samedi 27 juin 2015

Le ratio de liquidité à court terme (LCR) sera à partir du 1er juillet l’indicateur de référence pour juger de la capacité des banques à survivre à une crise de liquidité pendant au moins 30 jours. Le secteur s’y prépare depuis plus d’un an, mais la règle devient obligatoire dans cinq jours. Les banques doivent respecter un LCR minimum de 60% pour la première année. Le ratio sera augmenté de 10 points chaque année pour atteindre 100% en 2019. Contrairement aux grandes banques internationales qui devraient être pénalisées par les changements réglementaires, les établissements marocains seront moins touchés en raison de la faible dépendance des ressources des marchés. En outre, les modifications ne devraient pas perturber l’activité de transformation des banques, assure Ismail Douiri, directeur général d’Attijariwafa bank.- L’Economiste: Quelles sont les principales difficultés liées au changement du calcul du ratio de liquidité à court terme pour les banques?
- Ismail Douiri: Les principales évolutions apportées par le LCR (Liquidity Coverage Ratio) sont de deux natures. Il permet une appréciation plus fine de la qualité des actifs liquides détenus par les banques et un traitement différencié de la stabilité des dépôts en fonction de leur nature (particuliers ou entreprises, relations établies, stables, non stables). A l’international, le nouveau ratio a pénalisé les banques ayant un recours massif aux refinancements auprès des marchés (certificats de dépôts et autres titres émis), ces refinancements étant considérés moins stables que les dépôts de la clientèle. Il a par contre favorisé les grandes banques de réseau disposant d’une base de clientèle particuliers large et de relations bien établies avec la clientèle. Au Maroc, les dépôts de la clientèle représentent la principale source de financement des banques (75% des ressources) et le recours aux marchés financiers pour se refinancer est moins important qu’à l’international. Les banques marocaines, à dominante banque de détail, ont donc bénéficié de la mise en place du nouveau ratio car leurs dépôts sont considérés comme stables dans le temps et peu volatils.- La fréquence de calcul du ratio n’est-elle pas une contrainte?
- La fréquence de déclaration du LCR est mensuelle à partir de juillet 2015 (trimestrielle entre mars 2014, date de la première déclaration du LCR à Bank Al Maghrib, et juillet 2015) au même titre que pour le précédent ratio de liquidité. L’entrée en vigueur du LCR n’a, par ailleurs, aucun impact significatif sur le coût des ressources des banques marocaines de réseau.- Dans quelle mesure les nouvelles normes vont-elles impacter la distribution de crédit?
- La distribution de crédit au Maroc est peu impactée par les problématiques de liquidité, le ralentissement de la croissance observé ces trois dernières années étant principalement lié à des problématiques de demande de la part des clients particuliers et entreprises dans un contexte économique national et international mitigé. En effet, la liquidité du secteur bancaire a toujours été satisfaisante et adéquate et Bank Al-Maghrib a systématiquement supporté cette liquidité en injectant les montants nécessaires quand les conditions macro-économiques n’étaient pas favorables. Ceci dit, une mesure plus fine de la liquidité des banques de réseau et la prise en compte de la stabilité de leurs dépôts (notamment dépôts de la clientèle particuliers) sont un facteur positif pour la distribution de crédit toutes choses étant égales par ailleurs.
Propos recueillis par
Franck FAGNON
 



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