lundi 29 juin 2015

Casablanca est en train de tester un nouveau modèle de gouvernance. Une approche qui se décline via un mode participatif pour résoudre les problèmes que la métropole a cumulés durant des décennies. Le discours royal d’octobre 2013 a servi de catalyseur pour un travail de réflexion et de préparation mené par un think tank, mis en place par le patron de l’autorité locale, Khalid Safir. Derrière cette idée, une volonté de générer des idées nouvelles et d’associer les différents acteurs en tant que force de proposition.
Pendant plus de 6 mois, ce think tank a réfléchi sur la question suivante: «Comment enclencher et ancrer la transformation de la métropole de manière pérenne?»
Parmi les pistes déclinées, celle qui consiste à mobiliser et fédérer les parties prenantes concernées par la gouvernance territoriale. Composé de 9 groupes thématiques, le think tank a réuni des membres de tous bords: acteurs économiques, intellectuels, ONG, universitaires, médias… Ils ont planché sur les principaux défis à relever pour Casablanca: habitat et urbanisme, sécurité, mobilité, éducation, infrastructure, développement durable et économique, environnement des affaires et inclusion socio-économique. En tout, 600 participants ont pris part à plus de 150 réunions, avec la contribution des élus, partis politiques et syndicats. Les expériences internationales ont été passées en revue pour inspirer le modèle de transformation de la métropole avec la contribution de cabinets internationaux comme Mc Kinsey, Roland Berger, Valyans…
«Ce travail très structuré s’est basé aussi sur un benchmark avec des villes internationales comme Barcelone, Istanbul, Lyon, Tokyo, Singapour …», a souligné Khalid Safir, lors de l’une de ses sorties. Une métropole comme Istanbul , à titre d’exemple, est retenue comme benchmark pour sa connectivité internationale et sa mobilité nationale, Lyon pour son marketing territorial (city branding), Barcelone pour sa gouvernance concertée ou encore New York pour sa gestion moderne et innovante des projets et services.  Au fil des réunions et des workshops, les 9 groupes thématiques ont arrêté une liste de grands projets structurants, tout en faisant le point sur les financements disponibles ou programmés et les fonds à mobiliser. De même, le think tank a examiné les possibilités de réalisation dans un cadre de partenariat public-privé (PPP). L’objectif est de proposer une répartition des financements à mobiliser entre les partenaires concernés, d’arrêter les échéanciers de réalisation et établir des projets de conventions. Mission accomplie. Au terme de plusieurs mois de travail, les 9 groupes ont livré leur copie en avril 2014. Pour parer au plus urgent, un portefeuille global de projets a été identifié. En tout, 206 projets nécessitant une enveloppe budgétaire de 130 milliards de DH ont été recensés (sachant que 25% de cette somme sont déjà engagés). Bien évidemment, il s’agit d’un montant énorme pour une ville dont les recettes annuelles ne dépassent pas les 3 milliards de DH (dont le plus gros est absorbé par la masse salariale et les dépenses de fonctionnement).
Mais il fallait bien commencer avec la concrétisation d’une bonne partie des projets identifiés. Et pour entamer ce gigantesque chantier, l’Etat a mis la main à la poche. Une enveloppe de 33,6 milliards de DH est ainsi débloquée pour la réalisation du «plan de développement 2015-2020», dont les 10 conventions ont été signées devant le Souverain le 26 septembre 2014. Ce plan intégré, qui est implémenté dès cette année, se veut un «grand pas pour la transformation de Casablanca», selon les termes de Safir.
Aujourd’hui, après la phase de réflexion, il faut passer à l’action. Une bonne partie des projets structurants du plan de développement quinquennal est confiée à des sociétés de développement local (SDL). Un modèle qui fait ses preuves sous d’autres cieux. «Il ne s’agit pas de confier les prérogatives des élus à ces structures, qui sont des outils d’exécution des décisions mis au service de la ville et prévus par la charte communale », tient à préciser Safir. Une ville comme Istanbul est gérée par une trentaine de SDL, poursuit le wali. Il en est de même pour New York qui tourne avec un conseil communal qui ne dépasse pas les 50 élus (147 à Casablanca!).
Plusieurs SDL assurent aujourd’hui le suivi des chantiers en cours. La mobilité/voiries, un volet qui accapare le plus gros du budget (près de 27 milliards de DH), est gérée par Casa Transports. Le suivi des grands projets structurants est confié à Casa Aménagement et le stationnement est  géré par Casa Développement.
Trois nouvelles SDL prendront d’autres secteurs: Casa Prestation  (suivi de la gestion déléguée, abattoirs, marché de gros…), Casa Events et Animation (volets sportif et- culturel et promotion de la ville), Casa Patrimoine (réhabilitation du patrimoine). Outre les SDL, l’Observatoire des études stratégiques du Grand Casablanca, une nouvelle entité lancée en janvier dernier, sera aussi chargé du pilotage des chantiers. L’instance, formée d’acteurs du public et du privé, d’associations professionnelles et de la société civile, assurera la concrétisation de nombreuses idées et propositions émises par les différents groupes de travail dans le cadre du think tank élargi du Grand Casablanca.

Comment se déclinent les 130 milliards de DH

Sur le budget global, plus de 25,5 milliards sont déjà engagés pour des projets phares dont le Grand théâtre, le parc Sindibad, le pont à haubans de Sidi Maârouf, le projet de dépollution du littoral ou encore le super collecteur.
Le plan de développement 2015-2020 est doté d’une enveloppe de 33,6 milliards de DH. Plus de 28 milliards de DH seront engagés pour les infrastructures de distribution d’eau/électricité/assainissement dans le cadre de la convention d’harmonisation des territoires liant l’ONEE à Lydec. Le reste des projets, d’une valeur de 42,9 milliards de DH, est en quête de financement dans le cadre de PPP. Sans compter les 2,8 milliards de DH  débloqués dans le cadre du plan d’actions prioritaires en cours d’exécution.

Aziza EL AFFAS



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