mardi 26 mai 2015

- L’Economiste: Le Conseil supérieur a insisté sur la révision de la procédure de nomination des présidents d’université. Qu’est-ce qui ne va pas dans cette procédure selon vous?
- Mohamed Kerkab: Tout d’abord, l’arrêté ministériel régissant la procédure ne précise pas le profil scientifique ou professionnel du candidat. Il peut s’agir de n’importe qui! Deuxièmement, la commission de sélection est composée de cinq personnes seulement, ce qui favorise les alliances entre les membres. Le profil de tous les membres n’est d’ailleurs pas défini non plus. La loi prévoit deux enseignants, l’un relevant de l’université concernée et un deuxième qui lui est externe. Celui de l’université est choisi par la tutelle parmi trois proposés par le conseil d’université. Mais c’est toujours le président sortant qui est dernière cette sélection d’enseignants. Il peut donc proposer ses hommes de confiance si jamais il veut être réélu. Le deuxième, lui, est désigné par le ministère. Les trois autres membres ne sont pas issus du milieu universitaire et leurs qualifications ne sont pas clarifiées. Souvent, ce sont des profils qui ne connaissent rien à la gestion d’établissements universitaires, ni au monde académique. Dans les universités européennes ce sont plus de 60 personnes qui participent à l’élection du président. La procédure doit être revue de fond en comble. Elle doit impliquer des dizaines de membres pour éliminer les alliances, de préférence des professeurs de l’enseignement supérieur familiarisés avec la gestion universitaire et capables d’évaluer le projet d’établissement du candidat.- Le CSE a demandé au ministère de revoir le projet de réforme de la loi 01-00. Quels sont pour vous les points à améliorer?
- Je pense qu’il faudrait réécrire toute la loi. Des dizaines d’articles, par exemple, font des dissertations sur l’identité de l’université, le but de l’enseignement supérieur,… or ce sont des banalités. Pour commencer, la composition du conseil d’université doit être modifiée. Il faut qu’il intègre une majorité de professeurs de l’enseignement supérieur. Concernant les membres externes, le ministre vient d’en éliminer quelques-uns, comme les présidents des chambres de commerce et d’agriculture. Mais il y en a d’autres qui y siègent toujours et qui n’y sont d’aucun apport. En général, les membres externes ne sont jamais présents de toutes les façons.- Ne garder que des universitaires, est-ce que cela ne risque pas d’isoler l’université de son environnement?
- En tout cas, il faudrait bien les choisir. Souvent, il s’agit d’entrepreneurs sans qualifications et toujours absents. Je propose que l’université soit gérée par les enseignants eux-mêmes, et les plus qualifiés. En Allemagne et en Suisse, par exemple, les entrepreneurs invités, et qui restent minoritaires, sont des dirigeants de multinationales qui comptent à leur actif des publications dans des revues spécialisées.Autre point à relever, celui de la transparence et la démocratie au sein de l’université. La loi donne tous les pouvoirs aux présidents et aux doyens au détriment de la participation des enseignants à la gestion. Même si le conseil d’université est censé décider, dans la pratique, ça ne se passe pas comme ça.
Propos recueillis par
Ahlam NAZIH
 



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