La wilaya de Tanger vient de sonner le glas de l’impunité des squatteurs du quartier Al Irfane. Elle somme «les ressortissants étrangers subsahariens», ayant envahi et occupé illégalement des appartements, à les évacuer immédiatement. «Si les appartements ne sont pas libérés dans les 24 heures, les autorités seront dans l’obligation d’intervenir pour évacuer les occupants afin de remettre lesdits appartements à leurs propriétaires conformément à la législation en vigueur», avertit la wilaya dans son communiqué sur un ton ferme. Le respect de la propriété privée est garanti par la loi, rappelle cette dernière, et les autorités publiques sont dans l’obligation de la faire respecter sous la supervision du parquet compétent.
Cette décision, tant attendue, intervient après les incidents des dernières années qui ont chauffé les esprits entre clandestins et habitants de ce quartier. L’année dernière, la saison d’été avait été émaillée de tensions et d’affrontements avec comme drame final l’assassinat d’un ressortissant africain habitant au quartier. Très souvent, les affrontements éclataient alors que les habitants essayaient de déloger les squatteurs de leurs appartements, une véritable plaie selon divers voisins de ce quartier, l’un des plus jeunes de Tanger. Al Irfane est un quartier résidentiel lancé au début des années 2000 au sud-ouest de Tanger et ses appartements économiques ont attiré pas mal de Tangérois mais aussi des gens d’autres villes et même des MRE pour y trouver une première et même une deuxième résidence. Le phénomène était marginal, mais depuis quelques années, le nombre de migrants clandestins a grimpé en flèche, avec en parallèle le squat d’appartements. D’autres phénomènes ont aussi commencé à apparaître comme le tapage nocturne, la vente illégale d’alcool, la drogue et la prostitution, selon des voisins rencontrés par L’Economiste au quartier Al Irfane. Pour les migrants, ces nuisances sont bien réelles, mais elles sont le fait d’une minorité et pas de l’ensemble des Saubsahariens installés à Al Irfane. Une affirmation que bon nombre de voisins partagent aussi. «Mais depuis moins de deux ans, la situation est devenue de plus en plus intenable», martèle le voisinage qui rejette l’étiquette xénophobe qui commence à coller au quartier.
Pour certains, cet afflux est dû à la campagne de régularisation entamée par le Maroc, une entreprise saluée par tous, mais qui a engendré un effet d’appel. Depuis, le nombre de migrants a explosé, ou du moins ils sont devenus plus visibles, nuance Said. Du côté des migrants, c’est un séjour digne qu’ils cherchent, même si la plupart vit parquée comme des animaux à vingt dans des appartements de moins de 60 m2. Pour un grand nombre d’entre eux, c’est nettement mieux, car avant, c’était dans les forêts voisines de Sebta et de Melilia qu’ils trouvaient refuge en attendant une hypothétique traversée. Car, pour la majorité d’entre eux, le terminus c’est bien l’Europe, le Maroc n’étant qu’une étape.
De notre correspondant,
Ali ABJIOU
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