lundi 29 juin 2015

- L’Economiste: Quels sont les risques auxquels est exposé le système bancaire marocain?
- Masood Ahmed: Le secteur financier marocain, qui est devenu plus grand et plus complexe au cours de la dernière décennie, est solide. Les banques marocaines sont bien capitalisées et rentables et leur financement est stable. Les créances en souffrance ont augmenté avec le ralentissement économique, mais restent suffisamment provisionnées, même si l’impact du ralentissement de certains secteurs, tels que la construction et la promotion immobilière, doit être suivi de près. Les autorités ont relevé le ratio minimum de fonds propres à 12% et ont introduit une nouvelle loi bancaire qui met davantage l’accent sur les risques des groupes bancaires et sur la stabilité du système financier. Les banques ont étendu leurs opérations à l’international, bénéficiant de leur résilience pendant la crise financière mondiale et de la position privilégiée du Maroc au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du monde arabe.
Cette expansion vers l’Afrique subsaharienne offre des opportunités mais pose également des défis de supervision et ouvre de nouveaux canaux de la transmission de risques potentiels entre les pays concernés. Les autorités marocaines sont conscientes de ces défis. Elles déploient des efforts continus pour renforcer la qualité de la supervision bancaire, qui est déjà de haut niveau, ainsi que pour améliorer les mécanismes de résolution des crises et renforcer la coopération avec les autorités des pays hôtes.- Le dirham vous semble toujours surévalué après la récente révision du panier de sa cotation?
- Les récents progrès réalisés par le Maroc en matière d’assainissement des finances publiques, de performance des secteurs d’exportation émergents, et la stabilisation graduelle de l’environnement  économique international ont contribué à améliorer la situation extérieure du pays ces deux dernières années. Le déficit du compte courant extérieur s’est réduit et les réserves de changes se sont améliorées et sont, aujourd’hui, plus confortables. Au regard de ces développements, la dernière évaluation effectuée par nos services en février dernier indique que le dirham est en ligne avec les fondamentaux de l’économie. En d’autres termes, il n’apparaît ni surévalué, ni sous-évalué. La récente révision du panier de sa cotation ne modifie pas sa valeur et ne remet donc pas en cause cette évaluation.- Quels sont les prérequis avant d’aller vers la convertibilité totale? L’adoption d’un régime de change flottant est pour l’instant rejetée par le gouvernement.
- Bien que l’arrimage de la monnaie ait fourni à l’économie marocaine un ancrage nominal utile par le passé, un régime de change plus flexible favoriserait davantage la diversification en cours des flux commerciaux et financiers. Elle contribuerait par ailleurs à renforcer la résistance de l’économie aux chocs extérieurs. Un tel passage requiert des finances publiques saines et maîtrisées et une coordination avec les autres volets de la politique économique, en particulier la politique monétaire.
Sur le plan opérationnel, il faut notamment un marché de change suffisamment développé et liquide, des systèmes adaptés pour évaluer et gérer le risque de change, et un nouveau point d’ancrage nominal de la politique monétaire. Les autorités marocaines ont signalé leur intention de passer progressivement à un taux de change plus flexible, tout en adaptant le cadre de politique monétaire vers un système tel que le ciblage d’inflation. Le FMI appuie la préparation de cette transition en fournissant de l’assistance technique concernant les options possibles et certains aspects opérationnels, y compris la préparation d’un nouveau régime monétaire.

Profil

Masood Ahmed est directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI depuis novembre 2008. Avant, il était directeur du département des Relations extérieures du FMI, et il a occupé entre 2003 et 2006 la fonction de directeur général de l’Unité politique et du développement international au sein du département du Développement international du gouvernement du Royaume-Uni. Il avait auparavant travaillé au FMI et à la Banque mondiale dans divers domaines liés à la politique économique internationale et les perspectives économiques mondiales. Il a obtenu son diplôme d’études supérieures en économie de la London School of Economics.

Propos recueillis par
Fatim-Zahra TOHRY
 



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