veuve de Lahcen Jakhoukh et deux de ses enfants. Beaucoup d’assertions infondées ont été dites sur le dossier Drapor», déclare Me Mohamed Tahari, vendredi dernier, à Casablanca. Comme nous l’avions annoncé le 24 juillet 2015, les proches de l’homme ayant fait fortune au Gabon sortent officiellement de leur silence: «Nous voulons vous éclairer sur ces tentatives d’accaparement dont sont victimes la famille et les entreprises de Satram Marine». Holding détentrice de la société de dragage des ports (Drapor), Rimal et Med Océan.   
Avant d’entrer dans le fond de l’affaire, le jeune avocat invite l’assistance -des journalistes principalement- «à réciter la Fatiha à la mémoire du défunt» et de ceux qui risquent de lui emboîter le pas dans cette «féroce bataille judiciaire», enchaîne Badr, le fils cadet du PDG de Satram Marine. La mort de Jakhoukh père, le 9 juin à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif, a eu son lot de.. surprises!
Mustapha Aziz, alias «le docteur», se prévaut d’un testament, d’une reconnaissance de dette de 10 millions d’euros et de sa qualité d’actionnaire et de PDG. Les ayants droit contestent de bout en bout les prétentions de celui qui «m’a alerté sur l’état de Drapor», assurait de son vivant le vieil homme d’affaire (cf. L’Economiste du 13 novembre 2014).  
«Le management est monopolisé par Mustapha Aziz. Ce qui nous empêche d’accéder à nos  biens. Ce n’est pas Satram Marine qui est visé mais notre patrimoine», déclare Badr Jakhoukh. Il cite comme cas une procédure en cours à la conservation foncière: «C’est un indice que Mustapha Aziz a une fine connaissance de l’étendu du patrimoine de mon père». L’une des héritières, Btissam Jakhoukh, enchaîne: «Cette épreuve nous a uni plus que jamais. Nous irons jusqu’au bout pour honorer la mémoire du défunt».
Par où commencer? Par le testament rédigé par un notaire en France et selon lequel Mustapha Aziz soutient être «l’unique légataire». Le 2e avocat de la famille, Me Hassan Semlali, est catégorique: «Il est inimaginable qu’un testament soit non conforme au statut successoral d’un musulman. La Chariâ ne permet de léguer que le tiers des biens. De plus, le droit musulman interdit de priver des héritiers de leur succession». L’acte dont se prévaut Mustapha Aziz est qualifié de «contraire à l’ordre public». Me Semlali assure que le testament n’a pas reçu d’exequatur. Procédure par laquelle un acte rédigé à l’étranger acquiert la force exécutoire et produit par conséquent ses effets juridiques. Les héritiers et leurs défendeurs «n’ont pas consulté» le document tant contesté. Il n’empêche qu’un recours a été engagé devant la justice française, d’autant plus que le supposé légataire «emploi cet acte pour faire obstacle aux héritiers à inscrire leurs droits sur la succession», révèle la défense.  
La reconnaissance de dette de 10 millions d’euros est  également mise en cause. Le prétendu créancier, Mustapha Aziz, aurait ramené, selon ses contradicteurs, «un notaire 17 fois à l’hôpital. Vu l’état de santé de Lahcen Jakhoukh, la direction de l’établissement lui refusait à chaque fois l’accès».
Pourquoi le présumé testateur n’a pas mentionné l’existence d’une dette tout en s’obligeant de payer le bénéficiaire? Un acte de dernière volonté pour avoir la conscience tranquille.
«On se remet à Dieu et on accepte notre destin. Depuis qu’il a rencontré Mustapha Aziz, mon mari est devenu méconnaissable», témoigne son épouse, Soumiya Loudiyi. Son conjoint «paraissait sous une pression continuelle», poursuit la veuve Jakhoukh.  C’est aux juges de séparer le bon grain de l’ivraie. Une plainte pour faux et usage de faux a été déposée au parquet de Casablanca contre Mustapha Aziz. Toute une histoire où Me Mohamed Tahari «met en doute la crédibilité de la réforme de la justice» et appelle fortement le ministre de tutelle, Mustapha Ramid, «à prendre ses responsabilités».

Désigner un mandataire

Badr Jakhoukh est désigné le 29 juin 2015 comme PDG de Satram Marine. Sa nomination intervient suite à l’assemblée générale ordinaire (AGO) des héritiers de Lahcen Jakhoukh, actionnaire majoritaire du holding propriétaire de Drapor. Le tribunal de commerce a refusé d’inscrire cette nomination au registre de commerce. L’un de ses arguments est que Mustapha Aziz, l’adversaire des ayants droit, se présente également comme nouveau PDG. «Il y a là deux procès-verbaux contradictoires». A la demande des héritiers, le tribunal devra désigner ce lundi 27 juillet un mandataire pour convoquer une AGO du conseil d’administration de Satram Marine.

Faiçal FAQUIHI



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