jeudi 25 juin 2015

Emprunter pour payer les salaires et les charges sociales. C’est la situation de bon nombre d’entreprises de la région de Fès-Boulemane, comme l’a confié un haut responsable d’une banque de la place à Driss Belkhayat, président de la CGEM Centre Nord. Pour ce dernier,  la part de l’informel dans l’économie régionale est inquiétante et les conséquences de la concurrence déloyale sont néfastes. En effet, l’ampleur prise par l’informel est très importante et elle est à l’origine des difficultés rencontrées par plusieurs entreprises, principalement celles qui exportent.
«A Fès, des ateliers de confection, implantés un peu partout, proposent un prix qui devient le prix de référence pour les clients étrangers», déplore Belkhayat. Ceci, alors que les entreprises formelles et structurées qui ont naturellement des charges supplémentaires (masse salariale, impôts, CNSS…) ont des prix de revient plus élevés. Pis encore, le coût de la main d’œuvre au Maroc est relativement élevé par rapport à d’autres pays du bassin méditerranéen, ou encore la Roumanie et la Bulgarie, où les frais de cheminement des produits finis sont nettement inférieurs.
Face à cette situation, les opérateurs économiques réclament le renforcement de l’attractivité de la région et sa compétitivité. Un renforcement qui passera nécessairement par la lutte contre la concurrence déloyale et l’informel. «L’amélioration de l’environnement des affaires suppose également la relance de nombre de projets», estime le président de la CGEM, union Centre Nord. Ce dernier fait référence aux projets de la P2I, le port sec et la Zone Franche, prévus et décrétés par l’ancien gouvernement, mais annulés par l’équipe Benkirane. Ces projets devraient favoriser l’émergence d’une dynamique socioéconomique en adéquation avec les objectifs escomptés à l’échéance 2016. «Nous avons attendu suffisamment de temps et il est temps pour que la région passe à une vitesse supérieure notamment en perspective de la régionalisation avancée et de la concurrence entre les régions qui va devenir encore plus rude», exprime Belkhayat. Lors du lancement de l’enquête régionale sur les structures économiques initiée par le HCP, mardi dernier, ce textilien a rapporté que les opérateurs réclament vivement une zone franche. En fait, leurs coûts des facteurs restent relativement plus élevés par rapport à des entreprises à Tanger ou à Casablanca près des ports. Ainsi, l’aménagement de cette zone devrait relancer la région. Il en est de même pour la réactivation du projet du Parc industriel intégré (P2I) Ras El Ma. Chantier phare de la région, la réalisation de ce parc pourrait sauver les jeunes du chômage. D’autant plus qu’un tel projet renforcerait l’attractivité économique de la ville. Ainsi, il est attendu l’aménagement d’un parc industriel sur une superficie de 58 ha.
Outre le P2I, la mise en œuvre du chantier de l’autoroute Fès-Tanger Med serait d’un grand apport pour les exportateurs. Pour ce dernier volet, les opérateurs économiques tablent sur cette liaison pour rendre leurs entreprises plus compétitives. En ce sens, un budget a été alloué à l’étude de ce projet dans la loi des Finances 2014, mais rien n’y fait. Il en est de même, enfin, pour le projet de l’installation d’une ligne ferroviaire pour le transport de marchandises entre Fès et Tanger Med.

Argumentaire

A la CGEM, on croit dur comme fer que la réalisation du Parc industriel intégré (P2I), un projet qui piétine depuis plus de 4 ans, devrait renforcer l’attractivité économique de la ville. Il répondra aux activités industrielles demandeuses de grandes superficies en termes d’installations. Cette zone pourrait bénéficier également à l’industrie du textile dont les entreprises sont positionnées à l’export. Pour les opérateurs, la relance de Fès nécessite une intervention étatique. «Ce qu’il faut, ce sont des mesures gouvernementales incitatives propres à la région. Ces mesures seront le vecteur fondamental pour la relance socioéconomique regroupant tous les acteurs publics et privés dans le cadre d’un programme prédéfini assurant une visibilité et une prévisibilité économique, financière et fiscale», insistent-ils.

De notre correspondant,
Youness SAAD ALAMI
 



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