mardi 28 juillet 2015

Cantines scolaires, internats, aide directe… plusieurs mesures et actions sont mises en place au profit des élèves défavorisés. Objectif, lutter contre l’abandon scolaire. Mais si des résultats intéressants sont réalisés, ces dispositifs d’appui connaissent des ratés.
Les cantines scolaires dont la gestion est décentralisée souffrent de défaillances faute de moyens matériels et humains qualifiés. La valeur monétaire de la ration alimentaire journalière par élève est faible: entre 1 et 1,50 DH selon les délégations. Et comme l’indemnisation des directeurs des écoles concernées est dérisoire, ces derniers se désengagent des charges liées aux cantines scolaires comme la tenue d’une comptabilité. De leur côté, les enseignants refusent de prendre la responsabilité de la distribution des rations et de la supervision des bénéficiaires puisqu’elle ne fait pas partie de leurs missions.
Au primaire, ces cantines ont pour objectif de lutter contre l’abandon précoce des élèves. Et donc, le nombre de bénéficiaires devrait être plus élevé dans les régions où les taux d’abandon sont importants. Mais sur le terrain, c’est le processus inverse qui est constaté. «La part des bénéficiaires est relativement plus faible dans les régions qui enregistrent des taux d’abandon relativement plus élevés», s’étonne le Conseil supérieur de l’éducation (voir aussi nos éditions du jeudi 23 juillet et vendredi 24 juillet). Il indique aussi que les taux d’abandon n’expliquent que 68% des disparités entre les académies en matière d’affectation des ressources aux cantines scolaires. Le reste est attribué notamment en fonction du niveau de pauvreté et de couverture des douars.
Pour lutter contre le décrochage scolaire, des bourses sont accordées aux élèves de la 3e année du secondaire collégial qui sont loin de leur domicile. Ils logent ainsi dans les internats des établissements. Une aide financière est également octroyée aux élèves de la 6e année primaire dans les internats. Mais faute de places, cette aide ne bénéficie pas à tous ceux qui ont en besoin. Ce qui suscite les commentaires du Conseil: «Les élèves issus des ménages démunis ne bénéficient pas tous de l’internat et de la bourse et sont donc contraints d’interrompre leur scolarité».
En 2008-2009, les collégiens internes ont enregistré un taux de déperdition en première année de 17% contre 23% chez les élèves ruraux non internes! Le fait d’être interne augmente donc de six points la réussite scolaire des élèves ruraux. Le même constat est d’ailleurs observé au niveau de l’enseignement secondaire qualifiant.
Dans son rapport sur la mise en œuvre de la Charte nationale d’éducation et de formation, le Conseil supérieur de l’éducation a également analysé le programme Tayssir dont l’objectif est de lutter contre l’abandon scolaire en milieu rural. Ce dispositif consiste dans des transferts monétaires conditionnels, tous les deux mois, aux parents des élèves assidus aux cours. Le montant octroyé par mois s’élève à 60 DH par enfant pour les deux premières années du primaire, 80 DH pour les deux années qui suivent et 100 DH pour les deux dernières années du primaire. Il est de 140 DH pour le cycle collégial.
Lancé en 2008-2009, le programme a bénéficié à 79.500 élèves au départ. Un chiffre qui a été multiplié par 4 l’année suivante pour atteindre 300.000 élèves. En 2012-2013, le nombre de bénéficiaires a atteint près de 690.000 élèves. Ce dispositif a permis d’augmenter les taux d’accès de 10%, d’améliorer la parité selon le genre de 3% et réduire l’absentéisme de 60%. Reste que des défaillances sont relevées au niveau du programme. «Des problèmes fréquents liés à la synchronisation du budget alloué et à son versement aux familles», souligne le Conseil supérieur de l’éducation. Ce qui s’est traduit par des lourdeurs au niveau de la gestion et des surcoûts en termes de temps, de logistique et de ressources. Il juge aussi que «le ciblage sélectif de certaines communes crée des sentiments d’injustice territoriale, d’où les réclamations des élus et des populations des communes limitrophes non ciblées en vue d’étendre le programme à leurs propres communes». Le Conseil supérieur de l’éducation est plutôt favorable à «un ciblage axé sur les ménages».

Lourdeur des procédures pour «Un million de cartables»

L’Initiative «Un million de cartables» allège les charges liées à la scolarité des enfants. Elle contribue ainsi à la généralisation de la scolarisation obligatoire et à la rétention des élèves. Mais sa gestion financière à travers les associations n’a pas résolu les problèmes liés à la lourdeur des procédures des dépenses publiques. D’abord des lourdeurs liées à la création des associations et à la lenteur d’ouverture de leurs comptes auprès de Barid Al Maghrib ou à la Trésorerie générale sont relevées. Ensuite, la méconnaissance des directeurs d’établissements des règles et procédures de dépenses des crédits mis à leur disposition. Ces directeurs se retrouvent également surchargés à un moment où ils sont occupés par les préparatifs de la rentrée scolaire. Enfin, le rapport parle de difficultés logistiques liées notamment à l’acheminement des fournitures.

Khadija MASMOUDI



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