mardi 28 juillet 2015

Peu habitué aux sorties publiques, Omar Azziman a accordé à L’Economiste une interview pour exposer et expliquer Omar Azziman a reconnu que la question des langues a donné lieu à des crispations. Mais la formule retenue par la nouvelle vision permettra aux élèves, à l’issue du secondaire, de maîtriser la langue arabe, de communiquer en amazigh et de maîtriser deux langues étrangères au moinsla vision stratégique du Conseil supérieur de l’enseignement dont le but est le sauvetage de l’école marocaine. Son élaboration et son adoption sont le résultat d’un long processus. Le président du Conseil insiste sur le caractère participatif de la démarche. Pour lui, «le changement ne se décrète pas, il requiert l’appropriation par tous».- L’Economiste: La mise en place de la nouvelle vision du système éducatif n’a pas été aisée. Quels ont été les facteurs de blocage?- Omar Azziman: Vous savez que l’élaboration de toute nouvelle vision dans le domaine de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique est une œuvre de grande envergure qui induit nécessairement la mobilisation de tous les acteurs concernés et un énorme travail de rapprochement des positions. Au sein du Conseil, nous avons vécu ce processus comme une dynamique de fécondation positive de la réflexion collective. C’est pourquoi nous estimons qu’il n’y a pas lieu de parler de blocage mais d’une maturation collective et progressive. Nous étions engagés dans le cadre d’un processus intellectuel fait de confrontation saine et positive des divers points de vue. C’est là l’essence même de la pratique démocratique à échelle réduite. Le Conseil est en effet un lieu d’écoute, d’échange et de débat pluriel où s’expriment les différentes sensibilités qui le composent et qui font sa richesse. Et c’est cette logique du débat permanent qui a servi de marqueur à nos travaux.- Donc vous considérez que la tension qui a marqué les travaux du Conseil a été salutaire…
- Ces débats animés et passionnés ont été un exercice salutaire pour une institution aussi jeune que la nôtre. Ce fut également le premier test «grandeur nature» de notre capacité à conduire un projet stratégique de grande ampleur et proposer des recommandations consensuelles sur des questions qui ont longtemps divisé. Du reste, nous nous réjouissons qu’au terme de la 7e session du Conseil, tenue en mai 2015, la vision stratégique ait été définitivement approuvée par l’Assemblée générale.- Pourquoi toute cette tension autour des langues d’enseignement?
- Sur la question des langues, rapprocher les points de vue n’a jamais été chose aisée, tant cette question cristallise les tensions et donne lieu à une forte crispation. Si nous avons réussi à nous mettre d’accord sur un dispositif linguistique sérieux et prometteur qui ouvre de belles perspectives devant les apprenants, c’est parce que les membres étaient tous animés de la volonté de dépasser une situation qui a beaucoup contribué à la détérioration de notre système. La proposition retenue vise à permettre à l’apprenant, à l’issue de l’enseignement secondaire qualifiant, de maîtriser la langue arabe, de communiquer en amazigh et de maîtriser deux langues étrangères au moins, dans le cadre d’une approche progressive qui passe du bilinguisme au plurilinguisme.

Méthodologie

L’élaboration et l’adoption de la nouvelle vision stratégique sont le résultat d’un long processus qui s’est étalé sur plusieurs étapes. Omar Azziman dément les informations qui avaient circulé sur une volonté d’imposer la version préparée par la commission, sans prendre en considération les autres positions. Il a insisté sur le caractère participatif de la démarche. «Toutes les instances du Conseil ont activement pris part à ce processus», a-t-il précisé. Les commissions permanentes ont déployé des efforts pour préparer des propositions concernant les différents aspects de la vision. Par la suite, une commission de coordination, constituée des présidents des commissions permanentes, a été créée afin d’élaguer les doubles emplois, de limer les aspérités et de développer les convergences. Le rapporteur général a «versé les contributions des commissions dans le moule d’un texte synthétique et structuré ayant son propre souffle et sa propre cohérence», est-il indiqué. Cela s’est fait selon la méthode d’élaboration définie par le bureau du Conseil, qui a soutenu et accompagné le travail du rapporteur à toutes les étapes, jusqu’à la finalisation du projet de vision stratégique et sa transmission à l’Assemblée générale pour délibération et adoption.

- Quel a été l’apport du benchmark à l’international et le modèle qui vous a le plus inspiré?
- Le Conseil explore les meilleures pratiques en matière d’éducation, de formation et de recherche scientifique et prend

Une Agence pour l’enseignement supérieur

La réforme du système éducatif passe également par la création d’une nouvelle Agence d’évaluation de l’enseignement supérieur. Celle-ci est déjà en place en vertu du Dahir portant promulgation de la loi n° 80-12 relative à l’Agence nationale d’évaluation et de garantie de la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, publié en juillet 2014. Cette agence a notamment pour missions d’évaluer les établissements d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, ainsi que les filières de formation en vue de leur accréditation. Elle s’occupera également des activités des centres d’études doctorales, de la recherche scientifique et des programmes et projets de coopération universitaire. Cette nouvelle structure devra mener un travail qui n’annule pas l’évaluation menée en interne par les départements. D’ailleurs, l’Instance nationale d’évaluation du système de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, créée au sein du Conseil supérieur, a pour objet de procéder à des évaluations globales, sectorielles ou thématiques des politiques et programmes publics.

Propos recueillis par Mohamed CHAOUI



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