C’est une catégorie laissée pour compte. Ils sont vieux et vulnérables et vivent généralement dans une situation de marginalisation. Ce sont les principaux constats du dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), examiné lors de l’assemblée générale, tenue jeudi dernier, et qui sera voté le mois prochain. Ce document souligne que «les personnes âgées représentent un dixième de la population». Ils «ne constituent pas une catégorie homogène et aucune définition consensuelle de cette couche sociale n’est établie pour l’instant». Mais, généralement, est considérée comme personne âgée, celle qui a dépassé l’âge de départ à la retraite. Cette définition reste imparfaite dans la mesure où elle ne prend pas en considération tous les aspects de la vulnérabilité de la vieillesse. Globalement, le diagnostic établi par le CESE fait ressortir un «niveau généralement faible des capacités des personnes âgées». Cela concerne notamment le niveau d’instruction, la situation socioéconomique et la santé. En effet, 7 seniors sur 10 sont analphabètes. La plupart d’entre eux ont des revenus modestes, et un 1 sur 10 est pauvre. La moitié de cette population vieillissante souffre d’au moins une maladie chronique, sans avoir accès aux soins. La couverture sociale et médicale ne bénéficie qu’à un cinquième de ces personnes. Un tiers d’entre elles sont dans une situation de dépendance vis-à-vis des autres, pour la réalisation des tâches de la vie quotidienne. Cet état de vulnérabilité est accentué par «le montant dérisoire des pensions de retraite». Et ce sont surtout les femmes qui pâtissent le plus de ces contraintes. Car, l’inégalité entre les sexes «contribue à ce que les femmes âgées soient les plus exposées à la précarité économique, aux difficultés d’accès aux services sociaux et à l’absence de protection médicale». Les personnes ayant intégré un centre d’accueil ou une maison de retraite ne sont pas mieux loties. Leur vie «se caractérise par la solitude, l’isolement et l’absence d’activités culturelles et de loisirs», est-il noté. Surtout que le personnel encadrant manque souvent de formation et de motivation. Sur le plan légal, «il n’existe pas au Maroc une loi spécifique dédiée aux personnes âgées. En face, «une stratégie nationale visant la valorisation et l’amélioration des conditions de vie des personnes âgées, notamment à travers le renforcement de la prise en charge familiale, a été élaborée en 2009». Mais elle n’a pas été mise en œuvre et devrait être réformée prochainement, croient savoir les experts du CESE. Cette stratégie est essentielle, dans la mesure où les programmes en vigueur ont été souvent marqués par leur caractère «partiel, sporadique et sectoriel». Même l’intervention de la société civile ne répond plus aux attentes. En effet, «les subventions publiques sont insuffisantes, et les associations sont dépourvues des moyens nécessaires pour assurer la qualité de l’encadrement», fait-on savoir.
Approche globale
Pour atténuer la situation de vulnérabilité dont souffrent les personnes âgées au Maroc, le CESE plaide pour une approche globale, notamment «une politique publique intégrée de protection de cette catégorie, basée sur le respect des droits et de la dignité». Les experts du CESE proposent 8 axes d’intervention pour assurer une meilleure protection à nos seniors. Il s’agit notamment de «l’amélioration de la protection sociale, en priorité au profit des personnes en situation de dépendance». L’idée est aussi de mettre en place un «fonds de pension vieillesse, au profit des personnes non couvertes par le système de sécurité sociale et ne pouvant compter sur l’aide familiale». Cette assistance doit être complétée par «la mise en œuvre de l’article 5 de la loi sur l’AMO, qui prévoit l’extension de la couverture aux parents du bénéficiaire». L’Etat est aussi appelé à «mettre en place des structures d’aide et des programmes de formation au profit des aides-familiaux, prenant en charge des personnes âgées. A cela s’ajoute l’importance de la promotion de la participation sociale de cette catégorie, à travers des programmes de valorisation du patrimoine culturel et la facilitation de sa transmission.
M.A.M.
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