lundi 29 juin 2015

Le Maroc et l’Afrique du Sud figurent parmi les deux économies les plus attractives du continent. Pour Patrick Raleigh, directeur associé de la notation souveraine chez Standard & Poor’s, le Royaume, plus à l’aise avec sa dette et sa politique industrielle, gagne des galons face à une Afrique du Sud en quasi stagnation..- L’Economiste: Quels sont les leviers qui vous ont poussé à relever la notation souveraine de l’Afrique du Sud?
- Patrick Raleigh: Les notes souveraines à long terme en devises du Maroc et de l’Afrique du Sud sont égales, à «BBB-». Mais la note à long terme en monnaie locale de l’Afrique du Sud (« BBB+») est deux crans en dessus de celle du Maroc («BBB-») parce que nous estimons que celui-là a significativement plus de capacité pour se financer en sa monnaie (le rand). Ça c’est dû au fait que le rand est une monnaie flottante qui a un poids significatif dans les transactions financières globales, et le fait que l’Afrique du Sud a des marchés financiers beaucoup plus profonds et liquides que le Maroc. - La situation de la dette grecque peut-elle impacter les deux économies?
- Cela dépend du dénouement éventuel de la crise grecque, bien sûr. Mais dans un scenario où la Grèce fait défaut et sort de la zone euro (ce qui n’est pas notre scénario de base), il peut y avoir un impact négatif sur le reste de la région occidentale en termes de confiance et de croissance économique au moins dans le court terme. Ça aurait des effets négatifs à son tour sur le Maroc plus que l’Afrique du Sud, parce que le Maroc dépend plus de la zone euro pour l’investissement, le commerce, les arrivées de touristes, et les transferts des Marocains résidents à l’étranger.- Le coût du risque est en forte hausse en Afrique subsaharienne où les banques marocaines et sud-africaines sont très présentes. Quelle est votre lecture de cette situation?
- C’est vrai que les taux sur les émissions récentes par les Etats africains ont commencé à monter en comparaison avec les taux historiquement bas dont ils ont profité pendant les trois dernières années. Mais, à notre avis, ça reflète plutôt les espérances du marché international sur la normalisation de la politique monétaire aux Etats-Unis (la fin de l’assouplissement quantitatif et une hausse prévue des taux directeurs), qui rend les émissions des marchés émergents moins attractives qu’avant. Nous ne croyons pas, donc, que cela reflète en soi une montée des risques souverains en Afrique subsaharienne. Les banques marocaines et sud-africaines gèrent bien leurs risques en Afrique, qui reste une proposition rentable. C’est vrai que pour l’instant Bank Al-Maghrib commence à s’inquiéter de la vitesse de l’expansion des banques marocaines en Afrique.- Le potentiel de croissance est bien meilleur au Maroc qu’en Afrique du Sud. Que doit-il faire pour accroître les investissements directs étrangers?
- Ce n’est pas le rôle d’une agence de notation de donner des recommandations aux entités notées. Le Maroc a fait beaucoup de progrès en termes d’investissements directs étrangers, surtout dans les «métiers mondiaux» comme les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. Mais nous sommes conscients des forces et faiblesses de l’environnement des affaires marocain. Parmi les faiblesses on peut compter les difficultés du système judiciaire et les niveaux d’éducation bas de la main-d’œuvre féminine. On attend de voir si les réformes relatives aux secteurs de la justice et de l’enseignement  en cours auront un impact positif dans le moyen terme.
Propos recueillis par Aida LO
 



from MarocPress.com http://ift.tt/1CEAku3

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire