jeudi 20 février 2020

Après les Finances et la Chambre des représentants, c’est au tour du ministère de l’Intérieur de se brancher sur le programme intégré d’appui et de financement de l’entrepreneuriat, plus connu sous le nom générique de l’«Intelaka», en organisant une rencontre lundi à Rabat, au centre de Bank Al-Maghrib.Pour mieux s’imprégner et comprendre les enjeux de ce chantier royal, Abdelouafi Laftit a convié tous les walis de région et les directeurs des CRI à travers le Maroc, les véritables courroies de transmission et les pièces maîtresses de la mise en œuvre de ce programme sur le plan territorial. Au cours de la réunion, Laftit a également tenu à impliquer les présidents des Chambres professionnelles afin de les amarrer à cette initiative royale. Après les interventions de Mohamed Benchaâboun, ministre des Finances, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, Othman Benjelloun, le président du GPBM, et Hicham Serghini, DG de la CCG, des présidents de banques ont pris la parole pour sensibiliser les responsables de l’administration territoriale aux véritables attentes et spécificités de ce programme royal.Auparavant, Mohamed Benchaâboun a précisé que la rencontre s’inscrit dans le prolongement des activités engagées dernièrement, suite au lancement devant le Roi du Programme intégré, marqué par la signature de plusieurs conventions, portant aussi bien sur le financement de l’entrepreneuriat et du monde rural que sur le renforcement de la coordination des actions d’accompagnement au niveau des régions. Le mot est lâché.En effet, les intervenants à la tribune au cours de cette réunion ont été unanimes pour montrer l’importance de la dimension accompagnement, fondamentale pour la réussite de ce programme. Pour Mohamed Benchaâboun, «l’accompagnement contribue non seulement à transformer des idées en projets effectifs et bancables, mais aussi à soutenir leurs chances de réussite et de croissance dans la phase post-création».Dans ce sens, et pour assurer un meilleur déploiement de cette composante et réussir ce chantier de portée stratégique pour le pays, l’offre d’accompagnement dans le cadre de ce programme est bâtie sur plusieurs leviers. En effet, «il est question de construire autour des offres actuelles d’accompagnement, conduites par les partenaires régionaux, à travers la réalisation d’une cartographie exhaustive. Il s’agit ensuite de les mutualiser, les rationnaliser et les accélérer».A ce titre, «le rôle des CRI est central pour garantir la coordination de l’offre d’appui au profit des segments ciblés, tout en tenant compte des spécificités de chaque région et de ses particularités économiques», a noté le ministre des Finances.Pour la mise en place de l’infrastructure d’un accompagnement professionnel tout au long du parcours de l’entrepreneur et du cycle de vie de l’entreprise, il est impératif de renforcer le partenariat tant avec le secteur privé que la société civile. Des dispositifs de labélisation seront lancés incessamment à cet effet, a promis Mohamed Benchaâboun.D’autres leviers ciblésLe ministre des Finances a conseillé d’agir également sur d’autres leviers déterminants. C’est le cas de l’accès au foncier pour l’hébergement des activités professionnelles, aux marchés pour réaliser le premier chiffre d’affaires ou encore des délais de paiement pour préserver la trésorerie des TPE et de veiller à leur survie. «C’est dans ce sens que nous allons poursuivre et accélérer nos efforts dans ces différents domaines, avec des engagements encore plus ambitieux pour faire face au mieux à l’ensemble de ces défis», a ajouté Mohamed Benchaâboun.                                                                                         ■ Le serment de JouahriDe son côté, le wali de Bank Al-Maghrib a attiré l’attention de l’assistance sur des aspects décisifs dans la réussite de ce programme et tirer les leçons des expériences antérieures telles que celles des jeunes promoteurs ou encore moukawalati,… il est également impératif d’assurer l’égalité des chances sur tout le territoire national et ne pas se limiter uniquement à l’axe Tanger-Kénitra.Par ailleurs, un guide de financement a été mis en place, une sorte de questions-réponses que se posent les porteurs de projets. «Nous avons demandé aux banques d’accélérer la formation et de mettre tout leur réseau à niveau, de façon à ce qu’ils puissent répondre aux demandeurs. Nous avons établi l’ensemble des guichets bancaires, région par région, ce qui aidera à canaliser les porteurs de projets. Maintenant, nous attendons un 2e guide de tout ce qui est accompagnement, non seulement au départ mais aussi au fur et à mesure du développement du projet. Parce que la difficulté n’est pas d’accepter le projet et de lui accorder un financement, l’important aussi est de le suivre jusqu’au remboursement du crédit». Tout ce processus avec les walis et les CRI ainsi que l’appui du ministre lui-même.«Si avec tout cela, nous ne réussissons pas ce challenge, je crois qu’il ne faudrait plus que je sois banquier. Nous sommes de nature pessimiste, parce que nous travaillons sur des risques. Mais cette fois-ci, nous sommes optimistes, parce qu’ensemble, au fur et à mesure, nous améliorons les guides, la façon de réagir devant les projets pour les faire aboutir dans les meilleures conditions possibles. C’est ce que signifie une croissance inclusive». Pour Jouahri, il s’agit de donner à la jeunesse l’espoir qu’elle a perdu. «Nous ferons le serment ici, ensemble, de réussir ce challenge».                                                                                         ■ Othman Benjelloun: «Des crédits déjà traités et autorisés»Othman Benjelloun, président du GPBM, a également fait le déplacement à Rabat. Pour le président de BMCE Bank, ce programme connaît un engouement sans précédent des porteurs de projets, qui se sont présentés au niveau des différentes agences bancaires. L’objectif est d’obtenir d’abord des informations sur les produits proposés, du conseil, de l’assistance et même pour certains d’entre eux, de déposer et de compléter leurs besoins. «Je peux déjà affirmer que des dossiers de crédits ont été traités et même autorisés au niveau de certains établissements bancaires. Notre rencontre d’aujourd’hui revêt une importance particulière pour la mise en œuvre des mesures d’accompagnement régionalisées, qui seront partagées entre les différents acteurs, agissant au niveau des territoires urbains et ruraux», a-t-il dit. Pour lui, l’objectif est d’appuyer, orienter, conseiller, simplifier et faciliter les procédures administratives bancaires, comptables ainsi que toutes les autres modalités et de suivi des projets.                                                                                         ■ Mohamed El Kettani: «Démocratiser l’accès aux services bancaires»Le président de Attijariwafa bank n’est pas passé par quatre chemins: «Nous savions que les réseaux bancaires n’étaient pas préparés à accueillir cette nouvelle cible, qui vit en marge du secteur bancaire. Il faut le dire et le reconnaître. Il fallait mettre en place un ensemble de formations et de sensibilisation des réseaux pour que nous puissions accueillir notamment la dame qui vend les escargots, le petit mécanicien du coin,…», a souligné Mohamed El Kettani lors de cette rencontre.  Pour lui, il s’agit de «démocratiser l’accès aux services bancaires de base et aux financements.  Cela a été une réussite, puisque l’obstacle psychologique qui empêchait cette population de franchir les portes d’une agence bancaire est détruit», dit-il. Il a confirmé la mobilisation générale des réseaux bancaires et se dit optimiste car depuis le lancement de ce programme Intelaka, le réseau de son Groupe accueille entre 5 à 12.000 visiteurs par jour, dans toutes les régions du Royaume. Il a profité de la présence des walis et des directeurs des CRI pour attirer leur attention sur le fait que les réseaux bancaires sont la première cible de cette population qui vient s’informer sur les procédures à hauteur de 80 à 90%. Selon lui, une bonne partie des réponses est entre les mains des CRI, avant que ces jeunes n’arrivent aux guichets bancaires pour le dépôt des dossiers de financement. Autre point fondamental soulevé par Mohamed El Kettani, l’indisponibilité des petits locaux commerciaux de proximité pour que ces jeunes développent leur business. «Avec le pas-de-porte exigé, ils ne peuvent pas accéder à un local pour exploiter et exprimer leurs idées de projets». Il a saisi la présence des walis et des directeurs des CRI pour présenter la plateforme Dar Al Moukaouil. Ce réseau de centres de formation, de conseil et d’accompagnement des entrepreneurs, a-t-il expliqué, a, après le discours royal, quadruplé sa présence territoriale.«90% des personnes que nous avons reçues ont été réorientées vers ces centres des TPE, Dar Al Moukaouil parce qu’ils manquaient de consistance». Pour El Kettani, il existe une synergie potentielle dans toutes les régions respectives. Ces centres peuvent prendre en charge une partie des besoins et demandes d’accompagnement, a-t-il indiqué aux walis et aux directeurs des CRI. Dernier point abordé, la nécessité d’orienter ces jeunes vers un site digital. «A la date d’hier, nous étions à 6 millions de vues dont 4,5 millions sur YouTube. Il y a une nouvelle race d’entrepreneurs à prendre en charge», a-t-il conclu.                                                                                         ■ Tarik Sijilmassi: 1.200 agences dans le monde ruralEn matière d’accompagnement, Tarik Sijilmassi a cherché à élargir au maximum les points de contacts. Tout le secteur bancaire est concerné. Pour la partie du Crédit agricole du Maroc, elle s’effectuera à travers les guichets du groupe (y compris les agences de microcrédit ou autres). De plus, un partenariat a été conclu avec Al Barid Bank et sa filiale Barid Cash. «Nous avons ainsi une très vaste couverture territoriale, soit près de 1.200 agences des deux réseaux», a précisé Sijilmassi. Des agences mobiles vont démarrer leur tournée dans le monde rural pour toucher la population, particulièrement dans les souks hebdomadaires et les zones de convergence.L’autre point abordé par le président concerne le conseil donné pour deux activités distinctes. Pour la partie agricole, l’écrasante majorité des exploitations entrent dans la définition de la TPE, quand elles ne se classent pas dans la microentreprise. A peine 2 à 3% s’inscrivent dans les autres catégories qui sont les PME ou autres. «Nous parlons d’une population très large pour la partie agricole et le challenge sera dans l’accompagnement pour bien lui faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un refinancement de leurs anciens crédits. Ce n’est pas non plus une prolongation d’anciennes exploitations agricoles, qui vont venir demander de nouveaux crédits d’un montant de 1,2 million de DH», dit-il, en précisant que des critères très précis sont dans le guide. Sauf quand il s’agit d’une création ou d’un élément nouveau déterminant pour l’exploitation comme une modernisation, une reconversion avec le recours à de nouvelles techniques agricoles.Pour la partie non agricole en milieu rural, les choses sont claires. Il s’agit de prendre en compte le lieu où s’exerce l’activité qui doit faire l’objet d’un financement et non le domicile du responsable. Le dernier point est la nature même des projets, qui sont parfois para-agricoles, servant à l’accompagnement de l’activité agricole.                                                                                         ■ Le pragmatisme de la CGEMLe patronat a mené une réflexion pour déterminer son apport au programme Intelaka. «A partir du moment où les banques accordent des crédits, nous avons pensé déclencher un ordre d’achat d’un montant de 50.000 DH, en produits, avec 30% d’avances et le paiement cash à la livraison», a souligné Chakib Alj, le nouveau président de la CGEM. Cette «première commande» encourage les jeunes entrepreneurs à amorcer leur business. Concrètement, cette offre vise à apporter un soutien concret à tous ces entrepreneurs dans la phase post-financement. La Confédération jouera ainsi le rôle de catalyseur et d’accélérateur pour les bénéficiaires de ce programme de financement. En effet, la CGEM via une plateforme digitale, market place, regroupera les commandes proposées par les entreprises du privé, vers les jeunes TPE dans le cadre du programme.Mohamed CHAOUI 



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