jeudi 25 juin 2015

«Tout n’est pas à vendre». Ainsi  a répondu le PDG du groupe Bouygues, Martin Bouygues à l’irritante OPA qu’a voulu lancer Altice, maison mère de Numericable-SFR sur sa filiale télécoms. L’offre surprise pour racheter l’opérateur en difficulté à 10 milliards d’euros n’aura finalement servi qu’à secouer le marché pendant quelques heures. Le Conseil d’administration de Bouygues qui a tranché mardi 23 juin, lors d’une réunion extraordinaire, partage les mêmes préoccupations que les pouvoirs publics. Il a justifié sa décision par les conséquences sociales éventuelles sur l’emploi et la concurrence.
Les mêmes inquiétudes qu’a exprimées le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron qui s’est opposé à la proposition déclarant que «la consolidation n’est pas souhaitable pour le secteur des télécommunications» avant qu’il ne mette de  l’eau dans son vin en déclarant «ne pas avoir de religion» sur la nécessité d’avoir 3 ou 4 opérateurs de télécoms en France, après une entrevue avec Patrick Drahi, patron de Altice. Le surendettement de ce dernier a également pesé sur la décision du Conseil d’administration. «Je ne vois pas comment Drahi pourrait monter un financement sérieux et en même temps pouvoir assumer tous les remèdes qui seraient imposés par l’Autorité de la concurrence», a noté Martin Bouygues.
Macron et Bouygues n’ont pas été les seuls à partager cette analyse. Les syndicats des deux opérateurs n’ont également pas tardé à réagir, s’inquiétant des conséquences sur l’emploi, en soulignant qu’«il y a du doublon à la pelle» dans les effectifs des deux groupes. Ce qui fait que dans le cas d’un rachat, le plus naturel, c’est que Drahi procède à l’élimination de ces doublons. Il avait fait de même lorsqu’il a racheté Noos (ancien câblo-opérateur français), Hot (opérateur télécom israélien) ou encore SFR. Les associations de consommateurs ont également exprimé leurs inquiétudes. «Le passage de quatre à trois opérateurs entraîne toujours une hausse des prix, on a pu l’observer ailleurs en Europe, comme en Autriche dernièrement», estime Cédric Musso, directeur de l’action politique à UFC-Que Choisir. Rappelant que l’association s’était «battue pour qu’il y ait une quatrième licence», le responsable d’UFC-Que Choisir a estimé que «ce sont 13 milliards d’euros de pouvoir d’achat» qui ont été gagnés par les clients depuis l’entrée de Free sur le marché, et les baisses de tarifs consécutives.
Les valeurs des opérateurs télécoms qui ont été dopées ces deux derniers jours par l’effet de l’annonce se sont retrouvées malmenées mercredi. L’action Bouygues, maison mère de Bouygues Telecom, perdait 7,93% à 35,01 euros, Numericable-SFR reculait de 10,58% à 48,70 euros, Orange de 3,41% à 14,44 euros et Iliad, maison mère de Free, de 5,74% à 215,10 euros.
M. L.
 



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