L’expérience des villes nouvelles mérite de s’arrêter un moment, le temps de faire une réflexion et des évaluations de ce chantier pour voir s’il évolue effectivement dans le sens des objectifs escomptés. A travers ce chantier, rappelons-le, les pouvoirs publics avaient l’intention de soulager les grandes agglomérations de la pression urbaine tout en répondant aux besoins en logement, particulièrement au profit des familles à revenus modestes. Sauf que cela devait se faire dans un cadre urbain harmonieux assurant des conditions de vie appropriées par la mise en place des services socio-économiques nécessaires. Une approche qui fait défaut lors du lancement du projet de Tamesna dans une période coïncidant avec l’apogée de la bulle immobilière au Maroc. «On a commencé par reloger les familles dans la nouvelle ville avant même de préparer les équipements socio-économiques nécessaires à commencer par la sécurité, l’école, la santé et le transport», regrette un opérateur immobilier. Cela a été à l’origine du déclenchement d’une série de manifestations de contestation des habitants en place réclamant des écoles pour la scolarisation de leurs enfants aussi bien en primaire que dans le secondaire. Le manque d’autres équipements (santé, police, culture…) ainsi que celui du transport a été également soulevé. Devant ce déficit dans les équipements publics, l’on constate en revanche le lancement de construction de quartiers de logements et villas par les différents promoteurs immobiliers nationaux et étrangers. «Pour réussir le projet des villes nouvelles, il faut éviter qu’elles soient transformées simplement en cités dortoirs et de recasement», signale Miloud Belkadi, vice-président du tissu associatif Tamesna. Ce dernier évoque un problème juridique de taille qui se pose au niveau de l’ensemble des villes nouvelles. Ces cités n’ont pas encore le statut de ville. Pour le cas de Tamesna, par exemple, elle relève de la commune Sidi Yahia qui était une commune rurale auparavant. En principe, c’est cette dernière qui devrait assurer les services publics de Tamesna comme le transport, déchets, éclairage public, assainissement…Ce qui n’est pas le cas, car ces services sont assurés pour le moment par le groupe Al Omrane. Par ailleurs, un projet de loi portant sur le statut des villes nouvelles a été élaboré mais il n’a jamais été adopté. La situation actuelle suscite des interrogations sur l’avenir de Tamesna et même un paradoxe.
Outre ce problème juridique qui concerne l’ensemble des villes nouvelles, la phase de démarrage de la ville Tamesna a été entachée par des problèmes causés liés à certains promoteurs. Pour certains programmes, la qualité des produits a été contestée. D’autres promoteurs ont failli à leurs engagements pour livrer les logements à leurs clients après paiement. Il s’agit particulièrement de deux promoteurs : Général Contractor et Hidaya, un groupe malaisien. Rappelons que des protocoles d’accord ont été signés avec eux dans le cadre du partenariat public/privé avec Al Omrane Tamesna. Sur 4.760 logements prévus, Contractor a pu réaliser et livrer 728 logements, rappelle le ministère de l’Habitat. «Compte tenu du non-respect des engagements par le promoteur, Al Omrane a procédé à la récupération des terrains y afférant et ce, conformément au protocole d’accord signé le 29 décembre 2009», est-il précisé. Face à la défaillance de ce promoteur, «une procédure judiciaire a été initiée et a abouti à un jugement le 4 mars 2015, permettant la récupération du foncier et la résiliation de la convention», selon le département de tutelle. A partir de là, le Groupe Al Omrane pourra donc, une fois les formalités accomplies, reprendre les travaux et satisfaire les attentes des acquéreurs. En revanche, le promoteur malaisien n’a pas pu rembourser le crédit contracté auprès du CIH pour la réalisation de la première tranche de son projet «Al Hidaya» portant en total sur la réalisation de 4.980 logements. «Ainsi, 382 logements sont hypothéqués auprès de la banque en garantie d’un prêt de 60 millions de dirhams, ce qui entrave leur livraison», est-il indiqué. Des démarches sont engagées par le ministère de l’Habitat et Al Omrane «pour permettre aux familles de récupérer leurs logements après le paiement total du prix».
Mesures de relance
POUR les défaillances relevées dans les autres tranches du projet, «Al Omrane a été contraint de recourir à une instance arbitrale internationale le 25 avril 2013 dont la sentence sera prononcée dans les semaines à venir». Or, l’on pouvait éviter la défaillance de ces opérateurs si on avait renforcé les mesures de garanties dans les accords de conventions signés avec eux ainsi que les contrôles, tient à préciser un expert dans l’immobilier.
Noureddine EL AISSI
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