jeudi 30 juillet 2015

BONNE nouvelle à la veille de la fête du trône. Les tanneurs de la capitale spirituelle sont rassurés sur leur avenir. En effet, deux des trois tanneries de la médina sont entièrement restaurées. Il s’agit des tanneries de Sidi Moussa et Aïn Azliten dont la réhabilitation s’inscrit dans le cadre du programme de restauration des monuments historiques (MH) de Fès, mené à l’initiative du Souverain. Rappelons qu’une nouvelle impulsion a été donnée à ce programme, en novembre dernier, grâce à des instructions royales fermes. Le but étant de donner une nouvelle vie à des endroits de haute charge historique. L’opération a connu un degré maximal de mobilisation. Elle vise à sauvegarder l’histoire ancestrale et baliser l’avenir d’un métier qui se fait dans des cuves mondialement connues. Il s’agira principalement d’animer la médina et créer une dynamique économique auprès de ses habitants, artisans et commerçants. C’est de cette manière que l’on pourra lutter contre le marasme économique et social, l’exclusion, la pauvreté, et l’extrémisme. D’ailleurs, tous les chantiers de la restauration sont menés dans une optique participative, incluant la main d’œuvre locale.
Pour le cas des tanneries de Chouara, Sidi Moussa, et Aïn Azliten, à titre d’exemple, les travaux ont démarré le 15 janvier. Ils ont été confiés à «Badr Béton», une entreprise qui dispose de nombre de références dans la restauration de la médina. Pour respecter les délais de réalisation (10 mois), Badr Béton a déployé de gros engins (grues et matériels) s’appuyant sur l’expérience d’ouvriers rodés. Ces derniers sont mobilisés en permanence afin de livrer le projet selon le planning fixé par les autorités. Ainsi, en sept mois seulement, Sidi Moussa et Aïn Azliten ont été évacuées et mises à neuf. Comme pour ces deux tanneries, la célèbre Chouara était dans un état de délabrement très inquiétant. Aujourd’hui, elle est restaurée à 50% et les travaux se poursuivent pour rendre à cet édifice son lustre d’antan. A noter que la mise à niveau de ces trois sites de production de cuir s’inscrit dans le cadre du programme de la restauration de 27 monuments. L’opération coûte quelques 75 millions de DH (hors études).
Au total, près de 800 tanneurs travaillent le cuir dans les trois tanneries visées par le projet de réhabilitation. La cure de jouvence de leurs unités vise à insuffler une nouvelle dynamique au secteur et surtout éviter des drames d’effondrement de sites historiques. Durant les travaux de restauration, les maâlems tanneurs ont perçu une indemnité mensuelle de 2.500 DH. Idem, les apprentis ont touché un salaire de 2.000 DH. Dans quelques semaines, les 800 tanneurs réinvestiront leurs fosses pour travailler le cuir et offrir un beau spectacle aux visiteurs.  A ce titre, les bazaristes, commerçants et autres qui offrent une vue panoramique sur Chouara devront payer désormais une mensualité permanente  au profit de l’association des tanneurs. C’est ce qui ressort d’un arrêté communal voté à l’unanimité lors de la session d’avril.
 Signalons que les tanneurs de la médina produisent quotidiennement environ 10.000 peaux traitées. De quoi alimenter plusieurs activités de cuir. Sauf qu’actuellement, le secteur vit des moments difficiles alors qu’il était la référence de la ville. En tout cas, le soutien de cette activité permettrait de préserver l’emploi et sauvegarder une activité économique et un pan important de l’artisanat national. Et c’est dans cet objectif que ce projet a été proposé, adopté et encouragé par le Souverain.

Travaux de sauvegarde

Les travaux de restauration des trois tanneries ont été axés sur le renforcement des structures et la réhabilitation totale des constructions (murs, plafonds, réservoirs (sahrijs), réseaux d’électricité et d’eau). En outre, un système de collecte des déchets pour limiter la pollution et préserver l’environnement a été mis en place. Ceci en parfait accord avec les corporations des tanneurs, conscients de l’importance de la sauvegarde de la tannerie traditionnelle. Pour les autorités, ce projet va donner un nouvel élan à un secteur artisanal, grand pourvoyeur d’emploi et d’attraction touristique par excellence. Signalons enfin que la tannerie Chouara, située dans le quartier Blida de l’ancienne médina de Fès, attire, à elle seule, plus de 90% des visiteurs marocains et étrangers. S’étalant sur près de 7.200 m2 dont 4.000 m2 couverts, elle comprend 193 ateliers, occupant plus de 419 artisans et produisant quotidiennement de 2.977 à 5.132  peaux de cuir traitées.

De notre correspondant, Youness SAAD ALAMI



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