mercredi 24 juin 2015

La reprise aujourd’hui des travaux de la Commission de l’enseignement, avec Rachid Benmokhtar comme tête d’affiche, coïncide avec la proclamation des résultats des examens du bac. Au cours de la première manche de cette Commission, le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle a été malmené par les députés. Au menu de cette séance de contrôle du gouvernement, les fuites des épreuves du bac. Malgré les rafales de l’opposition comme celle d’une partie de la majorité, il n’a pas jugé utile de répondre aux questions des députés, évoquant le secret de l’enquête. Le ministre s’est contenté de passer la parole à un de ses directeurs pour présenter, pendant près d’une heure et demie, des aspects techniques sur le travail de la commission chargée des examens. Sur les fuites, il a simplement noté qu’elles ont été produites par un site créé pour cette opération. Sur le fond, rien. Cela a envenimé davantage l’ambiance, avec des députés visiblement remontés contre Rachid Benmokhtar qui était accompagné de son nouveau collègue Khalid  Barjaoui, dont c’est la première sortie.
D’emblée, l’Istiqlal a réclamé la démission de Rachid Benmokhtar. «Il s’agit d’assumer la responsabilité politique du scandale du 10 juin dernier. Après cette date, vous vous êtes enfermé dans le silence et vous avez disparu des radars», a souligné le député istiqlalien Abdallah Bakkali, qui est également directeur du quotidien Al Alam. Il considère que ce scandale dénote de «l’incapacité du gouvernement et du ministère à protéger les examens». Sa virulence atteint le summum lorsqu’il martèle que «heureusement que vous n’êtes pas responsable des barrages, de la sécurité et de l’armée. Le Maroc se serait écroulé». Pour le député, «il ne s’agit pas d’une incitation comme vous l’avez affirmée. Vous multipliez les facteurs de zizanie, en politisant l’affaire des fuites des épreuves du bac comme vous l’avez déjà fait pour Massar».  
Il a été relayé par Abdallah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD, qui a reproché au ministre de l’Education nationale son retard de réactivité avec le Parlement dans ses réponses aux questions d’actualité. «Le sujet est grave. Il ne fallait pas vous dérober et cette commission devait se réunir au lendemain des fuites des épreuves du bac. Nous allons convoquer également les ministres de l’Intérieur et de la Justice». Le député n’a pas accepté que le ministre ne fournisse aucun élément sur les failles à l’origine des fuites, leurs ampleurs, les villes…
Autant de questions qui soulèvent la responsabilité politique et administrative du ministre, a martelé le chef du groupe du PJD, sans réclamer sa démission, mais sans l’exclure non plus. Tout en évoquant les quatre ministres ayant démissionné cette année, il a soufflé le chaud et le froid: «Nous n’allons pas vous demander pour le moment votre démission puisque nous n’avons pas une idée claire sur la responsabilité politique. Mais il y a des dysfonctionnements graves dans votre département». Pour lui, le ministère de l’Education est le seul à gérer les examens et n’arrive pas à le faire de manière probante. Il faudra mettre en place une commission interministérielle, présidée par le chef du gouvernement, consacrée au bac, à l’instar de ce qui se fait pour les élections.

Un passif dans les fuites

Le Maroc a une histoire avec les fuites des épreuves du bac. C’est la troisième fois que ce scandale se produit. La première édition remonte aux années 80 avec un ministre istiqlalien en charge de l’Education nationale. La deuxième fois en 2006, avec un  ministre de l’USFP. Cette fois-ci, le ministre est un technocrate dans un gouvernement conduit par le PJD.  Pour l’édition de 2006, Habib Malki, en charge de l’Education nationale à l’époque, avait réussi à contenir le scandale, limité à Meknès, par le limogeage des directeurs de deux établissements scolaires.

Mohamed CHAOUI



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