jeudi 28 mai 2015

Contrairement aux idées reçues, les investisseurs étrangers ne fuient pas la France. Plus de 600 décisions d’investissements étrangers ont été prises en faveur du site France en 2014 (+18% par rapport à 2013). Avec ce nombre de projets, Paris dépasse le rythme européen et même ses niveaux d’avant crise, selon le Baromètre de l’attractivité de la France 2015 réalisé par le cabinet d’audit et de conseil  EY (anciennement Ernst & Young). Plusieurs facteurs expliquent cette tendance dont le resserrement progressif de la parité euro-dollar en 2014 qui a augmenté la valeur des exportations et incité à produire davantage dans la zone euro. L’autre fait encourageant: la légère reprise de la croissance (à 0,6% contre 0,4% attendu, selon Eurostat). Dans le même temps, les coûts de production des entreprises sont en partie diminués par la baisse des coûts de l’énergie. La politique du gouvernement a donné aussi ses fruits. Le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) a été pour la première fois acquitté par le Trésor Public en 2014 et entraîne une baisse des coûts de 6% par an pour les entreprises.
Des opportunités d’investissements ont été offertes dans plusieurs secteurs. L’industrie du numérique et les services aux entreprises (SSII, relation client, ingénierie) ont concentré près de 140 projets d’implantation, soit près du quart du total et affichent une hausse de plus de 32% sur un an. L’équipement, l’agroalimentaire, la chimie ou l’automobile ont participé également à la hausse des investissements. Pour plusieurs décideurs, l’énergie (avec des géants d’envergure mondiale: EDF, GDF-SUEZ, Areva, Total…), le numérique et la santé sont considérés comme les trois secteurs phares de l’attractivité de la France pour 2015 et 2016.
L’analyse d’EY relève un paradoxe. Cette reprise des investissements étrangers ne permet pas de créer de l’emploi (-11% par rapport à 2013). Il s’agit donc d’un succès en trompe-l’œil! En moyenne, une implantation internationale en France «produit» 21 emplois contre 27 l’année précédente. Si la France reste au 3e rang européen en nombre d’implantations, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, les emplois créés chez le concurrent britannique sont 2,5 fois plus nombreux.
Pour les auteurs de l’étude, la France est enfermée «dans un carcan fiscal, une rigidité durable de son marché du travail et l’instabilité chronique de sa réglementation…». Ce sont de lourds «pavés» qui pèsent sur la confiance des investisseurs auxquels s’ajoute la fiscalité pesant sur les entreprises. Le baromètre 2015 met également en exergue la faible attractivité de la France pour les sièges sociaux, les centres de R&D et les entreprises provenant des marchés émergents…  
Pour l’équipe du cabinet d’audit et de conseil  EY, le redémarrage de l’investissement étranger en Europe se révèle plus rapide que la croissance elle-même. Près de 4.341 projets ont contribué à la création de plus de 185.500 emplois, soit une hausse de 12% avec 19.300 emplois supplémentaires par rapport à 2013. Avec une présence toujours plus forte des entreprises chinoises. Globalement, la hausse des implantations est tirée par les secteurs de l’automobile, des équipements industriels et une forte performance de l’agroalimentaire dans toute l’Europe. Le podium des pays d’accueil des IDE reste le même: le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France.

L’écosystème méditerranéen

Le Baromètre de l’attractivité 2015, consacre tout un chapitre aux partenaires méditerranéens. Le constat n’est pas luisant: les experts regrettent que la France «ne capitalise pas davantage sur les liens historiques et privilégiés qu’elle entretient avec les pays du bassin méditerranéen». C’est le défi que compte relever les hommes d’affaires et politiques lors de la rencontre France-Maroc programmée ce jeudi 28 mai à Matignon avec à la clé une vingtaine de conventions (voir page 13). Le potentiel économique du bassin méditerranéen a été d’ailleurs relevé par la récente publication du Baro Med.  Ainsi, 15% du PIB mondial est concentré dans 27 pays qui ont accueilli (entre 2009 et 2013) plus de 17.000 projets d’investissements internationaux.
La France se situe au cœur de cet espace de croissance qui doit certes relever les défis politiques et sociaux, mais se révèle dans son ensemble plus attractif que l’Europe (pour 51% des décideurs interrogés), l’Afrique (60%) ou l’Asie (52%). De surcroît, Paris propose aux entreprises développant une logique EMEA  (Europe, Moyen-Orient, Afrique) une zone d’influence que sa position logistique et ses liens économiques historiques doivent faciliter.

Fatim-Zahra TOHRY
 



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