jeudi 28 mai 2015

- L’Economiste: Vous avez élaboré un projet de loi sur les avoirs extérieurs des MRE. Où en êtes-vous dans ce chantier?
- Anis Birrou: Il y avait une certaine crainte chez les MRE lors du lancement de la contribution libératoire, à laquelle nous avons répondu par la loi relative aux avoirs extérieurs des MRE ayant choisi de s’installer au Maroc. Elle a été votée au Parlement dernièrement. Auparavant, cette question était régie par un texte datant de 1958, très contraignant et complètement dépassé. La nouvelle loi permet aux MRE d’effectuer des transferts d’argent, de garder des comptes en devises à l’étranger, ou d’avoir des comptes en devises convertibles au Maroc. Ils n’auront plus besoin de l’autorisation de l’Office des changes pour effectuer ces transactions. C’est une loi qui répond réellement aux attentes des MRE. Pour le moment, des verrous ont sauté, et nous ressentirons l’effet dans les prochaines années.- Quel bilan faites-vous du programme de régularisation des migrants clandestins au Maroc?
- La commission nationale de recours n’a pas encore terminé son travail. Mais sur 28.000 dossiers, près de 18.000 ont été acceptés. Ces personnes ont déjà reçu leurs cartes de séjour. Néanmoins, il faut rappeler que cette commission a pris deux décisions importantes. Il s’agit de régulariser toutes les femmes et les enfants, même s’ils ne répondent pas aux critères. Cela a été accompagné d’une autre décision qui permet à tous ces migrants en situation difficile de bénéficier du Ramed. La politique migratoire c’est d’abord une vision. Nous avons défini dans les détails 81 projets pour la mettre en œuvre. Cela porte sur l’éducation, la culture, la jeunesse et sport. A cela s’ajoutent l’assistance juridique, la santé, logement, l’emploi… Cela a été accompagné par la mise en place d’un dispositif juridique, avec trois projets de loi, dont celui sur la traite des êtres humains, qui a été adopté récemment en conseil de gouvernement, et celui sur la migration, qui nécessite encore quelques réglages.- Mais des ONG critiquent un manque de coordination gouvernementale, dans la mesure où le projet de Code pénal prévoit aussi un chapitre sur la traite des humains..
- Ce texte a été élaboré en coordination avec le ministère de la Justice et le Secrétariat général du gouvernement. Il faut également préciser que ce projet, qui renforce les sanctions, sera intégré au Code pénal. A cela s’ajoutent d’autres volets qui ont été pris en considération comme l’accompagnement et l’intégration des victimes.- Qu’en est-il de la prise en charge humanitaire de ces personnes en détresse?
- C’est également un volet prévu par la politique migratoire. C’est une décision qui a été prise suite aux concertations avec les différentes parties prenantes. Surtout lorsque nous voyons la vulnérabilité et la misère dans laquelle vivent les migrants, qui se manifeste notamment par la mendicité dans les rues. C’est pour cela que nous avons mis en place un programme spécifique de soutien humanitaire. Grâce à cette initiative, nous avons signé une cinquantaine de conventions avec les associations en plus d’un accord-cadre avec le Croissant rouge, pour fournir de la nourriture et des habits surtout en hiver.- Pourtant, Amnesty international reproche au Maroc les mauvais traitements infligés aux migrants, surtout ceux qui tentent un passage illégal ou qui ont été renvoyés d’Europe…
- Le Maroc a lancé cette politique migratoire clairvoyante pour assurer la dignité des migrants. Quant aux allégations de mauvais traitement des migrants, il se peut qu’il y ait quelques actes isolés de certaines personnes. Mais il faut dire que les forces de l’ordre font aussi preuve d’une grande retenue. Et tout l’effort qui est fait par le Maroc vise à donner une chance de vie à ces migrants. Parce qu’en l’absence de cette politique, ils auraient risqué leur vie pour partir en Europe.- L’action du gouvernement semble surtout focalisée sur les MRE d’Europe. Qu’en est-il des immigrés dans le Golfe, qui souffrent d’une série de problèmes?
- Lors de mes déplacements pour rencontrer les Marocains du monde, j’ai aussi rencontré les différentes catégories de nos concitoyens dans les pays du Golfe, dont des cadres de haut niveau, et qui veulent aussi contribuer à la dynamique que connaît leur pays d’origine. Ces rencontres ont favorisé leur rassemblement au sein d’une structure pour coordonner leurs initiatives. Pour ce qui est de la question d’image des femmes marocaines résidant dans ces pays, nous avons déjà pris des mesures qui vont être complétées bientôt par d’autres actions. C’est le cas notamment d’un programme qui met en avant les réussites des femmes marocaines du Golfe. Le projet est assez avancé, et sera bientôt dévoilé. L’objectif est de montrer la vraie image de la femme marocaine et corriger la perception actuelle.
Propos recueillis par
Mohamed Ali MRABI
 



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